La monotraite pour la souplesse

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Études. Pour une semaine ou durant toute la lactation, la monotraite réduit la charge de travail avec des contreparties désormais connues et donc gérables.

En vogue dans les années 2000, la monotraite redevient d’actualité. Certains éleveurs n’ont jamais renoncé à cette pratique. Les chambres d’agriculture de Bretagne se sont appuyées sur leur expérience pour synthétiser les connaissances sur cette pratique, à l’occasion d’un webinaire le 1er avril. La ferme expérimentale de Trévarez a conduit un essai sur le sujet. Il n’existe pas une, mais plusieurs manières de recourir à la monotraite. Pendant une semaine, seulement pour les vaches en fin de lactation, ou encore toute l’année sur l’ensemble du troupeau, les pratiques observées varient.

Une pratique simple et réversible

Dans tous les cas, la monotraite est facile à mettre en œuvre et elle est réversible. En moyenne, la production laitière recule de 20 à 25 %, les taux augmentent et la composition fine du lait n’est pas modifiée. Les vaches s’adaptent en deux ou trois jours. Lorsque la monotraite est mise en place pour une durée limitée, le retour à deux traites entraîne une remontée du niveau de production plus ou moins rapide.

« Passer à une traite par jour pour faire face à une pointe de travail ou à l’absence imprévue d’une personne ne pose aucun problème », affirme Isabelle­ Pailler, conseillère à la chambre d’agriculture du Finistère. Les conséquences économiques sont minimes. Elle anime un groupe d’éleveurs herbagers et souvent en bio dans le Finistère. Beaucoup ont adopté la monotraite, de manière permanente ou non. Ils observent un taux de renouvellement plus faible, en lien avec une amélioration de la longévité. Cette pratique leur permet de mieux valoriser les parcelles éloignées par le pâturage des vaches en production puisque le troupeau ne se déplace qu’une fois par jour. En revanche, la gestion des mammites s’avère plus compliquée car les mamelles sont vidées moins régulièrement. Les travaux réalisés à Trévarez permettent d’aller plus loin sur l’évaluation des performances technico-économiques. Deux lots de 27 vaches traites une ou deux fois par jour sur l’ensemble de la lactation ont été comparés. Elles étaient conduites en vêlage groupé sur la fin de l’hiver avec du pâturage seul pendant six mois. La ration hivernale reposait sur de l’ensilage de maïs.

La production de lait brut a baissé de 24 % mais les taux ont gagné deux points. La perte d’état est plus modérée en monotraite (- 0,7 point contre - 0,9) et les réformes ont été mieux valorisées. 85 % des vaches ont été fécondées en trois mois dans le lot trait une fois contre 72 % dans l’autre, soit une baisse de l’intervalle vêlage-insémination fécondante de onze jours. Le risque de mammite augmente avec la monotraite. Les observations montrent une bonne adaptation des animaux à la monotraite. Le temps de travail d’astreinte a été réduit de 17 %. « La consommation de fourrages et de concentrés a diminué mais le coût alimentaire a augmenté de 7 €/1 000 l », note Élodie Tranvoiz, qui a suivi cet essai. Elle a calculé que pour maintenir un volume de lait livré à 420 000 l de lait en monotraite, il fallait passer de 67 à 90 vaches et augmenter la surface fourragère de 17 ha. Dans ces conditions, le produit de l’atelier augmente de 16 686 € avec la monotraite, grâce à la hausse de prix du lait et de la viande. En maintenant un effectif de vaches constant, la marge brute recule de 38 000 €.

Le troupeau doit être sain en cellules

L’analyse économique doit être réalisée au cas par cas. L’augmentation du cheptel engendre souvent une hausse des charges de structures qui doit être prise en compte. « La monotraite est accessible dans tous les types d’élevages, y compris ceux qui ont une productivité par vache élevée », affirme Guylaine Trou, du pôle herbivore de la chambre d’agriculture de Bretagne. Mais le troupeau doit être sain en cellules. Mieux vaut sortir au pâturage, en particulier pour les vaches en début de lactation qui peuvent perdre un peu de lait. Par la suite, l’état d’engraissement est à surveiller. De plus, avant de se lancer, il faut réfléchir à l’alimentation des veaux s’ils sont nourris au lait entier. Car ils recevront du lait plus gras. Les animaux peuvent être sélectionnés sur leur aptitude à la monotraite. En Nouvelle-Zélande, pays où la pratique est répandue, un index spécifique évalue ce caractère.

Pascale Le Cann
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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