« Avec l’index santé du pied, j’améliore la fonctionnalité »

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Stratégie. Mickaël Foucher s’approprie les index fonctionnels au fur et à mesure de leur sortie. Pour lui, les enjeux sont de maîtriser les réformes pour mieux trier ses animaux et de gagner en longévité sur son troupeau.

Quand les vaches sont en forme, elles produisent davantage. C’est rentable, et on est plus tranquille. » Telle est la philosophie qui guide Mickaël Foucher, éleveur à Argentré-du-Plessis (Ille-et-Vilaine). Installé en 1998, il produit aujourd’hui 760 000 litres de lait avec une centaine de vaches holsteins. Partant à la retraite, ses parents viennent de quitter le Gaec. Il travaille avec un salarié.

Le système de production, fondé sur le pâturage et l’ensilage de maïs, est classique pour la région. Les génisses sont élevées en aire paillée, et les vaches sont en logettes avec matelas. Mickaël paille légèrement les logettes pour favoriser leur assèchement. L’aire d’exercice est raclée deux fois par jour. Le troupeau ne rencontre pas de problème sanitaire majeur, mais l’éleveur mise sur la génétique pour augmenter sa résistance.

« J’ai commencé il y a dix ans quand l’index cellules a été publié », raconte Mickaël. Les mammites et les taux cellulaires élevés constituaient alors une difficulté et représentaien le premier motifsde réforme. Il a décidé de ne plus utiliser de mâles négatifs sur l’index cellules. Ce critère est devenu prioritaire.

« J’ai commencé par les cellules et la fertilité »

Pour le reste, l’éleveur veillait aussi à garder des index lait positifs. « Je ne m’inquiète pas pour la production. Je pense que le potentiel est bien ancré et qu’avec une bonne ration, les vaches produisent suffisamment. »

Cette sélection sur les cellules éliminait près de la moitié des taureaux du catalogue. À l’époque, Mickaël travaillait avec Amélis. Aujourd’hui, il constate que les mammites sont moins fréquentes alors que la conduite du troupeau est restée la même. Elles représentent désormais le troisième motif de réforme. Mais il a fallu plus de dix ans avant de constater une réelle amélioration.

L’éleveur s’est intéressé à l’index ­fertilité quelques années après les cellules. La reproduction posait moins de problèmes que les mam­mites il y a dix ans. Mais progressivement, elle est devenue le premier motif de réforme. Là aussi, l’éleveur a choisi d’écarter systématiquement tous les taureaux ayant un index négatif. Et il a continué à éviter ceux qui avaient des index santé de la mamelle insuffisants.

Aujourd’hui, la reproduction reste le premier motif de réforme. Récemment, une génisse a quitté le troupeau parce qu’elle ne remplissait pas. Quelques vaches font des lactations très longues pour cette même raison. Mickaël pense qu’il faudra encore quelques années avant de constater une réelle amélioration.

« Je compte dix ans avant de voir les résultats »

Il y a trois ans, il a décidé de travailler avec Gènes Diffusion, estimant que l’offre était meilleure sur la fonctionnalité. Il s’est donc naturellement intéressé à l’index santé du pied lorsqu’il est sorti à l’automne 2014.

Les boiteries se classent désormais en deuxième position dans les motifs de réforme. Mickaël constate qu’il y a moins de problèmes de pieds lorsque les vaches sont en pâture. Il n’a pas de pédiluve. « Il faut les nettoyer très souvent pour qu’ils soient efficaces et je trouve cela contraignant. »

Mais une fois par mois, il prend le temps de laver les pieds et de les désinfecter par pulvérisation au moment de la traite. Il voudrait pouvoir le faire tous les quinze jours, mais manque de temps.

Il a appris à parer les pieds et lève les pattes au coup par coup, lorsqu’il suspecte un problème. Il a investi dans une cage de contention pour le faire. « Je vois quelques ulcères et je commence à avoir un peu de dermatite. » L’éleveur remarque des différences indivi­duelles entre les animaux. Certaines vaches n’ont jamais besoin d’être parées alors que d’autres sont plus souvent affectées. Même si l’héritabilité reste faible sur ce genre de poste, il pense que la génétique joue un rôle dans la solidité des pieds.

L’éleveur fait son plan d’accouplements avec l’inséminateur, Florian Hamard-Trocherie. « Gènes Diffusion a génotypé tous ses taureaux pour connaître leur statut sur l’index santé du pied. Nous avons été surpris des résultats et nous avons éliminé les taureaux les moins bons », précise-t-il. Il rajoute qu’en moyenne, le coût des problèmes de pieds sur les laitières est estimé à 60 €/vache/an. Il s’avère que certaines souches se classent mal sur ce critère. Plus surprenant, des familles bien notées sur la morpho­logie des membres peuvent avoir des sabots de mauvaise qualité. Ces animaux sont plus sensibles aux boiteries d’origines diverses et ont donc moins de chances de faire carrière.

« Le génotypage des génisses viendra plus tard en complément »

Mickaël continue à n’utiliser que les mâles positifs en santé de la mamelle et en reproduction. Il faut en plus qu’ils soient indexés au moins à 5 sur la santé du pied. Comme pour les cellules et la fertilité, il n’attend pas de résultats tangibles avant une dizaine d’années. Il se montre également vigilant sur la morphologie des bassins car les vêlages difficiles sont lourds de conséquences sur la reproduction et la lactation suivantes.

« À long terme, j’espère voir le nombre de réformes subies diminuer. Cela me permettra de mieux trier les animaux », explique l’éleveur. Il a quelques vaches un peu longues à traire, sans doute issues de sa sélection menée sur les cellules.

Pour le moment, il n’a pas génotypé ses génisses. « J’attends un peu. Quand j’aurai plusieurs générations issues de la sélection Gènes Diffusion, je pense que je le ferai pour mieux choisir les génisses de renouvellement. »

Bientôt un index efficacité alimentaire ?

À l’avenir, Mickaël continuera de s’intéresser aux nouveaux index fonctionnels. Gènes Diffusion tente d’affiner l’index reproduction en recherchant de nouveaux marqueurs. L’entreprise travaille aussi, comme certains de ses concurrents, sur l’efficacité alimentaire. Tous les éleveurs voient qu’il existe des différences entre les animaux sur ce plan. Mais son indexation est complexe en raison des multiples facteurs pouvant intervenir.

Pascale Le Cann

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

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