-k1TH-U101308970581rsB-625x180@leleveurlaitier.fr-1000x562.jpg)
En Mayenne, une dizaine d’éleveurs produit de la luzerne, du trèfle et des mélanges multi-espèces récoltés à 50 % de MS puis séchés en vrac chez un prestataire.
«L’association Alumé est née de la volonté d’une dizaine d’éleveurs de cultiver des fourrages riches en matière azotée et de l’opportunité de posséder à proximité un séchoir attenant à une unité de méthanisation, explique Stéphane Lorin, exploitant à Landivy (Mayenne) et président de cette association reconnue GIEE. Depuis bientôt deux ans, nous récoltons du fourrage humide et nous le faisons sécher dans un bâtiment afin d’être moins dépendants de la météo, de limiter les pertes de feuilles et ainsi de mieux valoriser notre production. » La solution de séchage a été apportée par Fertiwatt, une structure créée à l’initiative du Gaec Blanchelande sur la commune voisine de Fougerolles-du-Plessis. Alain Bessiral, cogérant de Fertiwatt, retrace l’historique : « Le Gaec comprend un atelier lait avec une centaine de vaches, un troupeau allaitant de 70 blondes d’Aquitaine et un poulailler de 1400 m². Depuis longtemps, nous avions réfléchi à cette installation. Après avoir trouvé un accord avec des voisins apporteurs de lisier, nous avons créé Fertiwatt en 2013. Le projet comprend un méthaniseur d’une capacité de production électrique de 330 kW, associé à un séchoir multiproduit de même puissance pour valoriser la chaleur issue de la cogénération. Le Gaec cultive 10 ha de luzerne environ, mais c’est insuffisant pour occuper le séchoir à plein temps. Nous nous sommes rapprochés d’éleveurs des environs pour bâtir un projet collectif. Ils se sont fédérés dans l’association Alumé. Pour répondre à leurs besoins, nous avons construit deux cases intérieures de 4,80 m x 17 m avec ventilation d’air chaud par le sol au moyen de grilles. Chaque case a une capacité d’environ 10 t de MS. »
Le méthaniseur et le séchoir sont opérationnels depuis l’été 2016. Dès le début, les éleveurs se sont organisés avec un planning de récolte pour alimenter l’installation de manière régulière. Dans un premier temps, chaque producteur gère ses travaux de fauche, fanage et andainage, puis le fourrage est pressé en grosses bottes rectangulaires avant d’être apporté au séchage. « Au départ, nous pensions que le big-baller serait la meilleure solution pour optimiser la logistique, ajoute Alain Bessiral. Les deux cases de séchage ont été conçues pour recevoir 28 bottes chacune sur une seule couche. Mais dans les faits, ce n’était pas l’idéal : malgré le planning prévisionnel, le nombre de bottes récoltées ne tombait jamais juste pour remplir la case. Dans un même lot, tous les big-ballers n’avaient pas non plus le même taux de matière sèche. Certaines bottes étaient parfois plus serrées que d’autres, si bien qu’elles ne séchaient pas à la même vitesse. Nous perdions du temps en manutention pour sortir les balles sèches et replacer celles qui étaient encore humides. Chez les éleveurs, la reprise et la distribution des big-ballers ont posé aussi des problèmes car tous n’avaient pas les outils adaptés. C’est pourquoi lors du bilan à l’hiver 2016-2017, nous avons opté pour une récolte et un stockage en vrac. »
Une récolte à l’autochargeuse
