Ces éleveurs ont choisi le godet mélangeur

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Rencontre avec deux éleveurs de la Sarthe ayant décidéde nourrir leurs troupeaux avec un godet mélangeur sur chargeur plutôt qu’avec une mélangeuse traînée. Objectif : gagner du temps sans immobiliser un tracteur.

J’ai longtemps utilisé un godet désileur-distributeur sur mon télescopique, mais sans la fonction mélange, je ne pouvais pas incorporer mes céréales, explique Benoît Drouin, éleveur bio à Rouez-en-Champagne dans la Sarthe. En 2014, nous avons acheté une mélangeuse traînée car je voulais aussi pouvoir ajouter de l’enrubannage afin d’améliorer la qualité de la ration. Rapidement, j’ai compris que ce système ne me convenait pas car cela mobilisait un tracteur qui pouvait me servir ailleurs. Le temps de mélange était relativement long et très gourmand en fuel. J’aurais aimé constituer un groupe de désilage en Cuma avec une automotrice, mais cela n’a pas pu se faire. C’est pourquoi, quand mon concessionnaire m’a parlé du godet mélangeur Robert à deux vis verticales, j’ai dit banco. »

« Je fais deux tours pour nourrir 70 vaches »

Le matériel est arrivé en septembre 2015. Sa capacité est de 2,5 m³, un volume adapté aux besoins de l’exploitation puisque deux tours suffisent à nourrir les 70 laitières. « Je l’ai installé sur un télescopique Merlo 28.8 de 100 ch, explique-t-il. Ce godet est équipé d’une mâchoire guillotine qui peut me servir à découper les bottes d’enrubannage. Dans le tas d’ensilage, la mâchoire laisse un front d’attaque propre. Je le remplis en deux fois, en commençant par la moitié haute du tas, puis en reprenant le bas. Nous avons la particularité de réaliser un silo en plusieurs couches : d’abord les prairies de mélanges graminées légumineuses, puis les couverts hivernaux. Ensuite, nous rouvrons le silo pour ajouter du trèfle violet et à l’automne vient le maïs. Nous ne donnons de l’ensilage qu’en hiver. Dès le printemps, les vaches vont uniquement au pré. » À cette ration, Benoît Drouin ajoute des céréales produites sur la ferme. Le grain est aplati et stocké dans une trémie équipée d’un système de pesée permettant d’incorporer exactement la dose souhaitée. « Je démarre le mélange pendant que les céréales tombent dans le godet, précise Benoît Drouin. Puis je continue à brasser en roulant jusqu’à la stabulation. Les vis verticales réalisent un travail homogène. Lorsque j’ajoute de l’enrubannage, il faut mélanger un peu plus longtemps.»

« Je n’utilise qu’une seule fonction hydraulique sur le chargeur »

« Globalement, ce godet est bien conçu. Je n’utilise qu’une seule fonction hydraulique sur le chargeur et je sélectionne avec un bouton électrique en cabine si je veux actionner la mâchoire, mélanger ou bien ouvrir la trappe sur le côté. Sous le godet, le constructeur a placé deux roues pleines pour éviter l’usure de la tôle de fond. C’est assez astucieux. À terme, quand je changerai mon télescopique, je m’équiperai d’un système de pesée sur la flèche pour connaître plus précisément la quantité d’ensilage que je charge. »

À quelques kilomètres de là, au Gaec du Pommeray à Assé-le-Boisne, Fabien Denis utilise lui aussi un godet mélangeur. Le sien est un modèle Mélodis à vis horizontale et fraise de désilage de marque Émily, acheté il y a cinq ans.

« La ration est mélangée avec davantage d’herbe »

« Sur la ferme, nous distribuons au godet depuis plus de vingt ans, souligne-t-il. Quand je me suis installé en 2011, j’ai décidé de passer en ration mélangée avec davantage d’herbe pour améliorer les performances du troupeau. À l’époque, j’avais plusieurs investissements à réaliser. Je ne voulais pas dépenser entre 30 000 et 40 000 € dans une mélangeuse traînée, ce qui, en plus aurait monopolisé un tracteur. C’est pourquoi j’ai choisi d’acheter ce godet. Il est équipé d’un brassage horizontal avec des pales à chaînes, adaptées pour les fibres, à condition qu’elles ne soient pas trop longues. Je ne pourrais pas, par exemple, intégrer du foin ou de l’enrubannage qui ne serait pas haché au ­préalable. » La ration comprend une grande partie d’herbe.

Fabien Denis récolte lui-même l’ensilage à l’autochargeuse avec des brins mesurant entre 4 et 8 cm. Son godet possède une trappe de chaque côté, une option choisie pour pouvoir distribuer à droite ou à gauche.

Sa capacité est de 4,2 m³ et pèse, à vide, 1,8 tonne. « Au départ, je l’avais placé sur le télescopique, ajoute-t-il. Cela fonctionnait bien, mais avec le fumier et tous les autres travaux de manutention, ce chargeur servait jusqu’à 1 200 heures par an. C’est pourquoi deux ans plus tard, j’ai acheté une chargeuse d’occasion ayant 7 500 heures, pour remplacer un tracteur avec fourche qui servait en appoint. Je l’utilise pour le fumier et la distribution de la ration car elle est équipée d’un système de pesée RDS en cabine. Je sais exactement les quantités de fourrage que je prends, puis j’ajoute du soja et des minéraux. Le mélange se fait en roulant et je ne perds pratiquement pas de temps. Je distribue deux godets pour les vaches laitières puis un troisième avec uniquement du maïs et de l’herbe pour les génisses et les vaches taries. Généralement, cela me prend au total quarante-cinq à cinquante minutes par jour. »

« Faire rapidement des petits mélanges »

Fabien Denis estime le prix de revient de la distribution à un tout petit peu moins de 17 €/1 000 l de lait produits (voir encadré). Un calcul qui intègre le coût de main-d’œuvre, l’amortissement du matériel et le fuel consommé. Ce tarif se situe dans la fourchette de ceux constatés dans les groupes de Cuma qui utilisent des automotrices de distribution.

La plupart d’entre eux annoncent en effet des prix de revient entre 14 et 20 €/1 000 l selon les situations. Sachant qu’en schéma classique, chez un agriculteur utilisant seul une mélangeuse tractée, le coût de la distribution revient souvent entre 22 et 30 €. « Le godet possède plusieurs avantages, comme celui de pouvoir faire rapidement de petits mélanges pour un lot d’animaux à part, explique l’éleveur. Depuis la cabine, j’ai une bonne visibilité sur ce qui se passe et je peux exploiter toute la longueur de cornadis en allant jusqu’au mur en bout du couloir. J’estime qu’avec ce prix de revient, mon système est bien placé, d’autant que les performances du troupeau sont là. »

Denis Lehé

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,46 €/kg net =
Vaches, charolaises, R= France 7,23 €/kg net =
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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