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S'installer en bovins viande 4 700 € d’actif immobilisé pour 1 000 € d'EBE : un capital énorme à financer

Le foncier et le cheptel font grimper le capital à investir pour une installation en bovins viande. (©Terre-net Média)

Encore plus qu'en lait, la filière bovin viande peine à renouveler ses éleveurs, dont une proportion encore plus élevée a plus de 50 ans. Il faut dire que l'importance des capitaux à reprendre (1 300 € de plus/1000 € d'EBE qu'en vaches laitières), en particulier le foncier et le cheptel, font que les exploitations, de taille croissante, sont de plus en plus difficiles à transmettre. Toutes les solutions de financement doivent donc être explorées. Le point, chiffres à l'appui.

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Le contexte de l'installation en bovins viande 

- un vieillissement des producteurs : autour de 50 % ont plus de 50 ans. 10 % des éleveurs en activité ont même plus de 62 ans et seuls 20 % ont moins de 40 ans. Les producteurs de plus de 50 ans possèdent 48 % du troupeau allaitant français ;

- une baisse des candidats à l'installation.

Et plus variés, moins orientés vers la croissance en volume et l'engraissement, avec des troupeaux de taille modérée, de la pluriactivité…, mais plus difficiles à mener en hors cadre familial. 

Source des chiffres : "Installations et main-d’œuvre en élevage de ruminants : quelles évolutions ?", idele.

Les atouts/enjeux et les freins 

Préserver l'installation en bovins viande est essentiel à la valorisation de notre territoire et des nombreuses surfaces en herbe. Il s'agit aussi de sauvegarder la filière allaitante et un grand nombre d'emplois en amont comme en aval des élevages.

Mais les freins sont multiples :

Pour 1 000 € d’EBE, il faut 4 700 € d’actif immobilisé hors foncier en bovins viande, contre 3 400 € en bovins lait et 2 000 €  en grandes culture.

Conséquence : les éleveurs vieillissent, investissent peu, extensifient, simplifient.

Comment réussir son projet ?

Afin de donner des repères chiffrés aux jeunes qui veulent s'installer en bovins viande, la chambre de l'agriculture de Bretagne a conduit une étude sur 12 ans (durée correspondant à celle des prêts). 

En préalable, elle tablait sur une marge de sécurité de 5 000 €, égale à 10 % de l’EBE, un solde de trésorerie > 0, et un objectif de prélèvement privé, atteint, de 13 500 €/an (≈ 1 Smic).

Trois scénarios de reprise du cheptel ont été proposés :

- Reprise complète : 62 mères, 27 génisses de 2 ans, 31 génisses de 1 an, 31 broutardes et 30 broutards pour un montant de 253 000 €. La reprise de 362 613 € comporte aussi 109 000 € de matériel, bâtiments et stocks à la valeur comptable. Une modalité complémentaire a été testée pour un montant augmenté de 100 000 € à 462 613 €. Le foncier est loué.

- Reprise du cheptel de souche : 47 vaches, 15 génisses pleines, 10 génisses de 18 mois et 10 broutardes, avec une augmentation interne et un rythme de croisière au bout de la 4e années d'installation.

- Achat de trois lots de 30 broutardes. Le rythme de croisière n’est obtenu qu’après 8 ans. Les terres sont dédiées aux cultures et les travaux effectués par entreprise pour restreindre les investissements.

En conclusion

Ceux qui sont progressifs demandent un financement sur plusieurs années pour capitaliser du cheptel. Le scénario "broutardes" justifie le recours à une activité externe.

« Le bilan consolidé d’une exploitation avec le foncier, les bâtiments, le matériel, etc., dépasse la valeur de 10 000 € par vache, précise l'étude. Alors vouloir tout acheter n’est pas possible, surtout dans le cadre d’une installation après tiers, si on veut prélever un salaire et continuer à investir. Et pour analyser les capacités d'investissement, la courbe de trésorerie prévisionnelle est indispensable. »

 Les questions à se poser avant tout achat : « Y a-t-il une autre solution ? Ce choix est-il le plus économique ? » Car « il faut compter un effort de 48 cts/kg de carcasse durant 10 ans par tranche de 100 000 € investis. » Un chiffre à prendre en compte dans une conjoncture de marché et de prix morose voire baissière d'autant qu'une fois l'investissement réalisé, impossible de revenir en arrière.

Pour cela, l'étude recommande de raisonner selon l'EBE et les prélèvements privés prévus. Ce qui signifie :

Sous peine de devoir baisser les prélèvements privés. Mais dans ce cas, impossible d'acheter du foncier. Il faudra trouver d'autres solutions.

C'est-à-dire ne pas investir tout de suite dans du matériel. On peut en effet avoir besoin de ces fonds les années suivantes.

Étudier tous les financements possibles

Alors, pour financer le capital à reprendre, principal enjeu de l'installation en élevage, allaitant notamment, il faut regarder toutes les solutions possibles :

Il doit être de 35 000 € en moyenne, ou au moins de 20 000 €, pour diminuer les emprunts sinon au-delà de la 5e année d'installation, ça risque de devenir difficile. Les banques réclament d'ailleurs qu'il s'élève à 20 % du coût de la reprise, en incluant les aides.

Dotation jeune agriculteur (DJA), abattements fiscaux et sociaux, compléments Pac, aides des collectivités, remises commerciales… Elles constituent un capital non négligeable. « S’installer sans les aides est un pari risqué en viande bovine », met en garde la chambre d'agriculture de Bretagne.

S'installer sans les aides, un pari risqué en viande bovine.

Long et moyen termes, ils représentent une part importante du financement et peuvent être complétés par des prêts de trésorerie. À noter : le différé d’amortissement ou l'allongement de prêt permet de moins tendre la trésorerie.

Spécifiques à cette production, tel que le financement des broutards par la filière ou d'autres fonds qu'elle engagerait, ou non : la location des bâtiments (en plus du foncier), les cofinancements familiaux ou privés (prêt vendeur, prises de participations en sociétés, GFA), le crowdfunding, le portage du foncier.

Elle donne la possibilité de reprendre les parts partiellement et progressivement.

Par exemple : le financement des seuls intérêts et non du capital, comme en Hollande par exemple, les Scaec...

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