
Renouvellement. Dans le cadre de vêlages groupés, François Blot conduit en pâture des lots pouvant dénombrer une cinquantaine de petites génisses kiwi pendant la phase d’allaitement.
Installé il y a dix ans à Pré-en-Pail, en Mayenne, François Blot a bouleversé son système de production après le départ de deux associés. Seul sur la ferme, le jeune éleveur a opté pour une conversionbio (il est certifié depuis 2018), associée à la mise en place d’un système pâturant 100 % herbager, inspiré du modèle néo-zélandais : vêlages groupés, pâturage tournant dynamique sur des paddocks d’un jour et conversion du troupeau mixte normandes/holsteins en race kiwi.
« Dans ce système, la mélangeuse est à l’arrêt du 15 mars au 15 octobre. J’ai d’abord fait ce choix pour des questions de temps de travail et je ne reviendrai pas en arrière. Aujourd’hui, nous sommes trois sur la ferme, nous avons un rythme de 35 heures de travail hebdomadaire et un niveau d’EBE compris entre 2 000 et 2 200 €/ha. »
La mise à l’herbe précoce, base de l’éducation au pâturage
Dans une logique d’efficacité économique, François a conservé deux périodes de vêlage : la première en février-mars, la seconde en septembre-octobre. Pour caler les vêlages sur une courte période, il a accepté de pénaliser les performances laitières de certains animaux en prolongeant leurs lactations. Les vaches normandes sont inséminées avec des races à viande. Le renouvellement du troupeau se fait par croisement d’absorption, en inséminant les vaches holsteins avec des doses de taureaux kiwi, mais aussi par achat de petites génisses, dans l’optique de constituer un troupeau 100 % kiwi de 250 vaches. « L’efficacité alimentaire de la kiwi est à la base de ce système. Cette race a la faculté de supporter une légère sous-alimentation pendant un à deux mois d’été. Sa consommation peut alors descendre à 12 kg MS/jour, sans trop perdre d’état, et donc sans pénaliser la reproduction. Sur ce principe, l’éducation au pâturage est très importante. Elle commence par une mise à l’herbe précoce des veaux. »
Depuis la campagne 2020-2021, l’éleveur a mis en place un protocole d’élevage des génisses de renouvellement qui commence en stabulation : pendant la phase colostrale (de J0 à J4), elles sont allaitées au lait maternel, en cases collectives comportant jusqu’à quatre individus. Elles y reçoivent deux repas de 2,5 litres/jour dans des bacs Milk Bar de quatre places compartimentées. Puis elles basculent dans des cases collectives pouvant contenir jusqu’à 12 individus, avec deux repas de 3 à 3,5 litres de lait de tank distribué dans un bac multitétines non compartimenté.
550 litres de lait entier pour un sevrage à trois ou quatre mois
La mise à l’herbe a lieu dès qu’un lot de 20 génisses peut être constitué. Il est agrandi au fur et à mesure des vêlages. Cette année, dans un contexte de changement de race, le lot mis à l’herbe le 6 avril a été complété par l’achat d’une vingtaine de petites génisses kiwi : soit 45 individus âgés de 4 jours, pour les plus jeunes, à 1,5 mois pour les plus âgées. L’éleveur a choisi une prairie bénéficiant de haies pour protéger du vent, avec la mise à disposition d’une cabane mobile. « Les génisses s’y réfugient uniquement quand il pleut, observe François. Par temps froid, avec parfois des gelées blanches matinales, elles restent dehors, couchées en rond les unes contre les autres. » La mise à l’herbe se fait dans une herbe rase, pour inciter à consommer du concentré. La parcelle de 1,5 ha est divisée en trois paddocks sur lesquels les génisses tournent, en fonction du salissement.
L’allaitement se poursuit au lait entier de tank, distribué à l’aide d’une remorque mobile Milk Bar de 50 tétines tirée par un quad. Un investissement de 3 695 € qui va de pair avec le système néo-zélandais. De deux repas de 3,5 litres/jour, le volume de lait distribué monte rapidement à deux repas de 5 litres. Par temps froid, François n’hésite pas à distribuer jusqu’à 7 litres de lait par repas, afin d’apporter suffisamment d’énergie au métabolisme des jeunes animaux. Le passage à un seul repas par jour se fait autour de 42 jours, lorsque le rumen est assez mature pour valoriser des aliments solides. Ce repas unique est distribué le soir pour inciter les génisses à consommer, à leur réveil, du concentré et de l’herbe. Au pâturage, elles ont à disposition de l’eau et un concentré à base d’un mélange de matières premières dosant 15 % de MAT, renouvelé deux fois par jour, sans paille, ni foin. Le sevrage est programmé entre trois et quatre mois d’âge, soit une consommation de 25 000 litres de lait au printemps ou l’équivalent de 550 à 600 litres de lait entier par veau.
« Ni diarrhées ni toux au pâturage »
Après le sevrage, l’élevage des génisses est délégué à un éleveur, à l’extérieur. Elles sont nourries exclusivement à l’herbe jusqu’à la phase de préparation au vêlage. Les premières pesées, réalisées dès leur arrivée, révèlent des poids conformes aux recommandations : entre 120 kg et 150 kg. « Compte tenu des écarts d’âge, il y a bien sûr des génisses hors gabarit. Mais, pour des raisons de simplification du travail, je préfère conserver ce système en me calant sur les animaux les plus légers. Après seulement une année de recul, que ce soit au printemps ou à l’automne, je n’observe pas de problèmes de diarrhées ou de toux au pâturage. Il n’y a aucun frein, sinon dans la tête, à mettre les veaux dehors. »
Sur la base de pesées régulières bimensuelles, les génisses sont mises à la reproduction par saillie naturelle au printemps, à partir de 13-14 mois et 270 kg de poids vif, en vue de vêlages programmés à partir de mi-février. Elles auront en moyenne entre 22 et 23 mois. Ce système répond aussi à l’évolution du cahier des charges bio qui impose un accès extérieur des petits veaux au plus tard à 6 semaines, ce qui n’était matériellement pas possible au vu de la configuration des bâtiments. « Si je n’étais pas parti dans ce système, j’aurais dû investir. »
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