
Témoignage. Après avoir assaini son troupeau atteint de paratuberculose grâce à l’accompagnement de GDS Bretagne, le Gaec de la Laitière s’engage dans un nouveau protocole visant à déterminer son statut vis-à-vis de cette maladie.
Quand Jean-Luc Morel a rejoint le Gaec de la Laitière, à Le Mené (Côtes-d’Armor), il a pris en charge la conduite des animaux. C’était en 2011, et le troupeau était infecté par la paratuberculose. Jean-Luc a observé plusieurs cas cliniques. « J’ai vu des vaches en pleine forme au tarissement qui ont commencé à dépérir après le vêlage. On ne pouvait pas les sauver. »
Il a pris les choses en main avec son vétérinaire et le GDS. À l’époque, le plan de lutte prévoyait le dépistage de toutes les femelles de 24 mois par prise de sang. « C’était du sport ! » se souvient Jean-Luc. Il fallait une demi-journée et quatre personnes pour y parvenir. Au début, il trouvait régulièrement 5 à 6 % de vaches positives. Il fallait les réformer en urgence car elles excrètent la bactérie et contaminent les autres. Le GDS indemnisait ces réformes anticipées. Les cas cliniques doivent être euthanasiés. Les vaches positives sans symptômes peuvent être consommées.
À partir de 2016, le protocole a évolué. Des tests PCR dans les fèces et l’environnement se sont ajoutés. Ils coûtent plus cher que la sérologie dans le sang. « Les jeunes animaux infectés mettent du temps à excréter », précise Alain Joly, vétérinaire à GDS Bretagne. Il préconise un test PCR dans leurs fèces lors de la mise à la reproduction pour identifier les contaminées. Les recherches dans l’environnement se pratiquent sur les bouses dans les couloirs de raclage des bâtiments des jeunes comme des adultes, afin d’évaluer la charge de contamination de l’exploitation.
Tout faire pour éviter la contamination des veaux
Outre ces analyses régulières durant plusieurs années, Jean-Luc a appliqué les mesures de prévention préconisées par le GDS. Il s’agit en premier lieu de protéger les jeunes. « Je sépare les veaux de leur mère immédiatement après la naissance. Je ne les laisse pas téter », explique l’éleveur.
En effet, une mamelle souillée suffit pour contaminer le veau. Et le lait peut véhiculer la bactérie. Les veaux reçoivent deux repas de colostrum puis passent au lait en poudre. Jean-Luc est aussi très vigilant sur le lavage et l’égouttage des seaux. Les niches individuelles qui accueillent les veaux durant les premiers jours sont systématiquement lavées à haute pression entre deux veaux. Il respecte un vide sanitaire entre deux lots dans les cases collectives.
Toutes ces mesures ont payé : la dernière génisse testée positive a été réformée en 2019. Mais l’éleveur veut continuer sa surveillance pour éviter une reprise de la maladie. « On peut alléger le protocole dès lors qu’aucun animal n’a été testé positif pendant deux ans », note Alain Joly.
Début 2020, GDS Bretagne a modifié sa stratégie de lutte contre la paratub. L’objectif est désormais de limiter les contaminations entre élevages, sachant que l’éradication n’est pas accessible. « Il vaut mieux connaître le statut d’un maximum d’élevages, affirme Alain Joly. Ceux dont le statut est favorable pourront le faire valoir lorsqu’ils vendent des animaux. Ceux qui sont contaminés pourront être accompagnés techniquement pour lutter contre la maladie. »
Sécuriser les mouvements d’animaux
Ce changement de protocole permettra de sécuriser les mouvements d’animaux et donc de maîtriser petit à petit la circulation de la bactérie. Jusque-là, le GDS n’accompagnait que les élevages touchés et les suivait pendant cinq ans. Il ne connaissait donc le statut que de ceux qui s’engageaient dans un plan à la suite d’un cas clinique, soit 3 à 4 % des élevages chaque année, ou environ 10 à 15 % du total compte tenu de la durée du suivi. En outre, l’accompagnement des élevages infectés coûte cher. GDS Bretagne préfère réorienter ces budgets vers un système plus efficace sur les plans individuel, collectif et dans la durée.
La lutte contre la paratub n’est pas obligatoire et un élevage contaminé peut vendre des animaux. Or, on estime que la bactérie est présente dans 60 % des troupeaux laitiers. Pour lutter efficacement contre sa propagation, il faut les identifier. Désormais, GDS Bretagne propose donc aux éleveurs de déterminer leur statut. Plusieurs outils disponibles à la carte répondent à des objectifs divers.
Déjà près de 1000 élevages sont entrés dans ce processus. Une seule analyse du lait de tank permet de déceler la bactérie si au moins 10 % des vaches sont infectées. Un résultat positif confirme la présence de la bactérie. Mais un résultat négatif ne permet pas d’affirmer son absence. De ce fait, il faut cinq à six ans pour déterminer le statut avec cette méthode.
Jean-Luc a opté pour un suivi un peu plus serré, avec des analyses sur le lait individuel, trois fois par an. Cette option est facilement accessible par le biais d’Innoval, une société créée par GDS Bretagne, BCEL Ouest et Évolution. Ce sont les échantillons de lait prélevés pour le contrôle de performances qui sont testés pour la paratub, ce qui réduit les coûts. Et c’est nettement plus pratique que les prises de sang. « La répétition des analyses trois fois par an compense la moindre sensibilité des recherches sur le lait par rapport aux prises de sang », précise Alain Joly. Selon la méthode choisie, on pourra affirmer, au bout de deux ou trois ans, que l’élevage est probablement non infecté. GDS Bretagne et les GDS du Grand Ouest délivreront des attestations de cheptel valables un an. Les acheteurs d’animaux pourront donc, à terme, s’assurer qu’ils achètent des animaux issus d’élevages indemnes, ce qui constitue un net progrès et devrait ralentir la diffusion de la maladie.
Les élevages présentant un statut défavorable se verront proposer un accompagnement technique par GDS Bretagne, et choisiront entre différentes options. Un audit des conditions d’élevage des veaux vise à mieux les protéger. Des analyses (sang, lait, bouses) permettront d’évaluer la situation de l’élevage et de repérer les animaux contagieux qu’il faudra éliminer.
Des progrès attendus grâce à la génétique
Avec ce nouveau protocole, les conditions de prise en charge par GDS Bretagne sont également modifiées. Seules les analyses destinées à connaître le statut de l’élevage seront financées par l’organisme. Le reste sera à la charge de l’éleveur. Les plans en cours se poursuivent sans changement. Pour Jean-Luc, cet aspect financier ne constitue pas un problème. « Le GDS est le partenaire dont j’ai besoin pour maîtriser la santé de mon troupeau. Il ne s’agit pas d’une charge. » D’autres pistes pour lutter contre la maladie vont s’ouvrir grâce à la génétique. Un programme de recherche est mené par plusieurs équipes de l’Inrae, les GDS notamment ceux du Grand Ouest, l’Unceia, Apis-Gene et Oniris sur la race prim’holstein, qui semble avoir un gène de résistance.
« Ensiler 38 ha de maïs, c’est rentrer l’équivalent de 75 000 € de stock »
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Maïs fourrage : « Un silo mal tassé monte rapidement à 15 % de freinte »
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
Quelle évolution du prix des terres en Bretagne en 2024 ?
Facturation électronique : ce qui va changer pour vous dès 2026