L’analyse avant la visite en cas de mammites

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Hygiène de traite.
Hygiène de traite. (©g.bosquet)

Traitement adapté. La précision des enregistrements de l’éleveuse et une visite de l’élevage bien préparée par le vétérinaire ont permis d’établir le bon modèle de lutte pour un résultat rapide.

Une éleveuse contacte notre cabinet pour des mammites en surnombre et des résultats cellulaires très dégradés depuis plusieurs mois. Le pourcentage mensuel de vaches en dessous de 300 000 cellules est toujours inférieur à 85 % depuis douze mois et 65 % de mammites cliniques ont été notifiées sur le registre d’élevage. Sur place, le ras-le-bol et la démotivation face à cette situation sont flagrants. L’éleveuse, adhérente au contrôle laitier, enregistre scrupuleusement les événements sanitaires de façon exhaustive. Je lui propose donc de réaliser une analyse épidémiologique, associée à des analyses bactériologiques systématiques des cas de mammites cliniques quelle que soit leur caractéristique. Une visite d’élevage est programmée dans la foulée.

Un outil pour agir vite

Un tableau Excel avec les données à extraire sur l’année 2017 est proposé et envoyé par courriel à l’éleveuse : numéro de la vache, date de vêlage, date de l’épisode de la mammite clinique, rang de lactation, comptages cellulaires trois mois avant la mammite clinique et trois mois après, mention du traitement par voie générale ou non.

Ce tableau vierge est fourni le dimanche matin et récupéré le mercredi soir. L’analyse épidémiologique est réalisée le jeudi soir, juste avant la visite d’élevage prévue le lendemain à la traite du matin. La restitution du plan d’action a eu lieu quinze jours après.

L’analyse sanitaire du troupeau

L’analyse épidémiologique donne les éléments suivants.

67,33 % des vaches ont une concentration cellulaire individuelle moyenne sur l’année inférieure à 300 000 cellules par millilitre. Un état sanitaire correct se traduirait par un niveau de 85 % et plus.

La concentration cellulaire du lait de tank est en moyenne de 450 000 cellules par millilitre. La norme satisfaisante et sécurisante est de 200 000 cellules par millilitre, voire un peu moins sans tri de lait.

65 cas de mammites cliniques sont enregistrés sur un an sur 100 vaches et 10 % sont considérés comme graves. Nous nous sommes appuyés sur la mise en place d’un traitement par voie générale. Cela n’est pas forcément vrai pour chaque cas. 30 % de cas cliniques et 20 % de vaches touchées caractérisent un élevage rentrant dans les normes.

35 % des vaches présentant des mammites cliniques ont une concentration cellulaire individuelle supérieure à 300 000 cellules avant l’épisode clinique. Cela signifie que la majorité des vaches exprimant un épisode infectieux sont saines et n’ont pas d’historique cellulaire. En d’autres termes, ce ne sont pas des vaches à cellules qui font des mammites mais des vaches saines.

Le taux de guérison en lactation est de 45 %. Celui-ci est apprécié par le pourcentage de vaches à concentration cellulaire individuelle inférieur à 300 000 entre 30 et 60 jours après l’épisode infectieux. Ce taux est faible.

L’indice de guérison en période sèche est de 75-80 %. Il correspond au pourcentage de vaches infectées juste avant le tarissement et guéries au moment du vêlage. Ce chiffre est bon, voire très bon. Il donne l’information qu’il s’agit de streptocoques ou de colibacilles, car les staphylocoques ont un indice de guérison beaucoup plus faible.

L’indice de nouvelles infections en période sèche et peripartum est de 20-24 %. Il correspond au pourcentage de vaches saines au tarissement et infectées pendant la période sèche.

En analysant ces différents critères, le résultat indique un modèle mixte avec une prédominance de Streptococcus uberis. Les résultats des quatre analyses bactériologiques ont identifié deux Streptococcus uberis sur quatre prélèvements dont un était polycontaminé.

Cette conclusion s’explique par la « cohabitation » de résultats cellulaires dégradés et un nombre de mammites cliniques important. Les autres critères viennent affiner le diagnostic troupeau vers un Streptococcus uberis. Pour schématiser, des cellules sans mammites correspondent à un profil staphylocoque et des mammites sans cellules correspondent à un profil colibacille.

Nous sommes donc partis en visite d’élevage avec une vision de l’exploitation assez claire.

L’observation de la traite donne les éléments suivants. Globalement, les éleveurs connaissent bien les pratiques de la technique et de l’hygiène de traite. Néanmoins, la faible qualité de l’éclairage dans la salle de traite ne permet pas une analyse satisfaisante, que ce soit de l’examen des premiers jets, la qualité du prémoussage et du post-trempage. Les griffes sont régulièrement tirées vers le côté du fait d’un mauvais positionnement des tuyaux longs à lait, ce qui favorise le phénomène d’impact sur les sphincters. Autre élément : nous constatons qu’un des trayeurs du Gaec provoque un très grand stress. Les animaux sont apeurés, ne se laissent pas manipuler, ou mal, les trayons. De ce fait, la mise en pratique des gestes de base de la traite est impossible : nettoyage, désinfection avant la traite, position des manchons trayeurs avec des perturbations du vide sous le trayon, post-trempage inexistant ou partiel, etc.

La visite du bâtiment a montré un manque de place s pour les animaux (5 m2 d’aire paillée par vache, il en faudrait 10 m2) et un défaut important de ventilation par absence d’entrées et de sorties d’air. Cela permet d’expliquer des notes de propreté défavorables pour les vaches observées (en moyenne 1,25-2).

Antibiotiques à spectre étroit et obturateurs

La restitution de la visite d’élevage a mis en exergue des points importants et originaux, comme le manque de luminosité, bien perçu mais subi (la personne qui trait n’étant pas celle qui faisait potentiellement les réparations) et le stress important apporté par le trayeur occasionnel.

D’autres points plus précis tant au niveau de l’hygiène de traite que du bâtiment ont été abordés : pré et post-trempage, position des griffes, etc. Les protocoles de soins des mammites cliniques en lactation et au tarissement ont été améliorés. Des spécialités antibiotiques à spectre plus étroit visant les streptocoques ont été prescrites. Des obturateurs internes de trayons ont été ordonnés sur les animaux sains, et sur les animaux infectés, ils ont été associés à des spécialités actives contre les streptocoques.

Un tarif très bien accepté

À la fin des échanges, je me suis permis d’aborder le coût du service qui n’avait été discuté à aucun moment de l’intervention. Alors que le prix du service est abondamment commenté et présenté comme un frein énorme, dans cet exemple, ce ne fut jamais le cas : l’éleveuse était motivée, la présentation et les caractéristiques du service très claires.

À titre d’information, la prestation a été facturée 643,50 € HT, hors déplacement et analyses.

AVEC FLORINE SAVOYET, ÉTUDIANTE VETAGRO-SUP

© Gérard Bosquet - Hygiène du bâtiment. La ventilation du bâtiment est insuffisante. Elle est matérialisée ici par un fumigène. Gérard Bosquet

© Gérard Bosquet - Technique de traite.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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« L’IA ne remplace pas notre métier, elle le facilite »

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