« Un tracker solaire produit une partie de notre électricité »

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Pionnier. Par souci d’économie, mais aussi parce qu’il a l’esprit pionnier, le Gaec Armor Crest a investi dans un tracker solaire qui couvre une partie de ses besoins en énergie.

En Gaec à Ruffiac (Morbihan), Yannick Rolland et Didier Houex sont toujours à l’affût des nouveautés. Déjà en 1997, ils étaient les premiers éleveurs bretons à installer un robot de traite. Dès 2009, ils investissaient dans 2 000 m² de panneaux photovoltaïques. « C’est une diversification rentable », remarque Yannick. Soucieux de l’environnement, le Gaec a également installé un prérefroidisseur et un système de récupération de chaleur. « Nous cherchons à optimiser le poste énergie sur l’exploitation », souligne Yannick. Dans le même esprit, ils ont remplacé le racleur hydraulique, très gourmand en énergie, par un système à corde, bien plus économe. Il présente aussi l’avantage d’être moins agressif, vis-à-vis des tapis par exemple.

« L’énergie solaire est disponible, autant la consommer »

Lorsqu’ils ont découvert les trackers solaires au Space, ils ont tout de suite été intéressés. Ce système permet de produire de l’électricité pour sa propre consommation. « L’énergie solaire est disponible. Il est dommage de ne pas la consommer et d’en acheter ailleurs ! »

C’est donc une préoccupation environnementale qui les a guidés. Mais pas seulement. Yannick constate que le prix de l’électricité reste assez bas en France, par rapport à nos voisins. Il anticipe donc une hausse probable du prix du kWh dans les années à venir. Produire soi-même deviendra alors nettement plus intéressant.

Le tracker solaire est posé sur un mât et son orientation comme son inclinaison peuvent varier. Un logiciel pilote ses mouvements en tenant compte de la position du soleil, mais aussi de la force du vent. Le panneau est donc toujours orienté face au soleil et perpendiculaire à ses rayons. Lorsque le vent souffle fort (supérieur à 40 km/h), le panneau se met à plat. Cette configuration permet, selon le constructeur, Ok Wind, de produire deux fois plus d’électricité qu’avec des panneaux fixes.

Le tracker produit de l’électricité du lever au coucher du soleil, sauf si le temps est couvert. Pour valoriser au maximum l’électricité produite, l’idéal est d’avoir une consommation électrique bien répartie sur la journée. C’est le cas du Gaec puisque l’élevage est équipé de trois robots.

Pour concevoir une installation adaptée, le constructeur est d’abord venu évaluer la consommation électrique de l’élevage. Il l’a observée durant trois semaines et a estimé qu’un panneau de 60 m² conviendrait. C’était en janvier 2016 et à l’époque, le Gaec avait prévu d’investir dans un troisième robot pour faire face à une augmentation de sa production laitière.

Il a donc choisi le panneau le plus grand disponible à ce moment-là, soit 80 m². Depuis, l’entreprise propose des trackers de 110 m².

« L’investissement sera rentable à moyen terme »

Le tracker a été implanté en février. Le choix du site est important. Rien ne doit faire obstacle aux rayons du soleil, même quand il est bas en hiver. Et il ne fallait pas non plus que l’installation fasse de l’ombre aux autres panneaux installés sur le toit du bâtiment. L’équipement est opérationnel depuis février. Le troisième robot est en place depuis début mai. L’installation fonctionne toute seule et les éleveurs disposent de tableaux de bord pour mesurer la production et la consommation. Depuis la mise en service, 83 % de l’électricité produite est directement valorisée sur site (taux d’autoconsommation). L’installation est donc assez bien dimensionnée par rapport aux besoins de l’exploitation : elle a permis de couvrir 28 % de ses consommations (taux d’autoproduction). Une partie de la production n’est pas valorisée (17 %) car elle dépasse les besoins sur certaines journées très ensoleillées (voir infographie). L’élevage doit aussi acheter de l’électricité pour couvrir ses besoins quand le tracker ne produit pas. « Nous réfléchissons à une optimisation de la valorisation », explique Yannick. Ils ont prévu d’installer des résistances pour chauffer l’eau avec l’électricité excédentaire qu’ils produisent. Celle-ci pourra être stockée et utilisée pour le nettoyage du robot. Les taux d’autoconsommation et d’autoproduction seront donc améliorés, et les achats nécessaires la nuit diminueront.

« On gagne en autonomie sur le plan énergétique »

Avec huit mois de recul, les éleveurs sont satisfaits. La production et donc le taux de couverture des besoins sont très variables selon la météorologie. Le mois de juin pluvieux de cette année a tout de même permis de couvrir 1,57 MWh pour un besoin de 5,91 MWh (soit 26,5 % de consommation couverte). Au mois d’août, l’installation a produit 2,64 MWh, couvrant 34,5 % des besoins.

Les deux associés ont investi 40 000,00 € dans cet équipement. Ils comptent sur un retour sur investissement d’ici sept à dix ans. Le suramortissement de la loi Macron a permis de rehausser l’intérêt fiscal. « Il ne s’agit pas d’un équipement très lucratif, mais l’investissement sera rentable à moyen terme, et nous gagnons en autonomie sur le plan énergétique », conclut Yannick.

Pascale Le Cann
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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