Structure. Lorsque l’exploitation s’engage dans une évolution majeure, il n’est pas simple d’évaluer l’ensemble des impacts à prévoir. Des simulations réalisées par les chambres d’agriculture de Bretagne et des Pays de la Loire en donnent une vision.
Depuis quelques années, des exploitations se sont engagées dans d’importantes modifications structurelles, souvent en augmentant fortement leurs livraisons. Elles ont investi dans les bâtiments, l’automatisation, voire la main-d’œuvre. Aujourd’hui, même si la conjoncture pèse, de nouveaux projets de ce type sont en réflexion. « Début 2015, nous avons enquêté auprès d’éleveurs ayant connu des évolutions récentes fortes en matière de surface, de travail ou de bâtiment », explique Mathieu Merlhe, chargé d’études au pôle herbivore des chambres d’agriculture de Bretagne. L’enquête, menée en Bretagne et Pays de la Loire, a révélé que les résultats économiques ne sont pas toujours à la hauteur. Sur la base de ce constat, des modélisations ont été réalisées pour analyser l’impact de trois trajectoires sur les résultats technico-économiques. Les trois simulations partent d’un modèle d’exploitation identique (voir infographie ci-contre). Elles permettent de donner des alertes à ceux qui se lancent sur ce type de projets.
Pourquoi les revenus ne sont-ils pas à la hauteur ?
Les annuités augmentent fortement pour flirter avec les 100 €/1 000 litres de lait. Les DPU se trouvent diluées. Auparavant, les élevages qui se développaient augmentaient leurs surfaces et donc leurs DPU. C’est moins vrai aujourd’hui : le litrage alloué par les laiteries, quand il est produit sans surface supplémentaire, n’augmente pas les aides Pac. Même s’il existe des variations, beaucoup perdent environ 30 €/1 000 l de DPU. Les produits annexes diminuent : en période de croissance, on vend moins d’animaux et de culture.
Au total, les produits baissent de 80 à 100 €/1 000 litres. D’autre part, les charges totales diminuent d’environ 40 €/1 000 litres, du fait de la réduction des cultures et de la dilution des charges de structure. Les postes opérationnels augmentent. Cependant, la hausse de la productivité par vache est souvent recherchée. Certes, cela permet de limiter le nombre de vaches et donc l’investissement dans le bâtiment. Attention au risque de dérapage sur le coût alimentaire.
Les prérequis pour réussir
La situation de départ doit être saine avec une bonne maîtrise technique, des annuités faibles et une organisation du travail bien rodée. Il est souhaitable de constituer une épargne de précaution de 50 €/1 000 litres en amont du projet pour préserver les prélèvements privés, mais aussi pour faire face à une année défavorable.
La capacité d’investissement dépend de l’EBE. Il faut l’évaluer dès le départ et calculer le prix d’équilibre du lait. Attention s’il est trop élevé, car on n’a pas de visibilité à long terme sur le prix du lait.
Si les JA sont souvent bien suivis dans leurs projets, c’est moins vrai pour les autres. Il est utile de disposer d’un bon conseil pour monter le projet, mais aussi pour le suivre dans le temps. Tout écart par rapport aux prévisions doit être repéré et expliqué.
Les points de vigilance : se donner toutes les chances
Attention à la main-d’œuvre ! Les équipements réduisent le temps de travail par UGB. Mais cela ne compense pas toujours la hausse de l’effectif. Le besoin en main-d’œuvre supplémentaire, ou la saturation des personnes en place, peut coûter cher. La délégation de certaines tâches peut être une solution.
En cas de reprise du capital social d’un associé qui s’en va, il ne faut pas en sous-estimer le coût.
En cas de croissance progressive, il peut exister un décalage entre la hausse des annuités et celle des livraisons. De plus, le recours à l’autofinancement doit être raisonné finement pour ne pas vider la trésorerie.
La spécialisation en lait présente des avantages en matière d’efficacité économique, mais elle rend l’exploitation plus sensible aux aléas. Le recul de la capacité de prélèvement observé dans les trois simulations pèse sur la marge de sécurité de l’exploitation.
L’augmentation de l’effectif entraîne souvent une baisse du taux de réforme. Le vieillissement du troupeau peut avoir un impact négatif sur la qualité du lait et les frais vétérinaires. L’agrandissement se traduit aussi souvent par une hausse de la part de maïs dans la ration et une moins bonne valorisation de l’herbe. Or, la valorisation des fourrages est l’une des clés de la maîtrise du coût alimentaire et de la préservation de l’autonomie. Il peut être judicieux de réduire les surfaces en culture de vente pour améliorer l’autonomie alimentaire.
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