
Quand, en 2012, Anne-Sophie s'est installée en Gaec avec son frère et ses parents, la famille Vrignon a choisi de remonter une salle de traite et de se séparer de son robot mis en service quatre ans plus tôt.
ALORS QUE LE ROBOT DE TRAITE A CONVAINCU BON NOMBRE D'AGRICULTEURS et a prouvé ses atouts, il arrive que des éleveurs équipés abandonnent ce système au bout de quelques années d'utilisation. C'est le cas du Gaec Vrignon, à Saint-Vincent-sur-Jard (Vendée). Dans cette exploitation familiale sont associés Micheline et Jean-Yves, les parents, leur fils Pierre-Yves, installé depuis 2004, et leur fille Anne-Sophie qui les a rejoints en 2012. « Nous avons acheté un robot Delaval en 2008, se souvient Jean-Yves. À cette époque, la ferme produisait 500 000 l de lait par an et nous avions une salle de traite en épis vieille de trente ans, plus vraiment adaptée. Le quai était trop bas avec des escaliers pour aller dans la fosse. Ma femme et moi avions tous les deux des problèmes de dos. L'arrivée du robot fut vraiment un progrès. » L'appareil ne comportait qu'une seule stalle, ce qui était suffisant pour le troupeau d'une soixantaine de têtes. Les deux premières années se sont très bien passées. En 2010, le Gaec a bénéficié d'une augmentation de son quota, passant à 630 000 litres de lait par an. La taille du troupeau a également évolué pour atteindre 72 vaches. C'est à ce moment que les problèmes ont commencé. Le robot était saturé et fonctionnait pratiquement en continu. Souvent mineures, des petites pannes survenaient presque toutes les semaines, de jour comme de nuit, y compris le week-end. À chaque fois, l'installation était arrêtée. « Le plus souvent, mon frère était le seul à pouvoir réparer. Il y passait beaucoup de temps, alors que mes parents et moi, nous nous sentions inutiles, ajoute Anne-Sophie. Quand le concessionnaire devait intervenir, l'attente pouvait durer trois ou quatre heures. Puis il fallait se dépêcher de faire repasser les vaches une à une pour rattraper le retard. Je n'avais pas l'impression d'avoir de contact avec les animaux. » Ces soucis techniques se répercutaient sur le rythme de traite des vaches, engendrant des problèmes sanitaires et une dégradation de la qualité du lait. À cette période, le taux de cellules montait fréquemment au-delà de 250 000/ml.
« INSTALLER UNE DEUXIÈME STALLE N'ÉTAIT PAS RENTABLE »
Fin 2011, le projet d'installation d'Anne-Sophie se précisant, le Gaec obtient une nouvelle augmentation de quota de 200 000 l. Une rallonge intéressante, mais impossible à réaliser avec une seule stalle. Or, installer un deuxième robot n'est pas rentable avec 25 vaches de plus. C'est là que le projet de revenir en salle de traite voit le jour. Les quatre associés se rapprochent de leur concessionnaire Delaval, qui accepte une reprise du robot pour un montant de 65 000 €. En échange, ils achètent une salle de traite par l'arrière de 2 x 8 postes pour 88 000 €. Le hangar existant est rallongé de 20 m pour installer l'aire d'attente, la salle de traite et une nouvelle nurserie.
« Nous avons choisi un système simple, sans compteur à lait, avec uniquement le décrochage automatique, souligne Pierre-Yves. Nous avons réalisé une grande partie de la maçonnerie. Seule la construction de la salle de traite a été confiée à des professionnels. L'installation est pré-équipée pour passer en 2 x 10 postes si, à l'avenir, nous voulons accroître la taille du troupeau. »
« IL NOUS A FALLU UNE GROSSE SEMAINE D'ADAPTATION »
Cette nouvelle salle de traite a été mise en service en octobre 2012. L'adaptation du troupeau à la salle de traite a duré une grosse semaine. Au début, il fallait attacher les portes de sortie avec une sangle. En effet, les vaches encore peu habituées poussaient toutes en même temps sur les portes, arrivant ainsi à les ouvrir. Mais cela n'a duré que quelques jours. Désormais, le temps de la traite est fixe : deux heures le matin, y compris les soins aux veaux, et une heure et demie le soir. Ce sont le plus souvent Micheline et Anne-Sophie qui s'en chargent, alors que les hommes sont aux champs sans crainte d'être interrompus dans leurs travaux. Les problèmes techniques font maintenant partie du passé et le taux de cellule s'est rapidement stabilisé aux alentours de 100 000 à 120 000/ml. La nouvelle installation n'a plus rien à voir avec celle qu'utilisaient autrefois les parents. Les griffes sont plus légères, le quai plus haut et tout est de plain-pied. Les veaux à nourrir sont juste à côté de la salle de traite, ce qui est également très pratique. Avec le recul, tout le monde est satisfait du virage pris au moment de l'installation d'Anne-Sophie. « Ce robot a rendu service à une certaine époque, mais il fallait évoluer, reconnaît-elle. Nous n'étions sans doute pas faits pour travailler ainsi. Personnellement, je suis beaucoup plus à l'aise en salle de traite, notamment pour les soins. Le travail est un peu plus physique, mais cela reste supportable et j'ai surtout l'impression d'être plus proche des animaux. »
DENIS LEHÉ
La stabulation existante a été prolongée pour accueillir l'aire d'attente et la salle de traite.
L'installation de traite par l'arrière comprend 2 x 8 postes.
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