D
epuis plus d’un an maintenant, le montant des charges ne cesse de grimper. L’énergie et le carburant ont augmenté de 39 %, l’engrais de 108 % et les aliments de 26 % en moyenne, d’après l’Ipampa 2022 par rapport à 2021. Heureusement, les produits ont suivi une courbe similaire voire supérieure, permettant d’assurer des résultats satisfaisants dans de nombreux élevages. Pour autant, ce contexte amplifie les écarts de résultats entre exploitations. En effet, en fonction de la situation économique avant 2021 (trésorerie positive ou négative) et du système d’élevage, certains éleveurs subissent de plein fouet la hausse des charges, tandis que d’autres sont capables de se couvrir à des prix raisonnables ou sont moins dépendants des prix des intrants.
Des exploitations inégales devant la conjoncture
Publiées chaque année depuis neuf ans, les études Xpertia portant sur les résultats de plusieurs centaines d’élevages bretons démontrent qu’en période de prix du lait élevé, les écarts se creusent entre les exploitations les plus performantes – le quart supérieur – d’un point de vue économique, et celle qui le sont le moins – le quart inférieur. En 2016-2017, l’écart d’EBE lait entre les deux tranches extrêmes était de 68 €/1 000 l pour un prix moyen payé de 300 €/1 000 l, tandis que la différence atteint plus de 105 €/1 000 l lorsque le prix payé dépasse 340 €/1 000 l. En 2021, sur un échantillon de 431 fermes laitières, l’écart d’EBE atteint 71 000 € entre les exploitations des quarts supérieurs et inférieurs, pour 650 000 l livrés en moyenne.
De plus, l’agrandissement des structures et la hausse de la productivité/UTH accentuent ces écarts économiques. Par exemple, 10 €/1 000 l de charges supplémentaires dans un système à 200 000 l/UTH représenteront 2 000 € d’EBE en moins, tandis que dans un système à 400 000 l/UTH, l’impact économique atteindra - 4 000 €/UTH.
Identifier les bons leviers
L’effet de dilution des charges de structures par la hausse du volume vendu constitue souvent un objectif, mais la hausse du lait commercialisé passe malheureusement, dans une grande majorité des élevages, par une hausse du nombre de tête et non une hausse de la quantité de lait par VL. Cela engendre des charges de travail supplémentaires, des bâtiments (sur)saturés, et l’objectif de compression des charges opérationnelles n’est que rarement atteint.
Bien que parfois difficile à mettre en place, ce sont les leviers relatifs à la maîtrise des charges opérationnelles et celles de structures qui permettront les gains les plus importants (respectivement 49 € et 43 €/1 000 l d’écart entre les tranches extrêmes, dans l’étude Xpertia 2021). Cependant, les écarts de charges n’expliquent tout. Les produits sont également des facteurs limitants de la rémunération. Dans l’étude Xpertia, un différentiel de 15 €/1 000 l sur le prix du lait (effet composition et qualité) est observé entre le quart inférieur et le quart supérieur.
Pour identifier les postes à enjeux, il est primordial de réaliser un diagnostic technico-économique exhaustif et de positionner ses résultats par rapport à ceux de son groupe de référence et ses objectifs.
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