Ce qui nous arrive aujourd'hui est d'abord une conséquence des accords de l'OMC signés à Marrakech en 1994. L'Europe a accepté d'inclure l'agriculture dans la négociation, en contrepartie d'une baisse des tarifs douaniers sur les services. Le négociateur européen était Jacques Delors, un homme de gauche donc, que l'on ne peut pas accuser de libéralisme. Mais l'Europe est la première exportatrice de services : Jacques Delors n'a pas voulu sacrifier ce secteur riche en emplois au nom des intérêts des agriculteurs
N'espérons pas dénoncer ces accords. D'ailleurs, la phase terminale va s'appliquer en 2015 : c'est l'accord du Luxembourg, signé en 2003, qui prévoit la suppression des quotas en 2015. Et les négociations à l'OMC vont reprendre et sans doute en remettre une couche sur la baisse des tarifs douaniers. La situation deviendra difficilement gérable pour nos industriels, qui seront en concurrence avec des groupes nordiques, cherchant naturellement à valoriser sur des marchés de proximité les pourcentages de quotas supplémentaires octroyés par Bruxelles.
Le constat est donc simple : nous subissons des contraintes réductrices, qui nous imposent une adaptation dans l'urgence. Notre situation est assez préoccupante avec 9 % de sous-réalisations. Une exception française, dont on se passerait bien. À moins qu'on ait un plan B mais ça, on nous a déjà fait le coup et on l'attend toujours.
Maintenant, quelles sont les priorités ? D'abord, préserver nos entreprises en évitant au maximum que leur approvisionnement soit à un tarif supérieur à celui de nos concurrents d'Europe du Nord. Ceci peut nous permettre de reconquérir les rayons. Il faut restructurer la transformation et organiser nos forces de vente et d'innovation qui sont vitales pour nous, producteurs.
Ensuite, il faudra bien reconnaître l'échec de la loi d'orientation agricole qui a empêché la restructuration laitière dans les régions de l'Ouest qui en ont besoin. On atteint les limites du dirigisme de nos CDOA qui ont une vision trop locale et occultent complètement les contraintes européennes. Résultat des courses : on a pris un retard conséquent dans la compétition que nous imposent nos concurrents du Nord.
Il faut bien retenir la leçon : « Le prix du lait, ça se gagne sur le marché » et certainement plus en secouant les grilles des préfectures. En effet, il faut comprendre qu'on se dirige à grand pas, vers une baisse des aides européennes versées au titre du premier pilier de la Pac, avec des répercussions sur la viabilité future de nos élevages. Où en est la réflexion ? Que ferons-nous ? On demandera des aides à des États englués dans leur dette et occupés à résorber leur déficit budgétaire ? Enfin, reconnaissons que l'Europe a prévenu longtemps à l'avance de sa réforme. Quant à nos responsables professionnels, ils ne peuvent pas en dire autant. Alors, de grâce, soyons lucides et mobiles et n'ayons pas peur de faire évoluer les volumes produits, c'est incontournable à l'avenir.
UN ÉLEVEUR DU MAINE-ET-LOIRE
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