Rumination. Le repos couché doit être la principale activité de vos animaux. C’est la position idéale pour qu’ils ruminent de façon efficace. La station debout doit être évitée à tout prix.
Le couchage fait partie des huit points clés du succès technico-économique des élevages de vaches laitières (voir L’Éleveur laitier n° 253, décembre 2016). C’est même l’activité principale des vaches productives, qui devraient passer de douze à quatorze heures couchées, en une dizaine de périodes de repos de une à deux heures, réparties sur la journée (voir LEL n° 255, février 2017).
Chaque période de couchage (et de rumination associée) qui suit un petit repas, avec ou sans passage à l’abreuvoir, permet de valoriser la ration ingérée, avec une bonne stabilité, donc une bonne efficacité du rumen. Quand la vache est couchée, le débit sanguin qui irrigue sa mamelle est augmenté et donc la production laitière avec. Il n’y a pas de surpression dans les sabots et le sang circule facilement dans le vif qui apporte les nutriments nécessaires à la pousse et à la bonne santé des onglons.
De plus, les pieds sont au sec si la ventilation du bâtiment est correcte, et le développement des principales boiteries infectieuses (fourchet et dermatite digitée) est évité. Les problèmes de couchage sont très fréquents et les plus conséquents (sous-production, boiteries…) dans nos fermes, notamment celles équipées de logettes.
Les investissements dans un meilleur couchage sont toujours et rapidement rentables, à tous points de vue : le repos couché devrait être la première activité de tous vos animaux, que ce soit vos laitières, vos taries ou vos génisses. C’est votre principale responsabilité d’éleveur, mais aussi un levier technico-économique fondamental, souvent sous-estimé ou pris en compte tardivement. Dans les situations dégradées (boiteries), l’amélioration du système de couchage est la priorité fondamentale, du côté de la prévention, comme le parage curatif, ou fonctionnel du côté du traitement. Il est illusoire de corriger l’un sans prendre l’autre en compte.
Ce qu’en disent vos vaches
Les défauts de couchage provoquent au moins deux types de problème
Des problèmes sanitaires : des lésions sur la peau, au niveau des reliefs osseux ou articulaires des membres, en particulier, dépilations, enflures, voire escarres, sur les côtés des jarrets (tarsites), plus rarement aux grassets, et devant les genoux pour les antérieurs. Mais les maladies cliniques ou subcliniques les plus caractéristiques de la station debout prolongée par défaut de couchage sont au niveau des pieds :
- lésions de congestion de la sole : hémorragies plus ou moins localisées de la corne de la sole (bleimes), les ulcères de la sole, et leur évolution en « cerise ».
-maladies infectieuses : fourchet et dermatite digitée (Mortellaro).
La sous-production due aux défauts de couchage est difficile à évaluer, relative aux différents potentiels en présence (génétique, ration, en particulier valeur des fourrages…), mais il est désormais reconnu qu’une heure de couchage en moins équivaut à 1 kg de lait produit en moins (jusqu’à 1,7 kg selon les élevages).
Les indicateurs de comportement
Ils sont particulièrement nombreux et bien étudiés en ce qui concerne le couchage, bien que mal nommés, pour certains, en anglais.
Le plus général renseigne sur l’emploi du temps des vaches, le vrai « score de confort », nommé score d’utilisation des couchages (stall use index) : il compare le nombre de vaches couchées au nombre de vaches qui devraient être couchées (celles qui ne mangent pas et qui ne se déplacent pas). Comme nous l’avons déjà vu (L’Éleveur laitier de février 2017), un tiers des vaches devraient « normalement » être à l’auge si elle est convenablement gérée, les autres couchées, soit les deux tiers des vaches présentes entre les traites. Ce score est adaptable à tous les élevages, logettes ou aires paillées, entravées ou libres, robot ou traite conventionnelle avec, bien sûr, des interprétations différentes relatives à l’emploi du temps des animaux dans ces différents systèmes.
L’autre score comportemental internationalement reconnu est le cow confort index, le score d’ergonomie des logettes. Il compare le nombre d’animaux normalement couchés dans leurs logettes, avec la totalité des animaux utilisant les logettes : couchés normalement + debout les quatre pieds dans la logette + perchés les deux pieds dans le couloir. Ajoutez aussi les animaux « perchés couchés », le train arrière dans le couloir (cas extrêmes).
Nous avons vu dans une « Question d’éleveur » en juillet dernier, que l’on pouvait tolérer quelques vaches debout, les quatre pieds dans leur logette, selon l’heure et les conditions d’élevage.
Mais toute vache utilisant une logette devrait y être couchée et se reposer confortablement, idéalement moins d’une minute après son arrivée. Dans votre élevage, selon les conditions, avant et après modifications, ces scores (confort « théorique » idéal 100 %, recommandations habituelles > 80 %) vous permettent d’évaluer l’évolution de la situation, à condition de compter vos animaux aux mêmes moments de la journée.
On peut citer un troisième index : il s’agit de la proportion d’animaux se couchant en dehors des couchages (couloirs, aire d’exercice). Cela peut s’expliquer par un nombre de couchages insuffisant, et là, l’interprétation est facile. Mais si des logettes sont libres, des vaches couchées dans les couloirs signent de façon caractéristique un défaut d’ergonomie. Peut-on même tolérer le seuil admis de 3 % ?
Dans certains élevages, les animaux sont équipés de capteurs connectés (des podomètres le plus souvent) pour connaître à chaque instant le nombre de séquences de couchage quotidien, la durée de chaque « sieste » et, pour chaque animal ou pour le lot, le bilan journalier du temps de couchage. Des informations particulièrement intéressantes… Pour autant, il s’agit d’un résultat brut, et l’œil de l’éleveur reste indispensable à l’interprétation.
Observez, comptez, notez tous les comportements quotidiens de vos animaux, tout ce qui vous paraît anormal, même et surtout si c’est « habituel ». Souvenez-vous qu’une vache « normale » ne rumine de façon très efficace que quand elle est couchée : si elle rumine debout, c’est que vous la contraignez, mais si des couchages sont disponibles et qu’un nombre important (plus de 10 %) d’animaux choisit de rester debout, vous devez vous interroger sur l’ergonomie des logettes et si elles sont en nombre suffisant.
Mettez-vousà leur place
Se mettre à la place d’une vache qui se couche est évidemment difficile, eu égard à votre corpulence et au fait que vous évoluez sur deux pattes ! Il vous faut donc connaître les particularités des comportements de « coucher » et de « relevé » de ces quadrupèdes massifs (voir infographie).
Gardez bien en mémoire qu’en logettes, pour être efficace, une vache fera quotidiennement plus de dix séquences de couchage, donc plus de vingt mouvements de relevé ou de coucher chaque jour (test des genoux). Au bilan, elle devrait rester douze à quatorze heures au même endroit, sans être gênée, à se reposer, les cuisses et les flancs bien au sec (test du seat in) et à respirer de l’air frais (ventilation du côté de la tête), en confiance parmi ses congénères.
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