
Jouer collectif. Afin d’inciter les éleveurs bio à rejoindre la Cuma, le groupe a choisi d’investir dans une planteuse de plants en mini-mottes. Ici, toutes les charges de mécanisation sont mutualisées.
L’aventure a commencé en 2018.La renaissance de la betterave fourragère en Aveyron s’est organisée autour d’un groupe d’une vingtaine d’éleveurs laitiers (bovins et ovins). Une Cuma départementale a soutenu cette activité pour développer petit à petit une mécanisation collective. Aujourd’hui, ils sont 40 adhérents, répartis sur cinq départements, tous animés par la volonté de progresser et d’élargir le groupe. La Cuma leur offre un service complet : semis, binage, récolte avec tracteur et chauffeur. Pour un total de 80 ha semés chaque année, l’investissement a été conséquent, notamment pour la bineuse Steketee (56 500 €) et l’effeuilleuse-arracheuse-chargeuse d’occasion Grimme Rootster 604 (78 500 €). Cette année, un nouvel équipement a rejoint la Cuma : une planteuse pour plants en mini-mottes, de marque Sameco-Courtois, achetée 22 000 €. Cette acquisition est destinée à attirer de nouveaux éleveurs en agriculture biologique. Ils sont aujourd’hui une quinzaine dans ce groupe. Car cultiver de la betterave bio n’est pas chose aisée. Le désherbage est compliqué à gérer tout comme la lutte contre les altises, un redoutable ravageur capable de détruire les plantules dès la levée. Des échecs cuisants en semis direct ont amené des éleveurs à abandonner cette culture. Une des solutions est d’utiliser des plants de trois ou quatre feuilles, livrés en mini-mottes, prêts à être plantés. Il faut pour cela une planteuse spécifique. Les éleveurs aveyronnais avaient acquis une machine d’occasion qui n’assurait pas une bonne mise en terre. Étant donné le prix des plants (0,3 ct d’euros soit 1 500 €/ha pour une densité de 50 000 pieds), un outil plus performant s’imposait.
4 h 30 pour planter un hectare
La SAM18 acquise chez Samco est une planteuse semi-automatique six rangs (50 cm d’interrang). La densité est réglable hydrauliquement depuis le tracteur. La plantation nécessite trois opérateurs qui alimentent chacun deux rangs et un autre qui apporte les cagettes de plants et contrôle la mise en terre.La préparation du sol doit être minutieuse pour obtenir une terre bien affinée. Comme pour le semis direct, le tracteur utilise un guidage par GPS RTK. Le choix des mini-mottes oblige souvent à arroser après le repiquage pour assurer une bonne reprise. Certains se servent de la tonne à lisier et anticipent en laissant des rangs libres pour le passage des roues.
Ce service de la planteuse n’intéresse aujourd’hui que cinq adhérents dans la Cuma mais l’espoir est d’attirer d’autres éleveurs. Il faut dire que l’esprit Cuma n’est pas un vain mot dans ce groupe qui a mutualisé tous les coûts de mécanisation. La planteuse est au même tarif que le semoir. Pourtant, il faut environ 4 h 30 pour semer 50 000 plants sur un hectare. « Nous nous sommes organisés pour essayer d’être le plus attractifs possible. L’intérêt du groupe est que chacun réussisse au mieux cette culture et que le cercle s’agrandisse. Par exemple, le tarif du deuxième binage est 50 % moins cher que le premier pour inciter à optimiser le désherbage. Car tout le monde a intérêt à ce qu’il n’y ait pas trop d’herbe dans les parcelles à la récolte », explique Patrick Couderc, l’un des responsables de la Cuma.
La Cuma, centre névralgique
Ce service complet occupe un chauffeur à temps plein pendant près de six mois : d’avril à juin puis de septembre à novembre, soit plus de 700 heures. Les adhérents étant éparpillés sur un vaste territoire, le tracteur fait aussi beaucoup de route. Au bout de cinq ans, il a fallu changer les pneus. Un chauffeur professionnel est indispensable au fonctionnement. Le matériel est très spécifique et demande expérience et doigté, comme la bineuse avec guidage par caméra et GPS RTK. L’enregistrement précis et rigoureux des travaux effectués est aussi indispensable pour que la FDCuma puisse facturer. L’organisation des tournées se décide en début de campagne sous la responsabilité d’un groupe de pilotage assuré par quatre adhérents. Au printemps, semis, plantations, binages s’enchaînent sans se chevaucher. Par souci de simplification, tous les adhérents sèment la même variété (Summo). Les plants sont achetés à un maraîcher des Côtes-d’Armor. Le groupe reçoit aussi l’appui de la RAGT pour les protocoles de traitement. Le service complet de cette mécanisation revient à environ 800 €/ha.
« Sans cette Cuma, nous n’aurions pas pu développer les surfaces comme nous l’avons fait. C’est rassurant pour les adhérents, qui peuvent se concentrer sur le désherbage et la lutte contre les altises. C’est déjà une tâche prenante avec, parfois, trois ou quatre passages. La betterave est une culture qui se mérite. Certes, ce coût de mécanisation peut paraître important, mais le bénéfice obtenu, grâce à une moindre sensibilité de la betterave à la sécheresse, comparé au maïs et aux performances sur le troupeau, compense largement. Et nous avons encore un potentiel de développement dans notre région pour accueillir de nouveaux adhérents », insiste Patrick Couderc.
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