
Troupeau. Si au moins 60 % des vaches à l’étable (hors traite et contention) se reposent couchées, et qu’un tiers mangent ou boivent, votre troupeau est en situation pour donner le meilleur de lui-même.
une laitière ne peut donner le meilleur d’elle-même que si elle est dans des conditions de logement confortables, comme nous l’avons déjà vu dans un premier rendez-vous (L’Éleveur laitier de décembre 2016). Mais encore faut-il que la façon dont s’organise son emploi du temps autour des différents postes de son logement (systèmes de couchage, d’alimentation, d’abreuvement, de circulation, d’exercice, de traite…) soit, elle aussi, optimale.
Le repas normal d’une vache normale dure trente minutes
Prenons la situation idéale de vaches en stabulation libre, traites de façon conventionnelle deux ou trois fois par jour, avec des couchages confortables et toujours disponibles, une auge facile d’accès, une ration complète à volonté, des abreuvoirs nombreux et débitant suffisamment une eau propre et fraîche. Dans ce contexte, le repas normal de la vache normale dure environ une demi-heure. Elle ingère tranquillement 2 à 3 kg de MS (vitesse d’à peu près 80 g/min, soit 4 à 5 kg par heure), tout en salivant déjà abondamment (0,2 l/min, soit environ 6 l de salive par repas).
Lorsqu’elle a fini de manger, si elle passe à proximité d’un abreuvoir, elle y reste quelques minutes, trempe calmement le bas du mufle dans l’eau et aspire à gros débit une dizaine de gorgées d’un litre en quarante secondes environ.
Son abreuvement terminé, elle se dirige vers le couchage et là, après moins d’une minute, s’allonge en quelques secondes, pour une période de repos de durée variable : une heure environ en logettes matelas, une heure et demie en logettes creuses ou en aire paillée. Pendant cette pause, elle pourra changer de côté plusieurs fois, se relever momentanément pour bouser ou uriner et connaître de courtes périodes de sommeil profond (pertes de conscience, mouvements involontaires des mâchoires ou des yeux, rêves ?). Les périodes de rumination s’intercalent rapidement après le couchage et durent cinquante à quatre-vingts minutes par sieste. La vache donne environ 60 coups de mâchoire par bol de rumination en une minute. La salive produite pendant la rumination est très abondante : 0,25 litre/min, soit 15 litres par période de repos comprenant une heure de rumination. Puis la vache peut se relever, boire ou commencer un nouveau repas. Le cycle de base d’une laitière normale et efficace comprend donc : un petit repas, un ou deux passages à l’abreuvoir et une bonne sieste ! Au bilan, en un peu moins de deux heures, elle a ingéré 2 à 3 kg de MS, produit plus de 20 litres de salive et avalé autant d’eau. Les conditions des fermentations ruminales sont alors optimales (85 % d’eau, apports des tampons salivaires au fur et à mesure des fermentations microbiennes et de la production des acides gras volatils) et le pH ruminal quasi stable durant toute la période à quelques dixièmes d’unités près (voir infographie). Au bilan, tout dépend de la régularité et de la qualité de ces cycles de base et du nombre de cycles que la vache sera capable d’enchaîner sur la journée… qui se limite à vingt-quatre heures !
De nombreuses études dans des fermes laitières, aux États-Unis, en Europe du Nord, dans le Grand Ouest ou dans les monts du Lyonnais, font état de hui à plus de dix cycles de base par jour, pour une ingestion totale quotidienne de 20 à 30 kg de matière sèche, une production de 20 à plus de 80 kg de lait, donc une efficacité alimentaire de 1 à 1,6 pour les holsteins ou montbéliardes (ingestion moindre, mais efficacité alimentaire plus élevée pour les jersiaises).
Une vache à 30 litres équivaut pour un homme à courir un semi-marathon par jour
T outes les perturbations de cet emploi du temps optimal correspondent à de l’inconfort. Les vaches ne valorisent pas correctement le temps disponible à l’expression de leur potentiel génétique, à la production et à la santé. Les causes le plus souvent observées à la ferme sont :
- un temps de couchage insuffisant. Les animaux ne se reposent pas à la mesure de leur besoin : une laitière produisant 30 litres dépense le triple de ses besoins d’entretien. Cela équivaut chez un homme à un semi-marathon par jour !
- de longues périodes de station debout, inutiles et surtout néfastes à la santé des pieds, les boiteries augmentant l’inconfort ressenti par les animaux ;
- des anomalies de l’ingestion, en particulier de gros repas, peu nombreux. Le fonctionnement digestif peut être perturbé si de gros repas espacés par de longues périodes de jeûne provoquent des variations brutales et intenses du pH ruminal, qu’on pourrait nommer « instabilité ruminale », quelle que soit la composition de la ration, et que l’on nomme souvent et à tort « acidose » !
Ce que disent vos vaches
Les perturbations de l’emploi du temps optimal provoquent trois types de problèmes, indicateurs de l’inconfort.
Des problèmes de santé, des maladies ou des lésions
Ils sont nombreux et nous les passerons en revue au fur et à mesure des articles suivants. Les plus typiques en matière d’emploi du temps sont les lésions de boiteries par congestion de la corne de la sole (hémorragies, ulcères, « cerise ») qui traduisent une durée exagérée de station debout, qu’elle soit contrainte (traite, contention), suggérée (distribution de la ration…) ou « choisie » par les animaux (défauts d’accès ou d’ergonomie des couchages, surface insuffisante…).
Des problèmes de sous-production, de performances sous-optimales
Le couchage étant prioritaire chez les vaches laitières, la durée globale du couchage est toujours corrélée positivement au lait produit. Toutes choses étant égales par ailleurs, on peut considérer qu’une heure de couchage en plus permet de produire 1 kg de lait de plus par jour. Les vaches vont ingérer légèrement plus, mais c’est l’amélioration de l’efficacité alimentaire qui fera la différence !
Des modifications comportementales
Elles sont faciles à observer et précoces.
« L’index de confort » est la proportion de vaches couchées dans les logettes par rapport à l’ensemble des animaux dans les logettes (couchées + debout + perchées).
« L’ index d’utilisation des couchages » se calcule en comparant le nombre d’animaux correctement couchés par rapport à tous ceux qui ne mangent pas, qui ne boivent pas et qui ne se déplacent pas (c’est-à-dire le total de ceux qui devraient être couchés).
L’observation des animaux à l’auge, debout en logettes, de leurs mouvements de relever et de coucher permettra de comprendre le pourquoi du comment. Nous reparlerons du couchage en particulier dans les prochains mois.
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