
Associer du trèfle à la luzerne peut être utile à la productivité et à la propreté de la culture. Mais pour limiter l’agressivité de cet allié, des précautions semblent nécessaires quant au choix des espèces et de la date de semis.
L’installation d’une luzernière peut-elle être favorisée par l’association avec du trèfle ? Pour répondre à cette question, les chambres d’agriculture des Pays de la Loire et de Bretagne, avec Arvalis, ont mis en place des essais en 2015 et 2016 dans le cadre du programme de recherche sur l’autonomie protéique SOS Protein.
À Brecé et Ernée (Mayenne), dans les fermes expérimentales de Mauron (Morbihan) et des Établières (Vendée), des semis de fin d’été ou de printemps ont été réalisés avec 25 kg/ha de luzerne et 2 kg/ha de trèfle annuel (trèfle de Micheli, trèfle incarnat ou squarrosum) ou pérenne (trèfle blanc ou violet). Les objectifs étaient de mieux contrôler le salissement en évitant le désherbage chimique et, éventuellement, de gagner en productivité fourragère et protéique dans la phase d’installation.
Deux essais en Mayenne
La principale observation dans l’ensemble des essais est une colonisation rapide par les trèfles annuels, concurrençant fortement l’installation de la luzerne.
À Brecé (semis précoce au 20 août 2014), le rendement de la première coupe en 2015 est similaire à une luzerne pure désherbée ou non désherbée (4 à 5 t de matière sèche par hectare environ), mais avec une proportion de trèfle d’au moins 50 %.
À Ernée (semis plus tardif au 7 septembre 2015), le rendement en première coupe des associations en 2016 est de 5 à 6 t de MS/ha avec une quasi-absence de luzerne, tandis que la luzerne pure, désherbée ou non, produit seulement 2 t de MS/ha. « Les conditions particulièrement douces de l’hiver 2015-2016 ont largement profité aux trèfles et renforcé encore leur concurrence envers la luzerne », précise Stéphanie Guibert, de la chambre d’agriculture de la Mayenne.
Cette situation favorable aux trèfles explique aussi l’absence totale de salissement dans l’essai d’Ernée, contrairement à celui de Brecé où la présence des trèfles n’a pas amélioré la maîtrise du salissement.
L’association luzerne-trèfle violet sort du lot
Concernant le rendement total annuel à Brecé, il est très proche entre luzernes pures et associations luzerne-trèfle annuel : 10 à 12 t de MS/ha pour une production de matière azotée totale (MAT) de 2 à 2,25 t/ha. L’association luzerne-trèfle blanc réalise des performances similaires. Seule l’association luzerne-trèfle violet sort du lot, atteignant 13,5 t de MS/ha, dont 2,5 tonnes de MAT.
À Ernée en 2016, c’est également le couple luzerne-trèfle violet qui enregistre les meilleurs résultats avec un rendement annuel de 9 t de MS/ha, suivi des couples luzerne-trèfle incarnat (8 t) et luzerne-trèfle squarrosum (7 t). Les autres modalités sont autour de 6 t. Du point de vue de la productivité, l’association de la luzerne avec un trèfle violet pérenne montre donc un avantage : + 5 à + 45 % en première année par rapport au témoin luzerne pure désherbée. En revanche, il y a une forte dominance du trèfle violet dans la production : au moins les deux tiers du volume dans la plupart des coupes. Par ailleurs, le salissement est bien maîtrisé. « Cette combinaison peut se révéler intéressante pour des parcelles hétérogènes, dans lesquelles l’une ou l’autre espèce sera favorisée en fonction des conditions pédoclimatiques, commente Stéphanie Guibert. Il faut noter qu’un semis de printemps tel que celui de Mauron semble permettre un meilleur équilibre entre le trèfle violet et la luzerne. »
De son côté, le trèfle blanc, associé à la luzerne, va contribuer de manière plus équilibrée à la répartition du volume de production. Mais la productivité du mélange reste sensiblement identique à celle du témoin luzerne pure désherbée. « Le trèfle blanc est intéressant dans la maîtrise du salissement et mérite d’être observé sur la durée de vie de la luzerne », conclut Stéphanie Guibert. L’observation de ces associations entre luzerne et trèfles pérennes sera poursuivie en 2017.
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