Sept pistes pour réduire les besoins en paille

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Litière. L’autonomie en paille est difficilement accessible pour les élevages bio, et même pour certains herbagers. Les organisations bio bretonnes ont recensé les alternatives et, pour chacune, les points positifs et les freins éventuels.

Si une dérogation permet aux éleveurs bio d’utiliser de la paille conventionnelle pour la litière, rien ne dit qu’elle sera pérenne. De plus, cette situation pose des questions en matière de cohérence. En effet, l’alimentation des troupeaux bio doit être à 100 % d’origine bio. Or il est difficile d’assurer qu’ils ne consomment pas un peu de la paille de la litière. On ne sait pas non plus ce que deviennent les éléments issus de la production de céréales conventionnelles (résidus de produits phytosanitaires notamment) dans le fumier produit par les élevages bio qui les utilisent. Enfin, les éleveurs bio cherchent naturellement à tendre vers l’autonomie. L’achat de paille pour la litière contrarie cet objectif. Par ailleurs, le réchauffement climatique fait peser une incertitude sur les rendements futurs du blé en Bretagne et donc sur la disponibilité en paille.

Tout cela a conduit le réseau GAB-Frab de Bretagne à rechercher des alternatives à la paille. Car si le cahier des charges de l’agriculture biologique impose un couchage sur une litière, il précise que celle-ci peut-être composée de « paille ou d’autres matériaux adaptés ».

Une enquête conduite en Ille-et-Vilaine chez une quarantaine d’éleveurs bio montre que 83 % d’entre eux ne peuvent pas se passer de paille. En effet, les génisses sont presque toujours élevées sur aire paillée, et 57 % des vaches le sont également. Le GAB-Frab Bretagne a regardé les surfaces allouées aux céréales à paille dans les élevages bio de la région. Elles sont clairement insuffisantes pour couvrir les besoins en paille pour l’alimentation et la litière.

Plusieurs pistes peuvent être explorées pour améliorer le niveau d’autonomie en paille : augmenter la surface en céréales, allonger la saison de pâturage, réduire le nombre d’UGB, ou encore, trouver des alternatives. Le GAB-Frab a recensé ces dernières (1). Le choix se fera en fonction de la disponibilité mais aussi de la configuration du bâtiment.

BOIS PLAQUETTE

Il s’agit de morceaux de bois de 3 à 5 cm issus du broyage des haies. Il faut éviter les résineux car ils contiennent naturellement un antibiotique qui pénalisera la vie dans le sol. Le bois ne doit pas avoir été traité.

On peut les utiliser pour la litière des génisses en constituant une couche de 6-8 cm, renouvelée deux à trois semaines plus tard. Il faudra curer toutes les quatre-six semaines, en fonction de l’état de propreté des animaux. On peut aussi alterner des couches de plaquettes et de paille (de 1 à 2 cm), tous les jours ou un sur deux. Une troisième voie consiste à créer une litière accumulée brassée. Dans ce cas, on apporte une couche de 15 à 20 cm de copeaux au début, et on la brasse régulièrement au cultivateur pour faire descendre les déjections et remonter les copeaux propres.

Les effluents produits mettront beaucoup de temps à se dégrader dans le sol et conduiront à une élévation du rapport C/N. Les micro-organismes auront besoin d’une grande quantité de sucre et d’azote pour dégrader ce produit, créant une faim d’azote s’ils sont épandus en fin d’hiver. Il faudra en tenir compte dans la fertilisation.

Le coût. Environ 16 €/m3. Très variable selon l’organisation du chantier et le montant des prestations.

Les avantages

Prix compétitif.

Autoproduction possible.

Gain de temps sur l’entretien de la litière les premières semaines.

Permet de stabiliser des zones très fréquentées.

Les inconvénients

Risques bactériologiques au niveau de la qualité du lait en l’absence de brassage.

Impact sur le sol.

SCIURE, FINES DE PLAQUETTES SÈCHES CRIBLÉES

Ces produits proviennent du sciage ou du rabotage du bois. Ils doivent être propres et secs. Les particules sont plus ou moins fines selon les techniques de production. Là aussi, il faut s’assurer que le bois n’a pas subi de traitements (insecticide, fongicide). On peut l’utiliser en fond de litière, pour constituer une couche absorbante de 8-10 cm d’épaisseur sur laquelle on apporte de la paille. Ce produit convient aussi en litière accumulée brassée, comme les copeaux de bois (voir plus haut), ou encore en logettes équipées de tapis et matelas. Dans ce cas, on apporte de 600 à 1 000 g/logette/jour, en fonction de la capacité absorbante.

