
En plus du contrôle laitier, Philippe et Nathalie Maupas paient 2 000 € de service à leur Ecel Elvup. Ils ne les considèrent pas comme une charge, mais comme un investissement.
Nathalie et Philippe Maupas souscrivent au contrat le plus complet que propose l’entreprise de conseil Elvup, le service Premium. En plus des 2 530 € de contrôle laitier (dont cotisations Elvup), ils dépensent 2 000 € pour, bien sûr, la conduite alimentaire du troupeau, mais plus largement pour la conduite stratégique de l’élevage laitier. Le contrat est établi sur le volume de référence, à hauteur de 3,90 €/1 000 l. Pourtant, à première vue, on pourrait penser qu’un tel niveau d’accompagnement ne leur est pas nécessaire. Avec un coût alimentaire « vaches » de 84 €/1 000 l dont 54 € de concentrés en 2019, ils maîtrisent l’alimentation de leurs laitières (93 €/1 000 l en moyenne dans l’Orne, en 2018). Grâce à l’appellation d’origine camembert de Normandie (lait cru), leur prix du lait moyen 2019 s’élève à 445,80 € et leur marge sur coût alimentaire à 361,80 €/1 000 l. Mais Nathalie et Philippe réfutent totalement ce raisonnement. « Il ne faut pas se laisser impressionner par ce niveau de prix. Il reflète notre travail toute l’année pour un lait indemne de germes pathogènes. De plus, l’AOP évalue à 50 €/1 000 l le surcoût occasionné par le cahier des charges. »
Et puis les deux éleveurs veillent à limiter l’investissement financier dans le conseil en réalisant eux-mêmes les pesées du lait. « L’agent nous dépose le matériel. Nous économisons ainsi 1 250 € par an pour onze pesées. C’est mérité, car même si cette tâche ne prolonge que de dix minutes la traite, elle nous oblige à être présents tous les deux, contre l’équivalent d’une personne et demie habituellement. C’est un travail intense. »
En plus des contacts téléphoniques réguliers, les éleveurs rencontrent le conseiller Mickaël Bisson neuf fois dans l’année, en général juste après les résultats de contrôle de performances. Cela pourrait être un peu plus s’ils le souhaitaient. C’est que Nathalie et Philippe ne s’imaginent pas piloter leur troupeau sans un regard extérieur, en particulier aux périodes délicates que sont les transitions alimentaires et la fin de la campagne laitière. « Même si nous essayons d’être rigoureux, même si nous avons acquis de la compétence en trente ans de production laitière, nous avons besoin de piqûres de rappel. Et lorsqu’il n’y a pas de problème particulier, le risque est de relâcher nos efforts. Mickaël est là pour remettre les pendules à l’heure. »
« Nous pouvons solliciter les autres compétences d’Elvup »
C’est sans doute encore plus vrai depuis que le bâtiment est occupé à 105 % de sa capacité. Le volume contractuel a été conforté de 17 000 litres en 2018-2019. « Nous trayons désormais toute l’année 65 normandes alors que la stabulation contient 63 logettes. Nous devons être encore plus vigilants sur leur confort. » Dans le cadre du service Premium, ils ont fait appel, l’an passé, au conseiller Elvup spécialisé dans les bâtiments, pour le réglage des logettes. « C’est l’intérêt de ce service. Au-delà des conseils et des échanges avec Mickaël, si nous avons besoin, nous pouvons solliciter les autres compétences qui existent chez Elvup. » Philippe a consacré deux journées à rehausser les logettes pour faciliter la levée des vaches et leur sortie. « Les laitières bénéficient d’un plus grand confort l’hiver, pour un coût modique. »
Les éleveurs sollicitent aujourd’hui le conseiller en bâtiment sur la ventilation naturelle. « Est-elle toujours suffisante ? Nous nous posons la question. Nous réfléchissons à installer une ventilation mécanique en hiver et en été. Mais nous attendons qu’il nous montre l’intérêt économique d’un tel investissement. »
Pour Nathalie et Philippe, il est difficile d’évaluer le retour sur investissement des 2 000 € engagés tous les ans. Ils apprécient le travail qu’Elvup a entrepris il y a plusieurs années sur l’éclatement des grains de maïs à l’ensilage. « Cela représente un gain moyen de 75 €/ha de maïs chez les éleveurs ornais [NDLR : soit 900 € pour 12 ha destinés aux vaches, chez les Maupas]. Des progrès sont encore possibles », avance Mickaël Bisson. De même, ils apprécient la gestion de la fin de campagne et la prévision de la suivante faite avec Mickaël. « Pour nous, il est inconcevable de ne pas produire notre volume contractuel. Il faut souvent que nous ralentissions en fin de campagne laitière, mais sans amputer notre capacité de production à venir. » Ces prévisions sont d’autant plus importantes que l’exercice comptable est clos deux mois avant la fin de la campagne. « La fiscalité influence la conduite de notre exploitation et de nos animaux puisqu’en parallèle de l’activité laitière, nous menons un atelier de taurillons. Mickaël intègre cette dimension dans son conseil », dit Philippe. Et l’éleveur d’ajouter : « Rien qu’avec cet outil de prévisions, les 2 000 € sont largement amortis. Il faut savoir payer le conseil. »
« Sans le conseiller de gestion, en 2000, nous n’aurions pas pu continuer »
Nathalie et Philippe accordent autant d’importance au conseiller de gestion dans le pilotage de leur exploitation. L’année 2000 a été un tournant : « Notre troupeau a été touché par l’ESB. Il a été abattu. Les indemnités étaient traitées en revenu exceptionnel dans notre comptabilité. Sans l’accompagnement du CERFrance Orne, nous aurions été fortement imposés, ce qui nous aurait obligés à mettre la clé sous la porte. » Ils n’hésitent pas, depuis, à solliciter le centre de gestion avant de prendre des décisions stratégiques. Ils rencontrent le conseiller quatre fois par an pour la remise de résultats de l’exercice passé, la prévision de celui en cours et la déclaration Pac. Cela représente une dépense de 6 000 €, plan d’épandage compris.
« Nous avons besoin d’un conseil indépendant »
Les éleveurs font d’autant plus confiance à Elvup et CERFrance Orne que ces deux entreprises ne commercialisent pas d’agrofournitures. « Le conseil indépendant, c’est important. » Ils suivent cette ligne de conduite pour l’atelier taurillons : les rations sont établies par un technicien de Bovins croissance, un autre service d’Elvup. « Pour le suivi sanitaire, c’est le vétérinaire de la coopérative Agrial qui intervient, notamment pour le plan sanitaire d’élevage. Le courant passe bien avec lui. » Côté troupeau laitier, les principaux intervenants sont le vétérinaire, la fromagerie Graindorge-Lactalis pour le lait cru et le GDS. La seule entorse à cette règle d’indépendance concerne les cultures. « J’applique les recommandations du négociant privé avec qui nous travaillons, reconnaît Philippe. J’ai confiance en lui. »
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