A Neumark près de la ville de Weimar, dans l’ancienne Allemagne de l’Est, l’exploitation Berlstedt fait partie des ténors de la production laitière européenne. Avec 1.600 vaches, 3.900 hectares et 65 salariés, il n’y a pas de place pour l’improvisation.
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Tel un chef d’orchestre, Manuel Geyer rythme la cadence des employés et le ballet incessant des 1.600 vaches qui se rendent à la traite jour et nuit. Il est l’un des trois managers de la ferme Berlstedt dans le land de Thuringe en Allemagne . Manuel est en charge du troupeau et des 35 trayeurs, vachers, soigneurs de veaux, conducteurs de mélangeuses, inséminateur, vétérinaire, mécaniciens, électriciens,… qui travaillent de concert à produire 43.000 litres chaque jour, soit 15,7 millions de litres par an.
Mettre 120 propriétaires à l’unisson
Cette ferme d’ex-Rda comptait déjà près de 500 vaches avant la réunification des deux Allemagne en 1990, puis elle a augmenté crescendo son cheptel pour atteindre actuellement 1.600 Prim’holsteins. La ferme emploie 65 personnes et s’étend sur près de 4.000 hectares de terres labourables, essentiellement du maïs fourrage, de la betterave, de l’orge et du blé, mais pas d’herbe comme dans le nord ou le sud du pays.
L’exploitation appartient à plus de 120 propriétaires de la région, un héritage de la privatisation des terres après la période communiste . « Les propriétaires sont co-décisionnaires de la ferme qui leur verse des dividendes, mais il n’y a pas de gros investisseurs », précise l’éleveur allemand. Outre-Rhin, les très grandes exploitations ne font pas vraiment l’objet de débat politico-médiatique, mais ce sont davantage les conditions de bien-être animal qui suscitent des polémiques.
Une journée bien rythmée
Les vaches en lactation sont réparties dans trois bâtiments attenants à la salle de traite. L’ancienne étable a été démolie pour y reconstruire une nurserie d’une capacité maximale de 300 veaux en niches individuelles pendant une semaine puis en cases collectives jusqu’à six semaines où ils sont nourris au distributeur automatique de lait (Dal) Urban pour 15 à 20 veaux par station. Les génisses ne sont pas élevées sur la ferme, elles partent une fois sevrées. Une autre stabulation récemment construite accueille les vaches taries et les génisses qui reviennent deux mois avant le vêlage.
La journée est bien rythmée : la traite débute à 7h et se termine dans la nuit vers 4 heures du matin. Dans cette "usine à lait", trois équipes de cinq personnes se relaient jour et nuit pour traire et déplacer les lots de vaches, un salarié est responsable d’équipe. Chaque équipe compte au moins trois trayeurs, un convoyeur de vaches, une personne à l’alimentation, une autre pour les veaux et les vêlages. La plupart des ouvriers sont de nationalité allemande. L’équipe de jour est plus nombreuse, avec un vétérinaire et son assistant, des vachers pour l’alimentation et l’entretien des logettes. L’alimentation de l’ensemble du troupeau dure quatre heures : elle commence à 5h30 du matin et a lieu deux fois par jour. Entre 10h et 14h, les vachers se consacrent au nettoyage des logettes.
La salle de traite 2*30 bât la mesure
La salle de traite DeLaval de 2*30 postes Tpa est particulièrement originale : le lait de chaque poste descend dans une salle en sous-sol, sous la fosse, ce qui permet l’entretien et la désinfection facile de la tuyauterie et des compteurs individuels. Cette salle des machines souterraine, réduit aussi le bruit des pulsations pour les trayeurs. Réalisée il y a quatre ans, cette salle de traite a été préférée au roto, afin d’avoir plus de temps pour laver les mamelles, tirer les premiers jets et réaliser le trempage en fin de traite. En effet, Manuel tient à ce que ses équipes soient particulièrement vigilantes sur la détection des mammites, des chaleurs ou des troubles de la santé.
