Comportement. La vache réagit à une infection à Escherichia coli avant même l’expression clinique. Une équipe de chercheurs a identifié les attitudes qu’elle développe.
L
a recherche se préoccupe de plus en plus du bien-être animal. Des programmes sont mis en place pour mieux comprendre le comportement des animaux et prendre en compte leur douleur en cas de maladie. C’est ce que font ensemble les écoles vétérinaires VetAgro Sup Lyon et ENV Toulouse, l’Inra de Clermont-Ferrand et de Tours. « Les mammites sont une cause d’altération du bien-être des vaches. Au cours de travaux de l’Inra de Tours et de l’ENVT pour de nouveaux vaccins contre Escherichia coli, nous avons étudié la douleur liée à la mammite », indique Alice de Boyer des Roches, de l’UMR Herbivores Inra-VetAgro Sup. Une suspension bactérienne d’E. coli non pathogène est inoculée dans le quartier sain de la mamelle de six prim’holsteins. « Le développement de la mammite est mesuré par les comptages cellulaires et bactériens dans le lait. Parallèlement, nous avons observé leur réponse comportementale et suivi leur réponse physiologique par le taux de cortisol et d’haptoglobine dans le sang et la température ruminale. » Le premier est un indicateur du niveau de stress de l’animal, les deux autres du niveau de la réponse inflammatoire.
Soulager la douleur
Quatre phases sont identifiées.
Avant le déclenchement de la mammite. La vache est attentive à son environnement. Elle tourne la tête et alterne régulièrement les postures debout et couchée.
Phase préclinique : quatre à huit heures après l’inoculation. La bactérie se multiplie de façon exponentielle mais sans que les comptages cellulaires augmentent. « Les vaches réagissent moins à leur environnement. Elles sont abattues. Leurs changements posturaux sont moins fréquents. » Ce comportement se traduit physiologiquement par une petite hausse du taux de cortisol. « Elles ressentent un inconfort mais ne semblent pas exprimer de douleur. »
Phase aiguë : douze à vingt-quatre heures après l’inoculation. La concentration en E. Coli dans le lait est maximale et les comptages cellulaires augmentent. « Les animaux restent apathiques et changent encore moins souvent de posture. » Ils ont aussi une température ruminale et un taux de cortisol élevés. Ils sont en état de stress important. « Ils ressentent la douleur. »
Phase de rémission : après vingt-quatre heures. Leur comportement revient à la normale, tout comme leur réaction physiologique, hormis l’haptoglobine. Son niveau élevé indique que l’état de la vache reste inflammatoire. « Les vaches ne ressentent plus ni inconfort ni douleur. »
Deux conclusions sont tirées. La première : en phase aiguë, en plus de l’antibiotique, on peut administrer un anti-inflammatoire pendant deux jours pour soulager la douleur. La seconde : l’observation des animaux contribue à dépister la mammite colibacillaire avant son expression clinique. « Dans les troupeaux, on pourra s’aider d’un podomètre. »
Les anomalies génétiques qui impactent le troupeau laitier français
Le Herd-Book Charolais propose un outil pour prévoir la longévité des vaches
Les élevages bovin viande bio rentables, malgré seulement 0,05 €/kg de plus qu’en conventionnel
« Nous avons investi 1,1 M€ pour avoir une vie normale »
Les députés adoptent une série d'amendements attendus par les agriculteurs
L'Union européenne veut renforcer le soutien aux jeunes agriculteurs
Savencia et Eurial réduisent ensemble leur empreinte carbone
Forte tension sur les engrais azotés : les prix flambent en Europe
Qui sont les gagnants et les perdants de la Pac 2023-2027 ?
Comment inciter les éleveurs à se lancer en bio ?