
Près de la moitié des éleveurs laitiers utilisent le lait non commercialisable pour alimenter les veaux. Mais quelle est l’influence des mammites des vaches sur la santé des veaux, puis sur le risque que ces génisses contractent une mammite à leur premier vêlage ?
D’après un sondage en ligne, deux tiers des élevages laitiers nourrissent leurs veaux au lait entier plutôt que d’acheter de l’aliment d’allaitement. 43 % des 858 éleveurs laitiers répondants nourrissent leurs veaux avec du lait des vaches traites à part, non commercialisable pour cause de comptage cellulaire élevé, de traitement ou de premiers jours de lactation. 18 % des éleveurs laitiers prélèvent dans le tank du lait entier de mélange pour le donner aux veaux.
34 % des éleveurs choisissent la poudre de lait. Parmi eux, près d’un tiers utilisent un distributeur automatique de lait (DAL), un tiers distribuent de l’aliment d’allaitement deux fois par jour et un tiers en une seule buvée par jour. Seuls 5 % des élevages choisissent des modes d’alimentation plus originaux et potentiellement moins gourmand en main-d’œuvre comme le lait yoghourtisé ou les vaches nourrices.
Quels sont les modes de distribution du lait aux veaux ?
Sondage sur Web-agri.fr en mai 2016 , 951 répondants.
Mais donner aux veaux du lait non commercialisable pour comptage cellulaire trop élevé représente-t-il une pratique à risque ? Car ce lait contient des bactéries pathogènes capables d’affaiblir l’immunité et la santé du veau. Au-delà de 800 000 cellules/ml, le lait contient davantage d’éléments solubles, d’où une moindre coagulation dans la caillette. C’est un lait peu nutritif, sans consistance qui ressemble à de l’eau sale. Le "lait marmiteux" induit des mortalités élevées, mieux vaut le jeter à la fosse. Entre 300 000 et 800 000 cellules, il est tentant de le distribuer aux veaux pour faire des économies sur l'achat d'aliment d'allaitement.
« Tous les éléments poussent à penser que donner du lait non commercialisable aux veaux n’est très pas bénéfique à leur santé. Mais reste à savoir jusqu’à quel point cette pratique peut-elle être négative ? », s’interroge Francis Serieys, du bureau d’étude Filière Blanche. En effet, les études concernant l'influence des mammites sur l'immunité transmise au veau par le lait et le colostrum sont peu documentées. Le système immunitaire reste un domaine avec de nombreuses suspicions et peu de certitudes, où la science a encore des zones d’ombres à éclaircir.
Pas de lait antibiotique
« Ce qui est sûr, c’est qu’il ne faut pas donner au veau du lait d’une vache traitée avec des antibiotiques, pendant toute la durée du traitement, mais aussi après, en respectant le délai-lait du produit. », affirme Francis Sérieys. En plus de perturber la mise en place de l'écosystème microbien dans le tube digestif du veau, les résidus d’antibiotiques dans le lait risquent d’exposer l’élevage à des problèmes de bactéries antibiorésistantes. Cela peut aussi conduire à des résidus dans la viande pendant environ 24 heures après le repas de lait contenant des antibiotiques.
Relations possibles entre les mammites des mères et la santé des veaux de la naissance au sevrage en élevage laitier :
Développer des mammites plus tard ?
Le lait de mammites contient des bactéries pathogènes qui peuvent altérer la santé immédiate du veau. Mais une génisse nourrie avec du lait mamiteux aura-t-elle plus de risques de développer des mammites quelques années plus tard à son premier vêlage? Pour l’expert, c’est probable : « par le passé on a montré qu’il est possible de retrouver au premier vêlage la même souche de bactérie Streptococcus agalactiae que l’on avait identifiée quelques années plus tôt sur les mères. On sait également que la cavité buccale des veaux peut être un réservoir de la bactérie streptocoque ubéris , responsable de mammite. Ainsi, les tétées réciproques entre veaux peuvent augmenter les risques de mammites après le premier vêlage en s’infectant mutuellement. »
« Néanmoins, la bibliographie n'apporte pas de réponse très claire sur les facteurs de risque potentiels des mammites des génisses intervenant entre la naissance et le sevrage des veaux, observe Francis Series. Et les études ne font donc pas ressortir la distribution de lait de mammites aux veaux comme un facteur majeur de risque des mammites chez les primipares. » Il ne faut donc pas forcément se focaliser dessus pour limiter les mammites. « Si, pour des raisons économiques à court terme, l'éleveur souhaite néanmoins utiliser ce lait, on peut lui conseiller de ne retenir que la fraction récoltée entre la fin du traitement et la fin du temps d'attente et de la mélanger avec le lait non commercialisable des sept premiers jours de lactation. » Par ailleurs, encore aucune étude n'a clairement mis en évidence l'influence de l'hygiène du logement des veaux jusqu'au sevrage sur l'incidence des mammites chez les génisses. Tout comme le rôle des mouches pour la période allant de la naissance au sevrage qui est possible mais n'est pas vraiment documenté.
Pas de colostrum de vache infectée
Par contre, les veaux nouveaux-nés sont très sensibles à la qualité sanitaire du colostrum. Ainsi, la distribution de colostrum issu de vaches atteintes d'infections mammaires à des veaux nouveaux-nés dépourvus de toute immunité, augmente les risques de mortalité et doit donc être proscrite. En effet, la paroi intestinale du nouveau-né pendant ses premières heures de vie est perméable aux bactéries, comme elle l'est aux immunoglobulines. « En pratique, le colostrum à retenir doit présenter une absence de grumeaux et une teneur en immunoglobulines d'au moins 50 g /L. »
Laisser le veau une journée avec sa mère ?
Un autre élément semble avoir une influence sur les mammites de la mère : le temps de séparation mère-veau. Comparant quatre modalités de séparation du veau de sa mère chez des vaches laitières à haute production, une expérience conclut qu'une phase d'allaitement par tétée avant la séparation diminue les risques de mammites chez les mères. Ainsi, lorsque les veaux étaient laissés avec leurs mères pendant 5 jours, le pourcentage de mammites atteignait 11 % des quartiers, versus 28 % (P<0,10) quand la séparation était immédiate. Une autre étude rapporte un risque d'infection mammaire significativement plus faible chez les génisses qui ont été séparées de leur mère plus d'un jour après la naissance par comparaison à celles qui ont été séparées immédiatement. « Il faudrait donc laisser les veaux au moins une journée avec leurs mères mais à condition que l'éleveur puisse surveiller la quantité et la qualité de colostrum ingéré. »
Relations possibles entre les conditions d'élevage des veaux de la naissance au sevrage et les mammites des adultes en élevage laitier :
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