Quatre pistes pour simplifierl’astreinte de la traite

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Expérimentations. Le poids de l’astreinte reste une contrainte majeure en élevage laitier. La traite en représente la moitié. Il existe des solutions simples, réversibles, et ne réclamant pas d’investissement pour alléger cette tâche.

Lors des rendez-vous techniques organisés au printemps en Bretagne, les chambres d’agriculture et leurs partenaires ont revisité les résultats de divers essais sous l’angle de l’allégement de l’astreinte de la traite. Il en ressort des solutions pragmatiques pour les éleveurs. Petit tour d’horizon d’options, nouvelles ou plus anciennes, qui permettent de gagner en souplesse, souvent sans investissement. Les impacts éventuels sur la production sont connus.

Traire moins souvent

La suppression de la traite du dimanche soir est une option accessible à tous pour faire une pause en fin de semaine. Elle se traduit par une perte de production de 5 % avec des taux légèrement supérieurs. Les taux cellulaires sont un peu plus élevés le lundi et le mardi. Mieux vaut éviter un intervalle de traite supérieur à vingt et une heures. On peut commencer plus tard le dimanche matin, par exemple.

La monotraite ouvre une piste plus radicale, qui fait perdre 25 % de lait mais gagner en taux. L’état des vaches et leurs performances de reproduction sont nettement améliorés. Pour se lancer, il faut un troupeau sain en cellules. La ration doit être très économe. Les éleveurs pratiquant la monotraite le font généralement sur une période limitée. Car il est très facile de revenir en arrière.

Une voie moins courante consiste à traire trois fois en deux jours. Par exemple, à 5 h et 21 h le premier jour puis à 13 h le lendemain. Il s’agit souvent de répondre à des besoins d’aménagements des horaires. Les Néo-Zélandais le font parfois pour passer moins de temps à déplacer les vaches et réduire les boiteries.

Jouer sur les intervalles de traite

Une enquête et un essai à la ferme expérimentale de Trévarez ont permis aux chambres bretonnes et à Idèle de mieux connaître les pratiques et les marges de manœuvre en matière d’horaires de traite. L’idée est de voir jusqu’où on peut les adapter. Cet aménagement peut permettre aux éleveurs de passer plus de temps en famille. De plus, réduire l’amplitude de la journée facilite l’embauche d’un salarié pour la traite.

Réalisée en Bretagne en 2014, l’enquête s’est fondée sur les données de BCELO et Eilyps, soit 5 844 élevages. Il s’avère que 70 % de ces exploitations respectent un intervalle de traite compris entre dix et onze heures pendant la journée.

Or, des travaux réalisés par l’Inra il y a plus de dix ans ont clairement montré qu’au-delà de cinquante jours de lactation, la réduction de l’intervalle de traite à cinq heures a peu d’effet sur la production laitière (- 5 %). La composition et les taux cellulaires ne sont pas non plus affectés.

Les chambres bretonnes et Idèle ont voulu confirmer les résultats de cet essai unique. Une nouvelle expérimentation a été conduite sur les hivers 2015-2016 et 2016-2017. Deux lots de vaches ont été traits à 7 h et 17 h, ou à 9 h et 15 h 30, durant trois mois. Le deuxième lot a produit en moyenne 1,3 kg de lait en moins par jour sur le premier mois d’application. L’écart a disparu ensuite. Le TB était plus élevé sur la traite du soir. Les animaux se sont adaptés facilement. (voir infographie). Cela confirme que l’on peut, dans une certaine mesure, réduire les horaires de traite jusqu’à 6 h 30 sans conséquence majeure sur les animaux ou la production.

Déléguer la traite

Imaginez que quelqu’un d’autre se charge de la traite de vos vaches tous les soirs, du lundi au vendredi par exemple. Vos journées de travail ne seraient plus les mêmes. Et vos soirées non plus. Vous auriez à la fois plus de temps et plus de souplesse dans votre organisation. C’est possible, à condition d’accepter d’accorder sa confiance, et de faire un minimum d’efforts pour attirer un salarié.

La traite est une tâche répétitive qui se prête bien à la délégation. Certes, il n’est pas toujours simple de trouver des salariés. L’aménagement des horaires lève une contrainte forte. Mais il faut en plus réduire la pénibilité du travail. Cela passe par l’ergonomie, mais aussi par un travail de l’employeur pour améliorer la propreté du bloc de traite et réduire les risques d’accident. Ceux qui parviennent à rendre le bloc de traite plus agréable fidélisent plus facilement les salariés. Et ils bénéficient eux-mêmes des améliorations. Ensuite, l’emploi d’un salarié nécessite la mise en place d’une bonne organisation pour transmettre les informations. Si l’éleveur continue à assurer une traite quotidienne, il y a moins de risques de dérapage (mammites…).

Améliorer l’ergonomie du bloc de traite

Les fosses de traite ne sont pas toujours très attractives : humides, sombres, exiguës… Cette ambiance renforce la pénibilité de la tâche. Et pourtant, des aménagements simples peuvent parfois tout changer. Améliorer l’éclairage et l’isolation n’est pas forcément ruineux. La hauteur du quai doit être adaptée aux trayeurs. C’est parfois compliqué, quand il existe des différences de tailles importantes, mais c’est faisable avec des planchers mobiles.

Les griffes de traite ne se valent pas toutes. Le poids est un critère de choix à adopter au moment de les changer.

Les caillebotis posés sur le sol réduisent la glissance et la sensation de froid et d’humidité.

Il faut regarder aussi l’aménagement de la fosse, l’emplacement des commandes et des différents accessoires. Penser aux astuces permettant d’avoir tout à portée de main réduit la pénibilité et la fatigue. Il faut réfléchir à la circulation des personnes. Les salles de traite de plain-pied représentent un grand progrès. Mais bien d’autres points peuvent être améliorés : les portes lourdes ou qui coulissent mal, imposant un effort à chaque passage. Les robinets ou interrupteurs mal placés, qui obligent à des contorsions, voire à des escalades pénibles et dangereuses.

Le bruit constitue une autre source d’inconfort. On peut parfois réduire l’exposition grâce à des portes. Certains installent les machines les plus bruyantes en sous-sol pour améliorer le confort de traite. Cela implique bien évidemment des surcoûts.

Mais pour l’essentiel, il suffit de poser un autre regard sur sa salle de traite. Et de se lancer dans les menus travaux nécessaires.

Pascale Le Cann

Voir aussi le reportage page 76.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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