
Sur le modèle des échanges transfrontaliers mis en place par ACE et Inagro, Jean-Michel Maerten a franchi la barre de 47 de TB et 37 de TP l’hiver dernier en diversifiant sa ration.
Avec des rendements compris entre 16 et 20 tonnes de matière sèche par hectare, Jean-Michel Maerten a longtemps misé sur une ration de base 100 % maïs. Mais depuis plus d’un an, sous l’impulsion de son conseiller d’Avenir Conseil Élevage, il a pris la voie de la diversification fourragère : dans son cas, il a choisi l’association maïs ensilage, ray-grass d’Italie et betterave fourragère.
« Comparé au maïs plat unique, j’ai gagné trois points de TB et de TP, souligne Jean-Michel Maerten. Les taux sont plus réguliers et je suis beaucoup moins concerné par les problèmes d’acidose et d’engraissement excessif. C’est une vraie source de motivation de travailler lorsque les bêtes répondent. »
« Valoriser le premier cycle d’herbe par la fauche »
Concrètement, l’éleveur implante chaque année 4 à 6 ha de l’association ray-grass d’Italie-trèfle d’Alexandrie. La différence est qu’il vise désormais une récolte précoce, au stade deux nœuds du ray-grass. En 2017, la dérobée a été semée en septembre selon l’itinéraire suivant : un épandage derrière le blé de 50 m3 d’eau brune issue de l’aire d’attente (1,5 UN/m3), puis un labour, suivi de la préparation du lit de semences et du semis combiné avec un rouleau. « Il est important de bien rappuyer le sol afin d’obtenir une surface lisse et régulière en prévision de la fauche. »
Le 25 février, il fait un apport de 100 UN minéral et le 24 mars, il fauche avec une conditionneuse à rouleaux (42 jours avant l’implantation du maïs). L’herbe est fanée une première fois juste après la fauche, puis une seconde fois le lendemain matin, endainée le soir même ou le lendemain matin, avant d’être enrubannée par l’ETA l’après-midi, soit après quarante-huit heures de séchage au sol. « Même en première coupe, le trèfle est bien présent et presque aussi haut que le ray-grass italien. » Le rendement est estimé à 4 tonnes de MS/ha et le fourrage affiche une valeur de 18 % de MAT et 0,91 UFL. Mais l’éleveur prévient : derrière un ray-grass italien, en année sèche, il faut s’attendre à une baisse de rendement du maïs d’environ 20 %.
Douze hectares de prairies permanentes à base de RGA sont gérés sur le même principe de la fauche précoce. Dans des terres profondes, trois coupes ont été faites cette année, avec 100 UN, 50 UN et 30 UN épandues respectivement après chacune d’elles. Alors qu’il débrayait jusqu’ici 6 ha pour le pâturage, les fortes chaleurs l’ont incité cette année à laisser les vaches en bâtiment. « Cela a permis de stabiliser la production et a entraîné un gain de 1,5 point de TP, observe Jean-Michel. Valoriser ainsi le premier cycle de pousse de l’herbe par la fauche est un moyen de limiter le piétinement et de faciliter la gestion des refus. »
« La betterave est un investissement qui paye »
Le stock fourrager est complété par 2 ha de betterave fourragère, pour un rendement de 120 t/ha (18 à 20 % de MS). Une entreprise assure le semis et le ramassage, l’éleveur prend en charge le désherbage en trois passages. Si les tubercules sont très sales, il recommande de les laisser dix jours en bâtiment afin que la terre sèche et se détache facilement. Ici, la betterave est stockée dehors, recouverte d’une bâche, et distribuée entière de la fin octobre jusqu’au mois de mai. Pendant la période estivale, l’achat de pulpe surpressée permet de faire tampon et de maintenir la diversification de la ration. « La betterave est un investissement payant, l’impact au niveau des taux est rapide. » (voir infographie). En effet, la pulpe est avant tout lactogène (précurseur d’acide propionique), la betterave riche en sucre est plus favorable au TB (précurseur d’acide butyrique).
Du fait de la présence d’herbe dans la ration, le maïs est désormais coupé fin (11 mm) et l’éleveur s’oriente vers des variétés plus précoces : indice 210-220 au lieu de 240-260. Cela a pour but de renforcer l’ingestion, et facilite dans le même temps un meilleur éclatement des grains à la récolte. À partir de ces fourrages, le troupeau est conduit en deux lots :
débuts de lactation (jusqu’à 120 jours) : une ration complète équilibrée à 34 kg de lait, soit 35 kg de maïs (34 % de MS et 34 % d’amidon), 8 kg d’enrubannage, 20 kg de betterave, 4,5 kg de tourteaux (60 % soja-40 % colza) et 50 g d’urée ;
fins de lactation : une ration équilibrée à 26 kg de lait, avec 3 kg de tourteaux.
« Le taux d’urée du lait fourni par la laiterie est un bon repère pour adapter le correcteur, explique Jean-Michel. Dès qu’il dépasse 300 g/l, je réduis les apports. Le calcul du rapport TB/TP est aussi un bon moyen de savoir si la ration fonctionne bien. » Ainsi, le taux d’urée au cours de l’exercice écoulé reste compris entre 211 et 265 g/l, pour une consommation de 147 g de correcteur, sans concentré de production.
Dans les deux cas, la ration est distribuée en deux repas par jour au godet, sauf l’enrubannage distribué en début d’après-midi. C’est là une piste de progrès pour renforcer l’efficacité alimentaire, tout comme le hachage de l’herbe enrubannée distribuée en brins longs. Jean-Michel envisage l’achat d’une mélangeuse d’occasion pour gagner en régularité et caler son troupeau à 30 litres/jour, à 45 de TB et 35 de TP.
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