Le troupeau laitier français change de couleur

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Sélection. Alors que le croisement laitier progresse, les petites races grignotent des parts de marché aux plus grandes. L’effectif total de vaches laitières recule.

Chaque année, le bilan des inséminations réalisées sur les vaches laitières révèle les choix opérés par les éleveurs. Agglomérées sur plusieurs années, ces statistiques montrent les tendances de fond. Le bilan 2018 avait relevé l’engouement des éleveurs pour les taureaux de race jersiaise et pie rouge, souvent utilisés en croisement. Ces évolutions se confirment en 2019. Aujourd’hui, 6 % des vaches laitières sont des croisées. Leur nombre a augmenté de 79 % en dix ans, soit 112 000 têtes de plus. Sur les 3,2millions d’IAP réalisées sur des femelles laitières en 2019, 186 000 correspondent à du croisement laitier. De plus, 198000 IAP sont effectuées sur des femelles laitières croisées dont les deux tiers avec un taureau laitier.

En parallèle, on constate une augmentation des inséminations avec des taureaux de petites races. La plus spectaculaire concerne la rouge scandinave en hausse de plus de 8 %. Quasiment inexistante il y a dix ans, elle a placé plus de 12 000 paillettes l’an dernier. Elle est surtout utilisée en croisement trois voies (Procross). Ce sont les taureaux holsteins qui sont les plus utilisés pour le croisement laitier, mais il est clair que les petites races profitent de ce mouvement pour se développer.

La normande a perdu un quart de son troupeau en dix ans

Pour les trois grandes races, le nombre de doses utilisées baisse plus vite que l’effectif des vaches en race pure.

Le nombre total de vaches laitières a baissé de 3 % en dix ans malgré un rebond entre 2013 et 2015. La normande est celle qui recule le plus, perdant un quart de son troupeau. L’abondance a perdu 6 % de ses vaches mais 17 % de ses inséminations. En face, la jersiaise est celle qui se développe le plus avec un effectif multiplié par trois depuis 2010. Les inséminations réalisées avec des taureaux jersiais sont cinq fois plus nombreuses qu’il y a dix ans. Là aussi, le croisement joue.

La simmental, la tarentaise et la pie rouge progressent respectivement de 5, 3 et 2 % en nombre. Soulignons que pour la race tarentaise, cette tendance cache une réduction des effectifs jusqu’à 2013 qui s’est inversée depuis. Mais les inséminations réalisées avec des taureaux de ces races progressent bien plus vite que l’effectif : 46 % en pie rouge, 18 % en simmental ou 16 % en brune.

Le croisement industriel représente 17 % des IAP

Cette baisse du nombre de vaches s’accompagne d’une véritable chute du nombre d’IAP réalisées avec des taureaux laitiers : - 9 % au total en dix ans. Une situation problématique pour les entreprises de sélection. La décrue a démarré en 2014 et se poursuit sans interruption depuis. L’activité d’insémination en race laitière a diminué de 3,9 % en 2019.

Le croisement avec des races à viande pèse 17 % en 2019. Il représente environ 30 % des inséminations sur les vaches de race abondance, montbéliarde et sur les croisées laitières. Pour la monbéliarde, cela s’explique par une utilisation importante de doses sexées femelles en race pure. La blanc bleu belge se taille la part du lion du croisement industriel avec 46 % des inséminations. Suivent la charolaise (30 %), Inra 95 (11) et la limousine (10). Le bilan génétique montre aussi l’évolution du type de doses utilisées. Les taureaux génomiques sans filles sont majoritaires pour les trois grandes races mais aussi pour la pie rouge, la tarentaise et l’abondance. Les semences issues de taureaux mis en service après un testage classique restent importantes pour les races abondance (plus de 30 %), tarentaise et brune (autour de 20 %). Les taureaux génomiques confirmés sur descendance représentent environ 10 % des inséminations en prim’holstein et normande, un peu plus en montbéliarde. Enfin, les doses importées sont majoritaires pour la simmental ou la jersiaise. La part de marché frise les 20 % en prim’holstein. Toutes ces évolutions s’accompagnent d’une élévation de la productivité des animaux (+2,7 %). Ainsi, malgré la baisse des effectifs, la production laitière française se maintient. Elle a gagné 5,5 % en dix ans.

pascale le cann

© p.le cann - 6 % des vaches laitières sont des croisées.p.le cann

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,23 €/kg net +0,09
Vaches, charolaises, R= France 7,06 €/kg net +0,07
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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