Investissement. Après dix ans de génotypage systématique des femelles nées sur son exploitation, Franck Rabouan dispose d’un troupeau aux mamelles fiables, produisant un lait aux taux élevés. Tout en doublant en cinq ans l’effectif et le volume, il a limité les problèmes de santé et de qualité du lait.
Au cours des cinq dernières années, l’élevage de Franck Rabouan, à Baugé-en-Anjou, dans le Maine-et-Loire, a changé de dimension. En raison de droits à produire redistribués par la Fromagerie Tessier (groupe Savencia), il a doublé son effectif de vaches et sa production laitière. « Mon souhait était de développer ma ferme car trois de mes quatre enfants s’orientent vers l’agriculture, indique l’éleveur de 54 ans. Et pour travailler dans de bonnes conditions, il est nécessaire d’investir. » Construit en 2003, le bâtiment a été agrandi en 2014 pour atteindre 120 logettes, puis couplé à un nouveau bâtiment de 100 places pour les génisses, en 2018. La capacité de logement est désormais saturée pour un volume d’un million de litres de lait. La stratégie du chef d’exploitation est d’optimiser les taux protéiques et butyreux et de ne subir aucune pénalité liée à la qualité de la production. « C’est le seul moyen selon moi d’obtenir une meilleure valorisation. » Pour progresser dans cette voie, l’éleveur s’appuie depuis près de dix ans sur le génotypage de ses génisses proposé par Évolution. « Grâce aux informations précises obtenues sur le potentiel génétique de mes animaux,nousavons pu, avec l’inséminateur, réaliser des accouplements plus pertinents. »
Une évolution rapide, sur quelques générations
Franck Rabouan recherche chez ses animaux la production d’un lait aux taux élevés, des mamelles solides et en bonne santé, et une bonne longueur de trayons. S’il ne s’attardait pas trop sur les critères fonctionnels au début, ceux-ci ont pris de l’importance à ses yeux, en particulier la qualité des membres et leur résistance aux lésions. « C’est une préoccupation croissante, reconnaît-il. Car j’ai maintenant davantage de problèmes de boiteries que de mammites dans mon troupeau. »
Aujourd’hui, l’éleveur estime ne pas avoir « de déchet » parmi ses génisses. Le niveau de production est correct, le gabarit satisfaisant, les mamelles de bonne qualité, et le niveau moyen des taux progresse de façon régulière. Reste à être vigilant sur la santé des pieds. « J’ai constaté une évolution rapide, sur quelques générations. Ce sont des animaux que je peux faire vieillir. En ce moment, la seule vache dont le ligament a lâché est un animal acheté à l’extérieur ! »
De l’écrémage chez les vaches
Chef de produit génotypage chez Évolution, Mathieu Rivière confirme la solidité du troupeau à travers les chiffres. Sa supériorité génétique par rapport à la population de référence se traduit par des index de + 0,5 pour la santé de la mamelle (STMA), + 0,5 pour le TP et + 0,8 pour le TB, tandis que la moyenne des élevages Évolution est de + 0,2 en STMA, + 0,3 en TP et + 0,2 en TB. Quant aux cellules, le troupeau affiche un niveau de 160 000 cellules/ml, bien meilleur que la moyenne des éleveurs d’Évolution, à 271 000 cellules/ml. « La pertinence des accouplements a permis de progresser ici plus vite que pour l’ensemble de nos éleveurs, constate-t-il. L’Isu moyen est de 122 points, contre 115 pour les éleveurs de la race. »
Pour Nicolas Bourdin, inséminateur sur l’exploitation, disposer des résultats de génotypage des animaux ne rend pas forcément la réalisation des plans d’accouplements plus facile, en raison du nombre de critères à prendre en compte, mais l’opération est plus intéressante. « On peut vraiment individualiser le choix des taureaux car on connaît les défauts de chacune des vaches et des génisses », souligne-t-il.
Jusqu’à présent, 100 % des génisses recevaient de la semence sexée car le troupeau était en phase de croissance. « Depuis un an, nous ralentissons, explique Franck Rabouan. Les 10 % de génisses moins bonnes reçoivent désormais de la semence classique. Quant aux vaches, nous commençons à écrémer : si elles ont des problèmes de fertilité, de mamelle, de faibles index sur les taux, nous optons pour le croisement industriel en race blanc-bleu-belge afin de mieux valoriser les veaux. En ce moment, j’ai deux vaches longues à traire, dont je vais me séparer : cela se voit tout de suite dans leurs index, qui sont à - 0,8 et - 1,2 sur ce critère. »
Grâce à l’optimisation des accouplements, une très bonne génisse apparaît parfois. Chez Franck Rabouan, le record est un Isu de 185. Dans ce cas, l’animal peut faire l’objet d’une collecte d’embryons afin de démultiplier le potentiel dans le troupeau. Il peut aussi intégrer le schéma de sélection d’Évolution pour devenir mère à taureaux.
Quelle réponse du troupeau au progrès génétique ?
Avec les résultats de génotypage, la coopérative est capable de mettre en relation les index avec les performances réelles, afin de calculer de quelle façon un troupeau répond au progrès génétique. « Sur cette ferme, la valorisation de l’index lait est de 130 %, c’est-à-dire +130 kg de lait par lactation pour une progression génétique de 100 points d’index, calcule Mathieu Rivière. Elle est de 120 % pour les index TB et TP. » Le technicien a ainsi projeté les performances de l’élevage dans trois ans en se basant sur les index des génisses de moins d’un an. A priori, elles seront de 9 650 kg par vache avec un TB de 44 g/l et un TP de 35,4 g/l, soit une bonification de 38 €/1000 l (+ 25 à 30 € actuellement). Le produit supplémentaire par vache et par an est estimé à 367 €, pour un coût de génotypage de 39 € au départ. « Heureusement qu’il y a ce retour ! lance Franck Rabouan. C’est pour cela que j’investis dans cet outil. Parce que je suis convaincu qu’il est pertinent. »
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