« Avec le robot d’alimentation, on gagne deux heures par jour »

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Automatisation. Sur cet élevage d’Ille-et-Vilaine en zéro pâturage, le robot nourrit désormais l’ensemble du cheptel. Un investissement de 190 000 € que les associés du Gaec du Champ Fleury jugent rentable, même s’ils manquent encore de recul.

À l’heure de remplacer la mélangeuse, les associés du Gaec du Champ Fleury, à Liffré (Ille-et-Vilaine), ont envisagé l’automatisation de l’alimentation. « La main-d’œuvre représente une contrainte forte chez nous », explique Frank Perrodin, l’un des associés. Avec la mélangeuse, il fallait deux heures et demie chaque jour pour nourrir tout le monde. Les éleveurs ont comparé les coûts et l’adaptation à leur structure. Il fallait compter 135 000 € pour une distributrice, 190 000 € pour la robotisation. Et cet investissement ouvrait droit à des subventions dans le cadre du PCAE. Les frais de maintenance et d’entretien étaient évalués à 4 500 €/an dans les deux cas.

Des travaux limités d’aménagement

Avec l’ensemble du cheptel présent sur le même site et l’existence de surfaces bétonnées importantes, l’exploitation était adaptée au robot d’alimentation sans réaliser de gros travaux. La cuisine pouvait être aménagée dans un bâtiment existant. Les associés ont donc opté pour l’automatisation et le robot Lely Vector fonctionne depuis fin octobre 2016.

Le coût s’élève à 150 000 € pour la machine, le rail, le grappin et les cellules à minéraux. S’y rajoutent l’achat de silos pour les concentrés, les vis et l’adaptation des charpentes pour poser les rails de circulation du grappin dans la cuisine. Il a également fallu acquérir une désileuse cube (15 000 €). Au total, le Gaec a investi 190 000 € comme prévu, et il a perçu 40 000 € de subventions.

L’éleveur juge la conduite de cet outil assez simple. Le robot recharge ses batteries une heure par jour, il peut travailler tout le reste du temps. Le chemin est balisé par des bandes métalliques posées au sol. Le robot les suit grâce à ses capteurs inductifs. « On passe un coup de balai de temps en temps, mais même si le trajet est un peu boueux, le robot ne se perd pas. » La vitesse d’avancement est réglée selon la pente. Il faut anticiper les périodes de gel pour faire en sorte que le robot ne glisse pas. La programmation de la ration peut être réalisée à distance via une tablette ou un téléphone.

Le robot est équipé de pare-chocs souples. En cas de présence d’un petit obstacle sur son parcours, la jupe tourne doucement et repousse l’objet pour continuer son chemin. S’il n’y parvient pas, le robot s’arrête et les éleveurs reçoivent une alerte. S’il s’agit d’une personne, par exemple, elle risque simplement d’être bousculée en douceur.

Des rations adaptées à chaque lot d’animaux

Les associés consacrent trois heures à l’approvisionnement de la cuisine pour quatre jours. Frank passe voir tous les jours, il repousse le fourrage dans les cases si nécessaire, ce qui ne prend guère plus de dix minutes. Le gain de temps est réel.

La ration est programmée pour une vache. Reste à entrer l’effectif du moment. Les éleveurs choisissent l’ordre d’apport des ingrédients et le fonctionnement de la vis dans le bol.

La ration des laitières a été maintenue. Le troupeau est conduit en deux lots (plus ou moins de 60 jours de lactation). Le premier groupe est en ration complète tandis que l’autre a accès à un Dac.

En revanche, les éleveurs ont modifié la ration des taries avec trois régimes différents en fonction de l’avancée de la gestation. Cela permet notamment d’adapter le minéral. C’est l’un des avantages de ce système, il est plus facile de concevoir des rations spécifiques pour des petits lots d’animaux.

Pour les laitières, le robot distribue douze à treize fois par jour. « Il repousse le fourrage régulièrement et mesure ce qui reste à l’auge à chaque passage. Il ne prépare une nouvelle ration que quand cela est nécessaire », précise Frank. Ce seuil est programmable pour chaque lot. Ici, une nouvelle préparation est lancée pour les laitières lorsqu’il reste moins de 10 cm d’épaisseur de fourrage dans l’auge. Le niveau des refus est considérablement réduit. Et les vaches ont de quoi manger en permanence. Le robot fait peu de bruit et ne les perturbe pas. Chacune vient manger quand elle le souhaite et les vaches dominées reçoivent donc, elles aussi, la totalité de leur ration. Il n’y a plus de compétition à l’auge.

L’éleveur manque encore de recul pour apprécier la rentabilité de cet investissement. « Le lait produit par vache a augmenté d’environ 2 kg sur les premiers mois », estime-t-il. Le logiciel calcule au quotidien l’efficacité alimentaire et elle devrait progresser.

Le suivi régulier de l’ingestion donne des indications sur la santé du troupeau. C’est un nouvel outil qui permet plus de précision dans la conduite de l’élevage et la détection des éventuels problèmes. Le logiciel calcule aussi le coût de la ration sur la base des données comptables.

Économies d’énergie et gain de temps

La consommation d’énergie est clairement réduite puisque l’automotrice brûlait du fuel (13 à 14 €/jour) tandis que la consommation électrique du Vector se limite à 2,50 €/jour. Le gain de temps représente une économie certaine. Les éleveurs ont plus de disponibilité pour la surveillance des animaux. De plus, en cas d’évolution sur la machine ou le logiciel dans les années à venir, la mise à jour est prévue dans le contrat avec Lely. L’éleveur espère que le robot aura une durée de vie plus longue que les dix ans généralement observés pour une automotrice. Les pièces d’usure, telle la plaque en fond de cuve, peuvent être remplacées. Et en cas de grosse panne, les éleveurs ont toujours la possibilité d’utiliser leur pailleuse pour nourrir les animaux. Frank considère aussi qu’avec des animaux qui ne pâturent jamais, la machine tourne à plein toute l’année, ce qui favorise sa rentabilisation. Au final, il est confiant quant à la pertinence économique de cet investissement.

Pascale Le Cann

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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