
Autoproduction. Aurélien Ragot a investi dans un toasteur électrique Mecmar pour valoriser en autoconsommation les mélanges de triticale et de féverole de son exploitation. Cet équipement est couplé à un tracker solaire installé à côté de la stabulation.
«Depuis plus de cinq ans, je suis engagé, à la demande du groupement de producteurs Biolait, dans une démarche visant à acquérir plus d’autonomie protéique pour l’alimentation du troupeau, explique Aurélien Ragot, éleveur bio à Saint-Mars-du-Désert en Mayenne. Au départ, j’ai pris cela comme une contrainte, car j’avais peu de solutions efficaces. Mais petit à petit, j’ai adapté mes pratiques en cultivant plus de trèfles dans les prairies et en semant de la féverole. Mon objectif est de devenir totalement indépendant sur le plan alimentaire. » L’exploitant s’est installé en 2011, un an après la conversion de la ferme en bio par ses parents. Depuis 2017, il cultive des mélanges de triticale et féverole qu’il sépare ensuite à la moisson, avant de les stocker et de les aplatir pour les incorporer à la ration. La part de ce méteil dans la SAU a régulièrement augmenté. Elle couvre aujourd’hui 45 ha. Pour donner plus de valeur alimentaire à la féverole, Aurélien Ragot utilise aussi depuis cinq ans la technique du toastage. Le grain est soumis à un traitement thermique pendant un temps donné. Cette méthode améliore notamment les taux de PDIA et PDIE des protéagineux comme la féverole, le lupin ou le soja. Elle est employée par les industriels de l’alimentation animale et se développe aussi dans les fermes avec du matériel mobile, notamment celui de la marque italienne Mecmar, importée en France par la société Hervé Silo.
Fonctionnement automatisé
Jusqu’à l’an dernier, Aurélien Ragot faisait toaster son grain à la ferme par un prestataire possédant un camion équipé d’un matériel avec brûleur à fuel. « Quand j’ai appris qu’un modèle électrique de plus petite dimension était désormais disponible, j’ai contacté le vendeur. J’étais motivé par l’idée d’être totalement indépendant pour l’alimentation du troupeau, tout en couplant mes équipements à un tracker solaire pour utiliser l’électricité produite en autoconsommation. J’ai réfléchi à ce sujet et ai cherché le matériel adapté à mes besoins. » Le toasteur choisi est le modèle TX2 de Mecmar. Son débit est de 150 à 200 kg/h, ce qui correspond bien aux attentes d’une ferme individuelle. Aurélien Ragot l’a installé au bout de sa stabulation, à proximité de ses deux stalles de robot, dans une zone dédiée à la fabrication d’aliments. Ce modèle est assez compact : 1,95 m x 1,20 m au sol pour une hauteur de 2,85 m. Le grain arrive par le dessus et tombe dans une colonne verticale en tôle perforée, où il descend lentement. Cette colonne est traversée horizontalement par de l’air chaud.
En suivant les indications des sondes de température, il ajuste le flux de grains pour le faire ressortir à 110 °C. L’air chaud est recyclé afin de récupérer le maximum de calories et de limiter la consommation d’énergie au niveau des résistances. L’ensemble nécessite une puissance de 18 kW, mais la consommation réelle par kilogramme transformé est liée à la température de l’air extérieur. Le grain toasté arrive sur une vis qui le renvoie vers un aplatisseur. Une seconde vis emporte ensuite l’aliment vers une cellule de stockage avant distribution aux vaches pendant la traite. Le fonctionnement est automatisé et le toastage peut donc se dérouler sans la présence d’un opérateur à proximité. Seul bémol à signaler : le matériel se met parfois en sécurité si un défaut est relevé par un capteur. Mais le dispositif actuel n’envoie pas d’alerte sur le téléphone de l’éleveur.
117 m² de panneaux solaires
Le tracker solaire est un modèle de 117 m² à 108 panneaux, fourni par OKWind. Opérationnel depuis septembre 2021, sa puissance est de 22 kilowatt-crête (kWc), ce qui correspond à celle requise par l’ensemble des équipements. Les surplus de production sont injectés et stockés sur le réseau (lire encadré). Il a été installé dans une prairie, à une centaine de mètres du pylône où se trouve le compteur alimentant l’exploitation. La zone est dégagée, sans obstacle ni arbre pouvant provoquer de l’ombre, quand le soleil est bas. Son emprise au sol est minime : 4 m² pour le pied en béton qui supporte le poteau central. Les vaches et les tracteurs passent sous le panneau et l’installation ne perturbe pas plus l’exploitation de la parcelle qu’un pylône à haute tension. L’objectif était aussi de ne pas trop s’éloigner de la ferme pour limiter les frais de raccordement au réseau. Comparé à des panneaux fixes sur un toit, le tracker est toujours orienté vers le soleil. Il monte très vite en production le matin et conserve un rendement relativement stable jusqu’au soir, selon l’ensoleillement. « Le fonctionnement de la ferme avec les deux robots de traite et le tank à lait nécessite environ 6 à 8 kWh, précise l’éleveur. Quand il fait beau, je sais que le toaster peut fonctionner car la production d’électricité solaire couvrira les besoins supplémentaires. »
Maîtriser les coûts
En termes d’investissement, le tracker a coûté 53 000 €, y compris la maçonnerie et le toasteur, 37 000 €, mais l’exploitation a bénéficié d’une subvention de 40 %, accordée via le plan de relance. L’ensemble fonctionne en simultané depuis plus de six mois. L’éleveur suit les courbes de production et de consommation électriques journalières et les premiers résultats sont encourageants. « Le soleil fournit désormais une bonne partie de l’énergie utilisée sur l’exploitation, souligne Aurélien Ragot. Je vais m’organiser pour toaster au maximum, du printemps à l’automne, quand le temps est au beau fixe et stocker ensuite mon aliment. En hiver, il faut plus d’énergie pour réchauffer l’air et le rendement du tracker est moins important. J’ai décidé aussi de toaster le triticale, car je me suis aperçu que cela augmentait également sa valeur alimentaire : selon un échantillon analysé puis interprété par le contrôle laitier, je pourrais économiser ainsi jusqu’à 300 g de féverole par jour. »
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