Les premiers jets sont tirés sur les 12.000 trayons qui défilent chaque jour. Si le trayeur juge que la vache doit être séparée pour cause de mammite ou de chaleur (confirmée par les colliers détecteurs d’activité DeLaval) il appuie sur un des boutons du poste de traite qui actionnera ensuite la porte de tri dans le couloir de sortie afin de diriger la vache vers le lot des vaches à mammites ou de celles à inséminer. Pour cela, Manuel utilise le logiciel de gestion de l’entreprise allemande Dsp Agrosoft, compatible avec le Delpro de DeLaval.
Composer des groupes pour éviter les fausses notes
La gestion sanitaire et alimentaire est rigoureuse. Résultats : les vaches malades sont relativement peu nombreuses et la longévité dépasse les trois lactations de moyenne par vache. Seule la fertilité des vaches multipares pèche un peu avec une moyenne de 2,7 inséminations par IA fécondante. Il faut dire que le niveau de production est plutôt élevé : 10.300 kg de lait/VL en moyenne à 41 de TB et 35,5 de TP.
Manuel Geyer établit lui-même les rations des huit groupes de vaches :
- Les génisses en fin de gestation et vaches en début de tarissement
- Les génisses et taries 40 jours à 14 jours avant vêlage
- La préparation au vêlage de 14 jours jusqu’au vêlage
- Les fraîches vêlées durant 40 jours qui suivent le vêlage
- Le hautes productrices > 38 kg/j
- Les bonnes productrices entre 32 à 38 kg/j
- Les vaches moyennes entre 25 à 30 kg/j
- Le groupe bas, en fin de lactation, autour de 20 kg/j et moins
La ration de base est composée d’ensilage de maïs plante entière, d’ensilage d’orge d’hiver, de pulpe de betterave, d’orge, de tourteaux de soja (2,2 kg) et de tourteau gras protégé. Les hautes productrices ingèrent 25 kgMS/VL/j et reçoivent un complément en soja, maïs corn feed, blé et orge. Le coût alimentaire moyen oscille entre 17 et 18 centimes par kilo de lait.
Manuel mise sur la prévention avec une préparation au vêlage très suivie. « C’est plus rentable et ça prend moins de temps de nourrir précisément différents groupes de vaches que de devoir soigner un grand nombre de métrites, de caillettes ou de mammites », fait-il remarquer. Les vaches dans le groupe des hautes productrices (> 38 kg/j) ne sont pas inséminées tant qu’elles ne sont pas redescendues dans un groupe à niveau de production plus faible. Et dans le groupe le plus bas des vaches à 20 kg de lait, ne doit se trouver que des vaches gestantes, les autres sont systématiquement réformées.
Le couloir de tri automatique ainsi que la conception des bâtiments parallèles reliés par un couloir perpendiculaire menant à la salle de traite, facilitent grandement le déplacement d’une vache d’un groupe à l’autre. Avec un tel cheptel, la ferme est équipée d’un espace infirmerie, d’une aire paillée, de cages de parage et de contention pour les soins et les inséminations ainsi que d’un pédiluve simple à deux bacs qui reste peu utilisé. « Les boîteries ne sont plus un problème depuis que les matelas de l’ancienne étable ont été supprimés et que l’ensemble des vaches couchent dans des logettes creuses paille-chau x », affirme le manager du troupeau. Ces logettes sont remplies deux fois par mois d’un mélange de 400 kg de paille avec 800 kg de carbonate de calcium pour 1.000 litres d’eau dans un bol mélangeur qui ne sert qu’à cet usage.
Le biogaz harmonise le prix du lait
Pas de caillebotis, le lisier est raclé et se déverse dans l’unité de méthanisation qui engloutit également 4 tonnes de maïs chaque jour. D’une capacité de 600 kW électrique, l’installation de biogaz rapporte 15 % du chiffre d’affaires de l’exploitation, soit 0,02 à 0,03 € par kilo de lait. En avril 2015, le prix du lait vendu ne dépassait pas 0,28 €/kg.
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