Les caractéristiques des effluents produits se rapprochent de celles des copeaux de bois, avec une hausse de rapport C/N et un risque de faim d’azote. De plus, la sciure peut dégrader la porosité du sol.

Le coût. De 90 à 120 €/t.

Les avantages

Bonne absorption.

Confort des animaux.

Les inconvénients

Disponibilité et prix.

Dégagement d’odeurs boisées parfois­ gênantes.

MISCANTHUS ENSILÉ

Cette graminée pérenne reste en place une quinzaine d’années et peut être ensilée (brin de 1 à 3 cm) ou broyée. En litière accumulée brassée, on dispose au départ une couche de 7 à 9 cm et on brasse une ou deux fois par jour avec un outil à dents, pendant la traite, par exemple. Cette litière ne chauffe pas et ne fermente pas. Le curage ne s’impose que tous les deux à six mois. Le bâtiment doit être bien exposé et ventilé pour que la litière sèche avant le retour des animaux. Il faut aussi prévoir une surface de couchage supérieure par tête. En litière non brassée, il faudra rajouter du miscanthus régulièrement et curer plus souvent (toutes les trois à six semaines). Dans les logettes, on peut utiliser de la farine de miscanthus à raison de 400 à 600 g/jour.

Le coût. De 180 à 240 €/t à l’achat, 75 à 110 €/t en autoproduction.

Les avantages

Riche en lignine ce qui limite le développement des moisissures et des pathogènes.

Ambiance saine et sans odeur.

Les inconvénients

Poussière.

FARINE DE PAILLE

Il s’agit de paille broyée et défibrée en brins courts (de 5 à 20 mm). Son utilisation est limitée aux logettes équipées de matelas dans les bâtiments en système lisier. Elles doivent être garnies deux fois par jour à raison de 400 à 600 g/logette. Cette tâche est mécanisable avec un godet désileur ou un automoteur de nettoyage. Les brins de paille accélèrent la dégradation du lisier qui pourra être épandu à l’automne ou au début du printemps.

Le coût. 170 €/t si la paille vient de l’exploitation, 190 à 260 €/t à l’achat.

Les avantages

Bonne absorption.

Quantité nécessaire faible.

Ne colle pas aux mamelles.

Les inconvénients

Distribution manuelle contraignante, coût en cas de mécanisation.

MENUES PAILLES

Ce sont les résidus de nettoyage du grain lors de la moisson. Les moissonneuses peuvent être équipées d’un récupérateur. Le rendement est d’environ 1 t/ha. On peut les utiliser dans les logettes ou en sous-couche sur une aire paillée. Elles peuvent être bottelées puis apportées à la pailleuse. On peut aussi utiliser un automoteur de nettoyage.

Les menues pailles peuvent contenir de nombreuses graines, d’où la nécessité d’obtenir une réelle montée en température du fumier avant l’épandage.

Le coût. De 15 à 27 €/t.

Les avantages

Valorisation d’un sous-produit des céréales bio.

Les inconvénients

Rendement faible.

Nécessité d’obtenir un produit propre­, exempt de feuillage vert.

CANNES DE MAÏS

Les résidus de récolte de maïs grain ou épi peuvent être ramassés puis broyés et bottelés pour servir de litière. Le produit peut être trop humide pour pouvoir être stocké sous un hangar. S’il pleut sur les fanes lorsqu’elles sont au sol, elles ne pourront pas servir en paillage. On peut les utiliser en sous-couche pour une aire paillée destinée aux génisses. La présence possible de terre expose à un risque de butyriques. L’effluent s’apparente à un fumier classique.

Le coût. Environ 20 €/t.

Les avantages

Valorisation d’un sous-produit bio.

Les inconvénients

Récolte aléatoire.

Utilisation impossible pour les vaches laitières.

DOLOMIE, CALCAIRE BROYÉ

Ces produits utilisés comme amendements peuvent servir en sous-couche d’une aire paillée (de 10 à 15 cm), en mélange dans des logettes sur matelas ou en logettes creuses. Ils améliorent la valeur agronomique des effluents mais, en raison de leur densité, ils peuvent se déposer au fond des fosses. Il faudra donc brasser le lisier.

Le coût. De 30 à 45 €/t.

Les avantages

Produit basique à effet assainissant.

Pas de poussière.

Le sable dolomie limite la présence des mouches.

Les inconvénients

Disponibilité.

Pascale Le Cann

(1) 28 pages, 10 € HT (5 € pour les adhérents au GAB). Un extrait du guide est visible sur le site www.agrobio-bretagne.org/publications

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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