Pour simplifier l’alimentation du séchoir, il est décidé que Fertiwatt doit prendre en charge la logistique. Alain Bessiral contacte l’importateur de remorques autochargeuses Schuitemaker, basé en Mayenne. Un modèle de 60 m3 est loué pour une saison. « Avec la nouvelle organisation, les chantiers se sont nettement simplifiés, reconnaît Stéphane Lorin. En début de saison, le groupe se réunit pour établir un calendrier de récolte selon les parcelles que chacun propose. La surface totale en 2017 était de 80 ha, dont la moitié environ en luzerne pure et le reste composé de parcelles de trèfle pur, de trèfle violet associé à du ray-grass hybride, et de différents mélanges multi-espèces. Une fois le planning établi pour la première coupe, l’ordre reste généralement le même par la suite. Les exploitants récoltent entre quatre ou cinq coupes pendant la saison. Chaque éleveur fauche ses parcelles avec les outils dont il dispose, de préférence le matin avant la rosée. Un fanage est effectué dans la foulée, suivi d’un second passage de faneuse le lendemain. Le plus souvent, nous andainons le deuxième jour, environ deux à trois heures avant la récolte en évitant de passer aux heures les plus chaudes. L’objectif est d’atteindre 50 à 60 % de matière sèche au champ, ce quiest apparemment le meilleur compromis, car au-delà, les pertes de feuilles deviennent plus importantes. Évidemment, les contraintes de la météo nous obligent parfois à modifier nos plans, mais avec le séchoir, il est possible de rentrer le fourrage à seulement 30 % de MS. »
Fertiwatt s’occupe de la récolte à l’autochargeuse, du séchage et, souvent, du retour du fourrage sec jusqu’à la ferme. La machine est équipée de couteaux, le chauffeur ne les utilise qu’à la demande des éleveurs. Chaque remorque est pesée à l’entrée et à la sortie afin de mesurer le rendement de chaque lot. Le foin humide est vidé dans la cour, puis repris au godet pour être étalé sur une épaisseur de 80 à 130 cm.
Un coût moyen de 80 €/t de MS rendu ferme
« En vrac, le séchage est plus homogène qu’en bottes, précise Alain Bessiral. Si deux éleveurs fournissent du foin le même jour, il suffit de placer des big-ballers de paille dans la case pour créer une séparation, et ainsi chacun récupère sa marchandise à la fin. Les cases sont équipées de sondes de température et d’humidité. L’objectif est d’amener le fourrage à 15 % d’humidité. L’air chaud est recyclé et passe plusieurs fois dans l’échangeur jusqu’à saturation en humidité. La chaleur provient du système de refroidissement du moteur de la méthanisation. Quand il est arrêté pour de la maintenance, nous pouvons aussi employer un brûleur à fuel ou une chaudière fonctionnant au biogaz provenant du méthaniseur. »
Selon les distances à parcourir entre la parcelle et l’installation de séchage, le coût moyen de la prestation en 2017 tournait autour de 80 €/t de matière sèche, intégrant le retour jusqu’à la ferme des éleveurs. Ces derniers ont fait leur calcul : ce prix est équivalent au tarif de l’enrubannage avec un transport jusqu’à la ferme également effectué par le prestataire. Mais cette formule de séchage a l’avantage de ne pas générer de plastique à éliminer. En aménageant des cloisons latérales sous un hangar, le stockage en vrac ne prend pratiquement pas plus de place que des bottes.
Après dix-huit mois de fonctionnement, le groupe semble avoir trouvé une organisation satisfaisante. Les éleveurs ne veulent pas en rester là puisqu’ils viennent d’investir dans un retourneur d’andains via une Cuma et qu’ils sont inscrits dans une démarche collective de progrès (voir encadrés). « Notre volonté est bien sûr d’optimiser le système, souligne Stéphane Lorin. Nous nous sommes engagés avec Fertiwatt sur un volume et, en échange, le prestataire nous assure la priorité sur le séchage de nos fourrages. Le groupe pourra évoluer si nécessaire, puisque la capacité du méthaniseur est amenée à augmenter et que l’installation de deux nouvelles cases de séchage est prévue. »
« Ensiler 38 ha de maïs, c’est rentrer l’équivalent de 75 000 € de stock »
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Maïs fourrage : « Un silo mal tassé monte rapidement à 15 % de freinte »
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
Biométhane ou électrique, les alternatives au GNR à l’épreuve du terrain
Facturation électronique : ce qui va changer pour vous dès 2026