Semoir à maïs : la coupure de rangs, source d’économies

Supprimer les zones à double densité réduit ensuite le risque de verse à la récolte.D.L.
Supprimer les zones à double densité réduit ensuite le risque de verse à la récolte.D.L. (©D.L.)

Monograines. Les semoirs équipés de coupure de rangs par GPS sont de plus en plus utilisés, notamment dans les ETA et les Cuma. Avantages : pas de doublon en bordures, économie de semences, simplification du binage et risque de verse réduit.

Implanter le bon nombre de graines à l’hectare sans que deux rangs se croisent : voici le principal avantage offert par les semoirs à maïs équipés d’une coupure individuelle des éléments via un GPS. Cette technique se développe depuis quelques années, en raison notamment de l’économie de semences générée.

Julien Lebert, éleveur en Gaec à Écouflant, près d’Angers (Maine-et-Loire), en est convaincu : « J’ai délégué depuis plusieurs années les semis de maïs à l’ETA Cadeau, basée à quinze minutes de chez moi, car je ne trouve pas rentable d’investir dans du matériel pour une vingtaine d’hectares seulement, explique-t-il. Depuis trois saisons, ils utilisent un semoir mécanique avec coupure automatique des rangs par GPS. Je suis très satisfait du résultat. Dans la tournière en bout de champs, il n’y a aucun recroisement de maïs. Même chose dans les zones en triangle. Ce principe nous fait économiser de la semence, c’est certain, même si je n’ai jamais quantifié le gain. Auparavant, quand l’ETA utilisait son semoir classique, il manquait toujours une ou deux doses de graines à la fin pour terminer le chantier. Depuis, je fournis la quantité correspondant à la surface exacte et cela tombe juste ! »

L’économie de semences est effectivement difficile à estimer car elle dépend directement de la surface et de la forme de la parcelle.

6 à 12 € par hectare d’économies

Constructeurs, agriculteurs et techniciens l’estiment entre 4 et 8 % pour du maïs semé à 75 cm. Un chiffre non négligeable, puisque sur un peuplement de 95 000 pieds par hectare, avec des doses de 50 000 graines vendues entre 80 et 100 € selon la variété, l’économie varie de 6 à 12 €/ha. Sachant que le tarif de semis généralement pratiqué par une ETA est de 50 à 60 €/ha, ce n’est pas négligeable.

Confort et gain de temps

« Parmi les atouts, je pense aussi au confort et au gain de temps, ajoute Aurélien Gaugain, chauffeur attitré de ce semoir à l’ETA Cadeau. En bout de parcelles, la distribution s’activera au bon moment sans que j’aie à m’en occuper. Chez certains clients, je programme aussi des coupures pour les passages de l’enrouleur d’irrigation, ce qui fait économiser encore plus de semences. La console en cabine m’indique quels sont les rangs actifs et inactifs. Chaque descente est équipée d’un capteur infrarouge qui compte les grains et mesure la densité réelle. Ce système m’alarme en cas de problème si, par exemple, la distribution ne s’est pas enclenchée. »

Même sentiment positif à la Cuma du Don à Guémené-Penfao (Loire-Atlantique). Les adhérents ont acheté en 2018 un Monoshox NG Plus Ribouleau Monosem à entraînement électrique : « Nous l’utilisons pour implanter du maïs et des légumes destinés à l’industrie, précise Frédéric Daniel, du Gaec des Coteaux du Don. Économiser de la semence était l’une de nos motivations. Nous avions installé un kit de débrayage sur notre ancien semoir mécanique, mais cela ne marchait pas toujours correctement. Avec son entraînement électrique, le nouveau semoir fonctionne très bien, à condition d’avoir un signal GPS. » En effet, dans ce secteur très vallonné, le manque de couverture réseau pose parfois des problèmes pour le guidage, surtout dans les parcelles accidentées en bordure de bois. Certains jours, la console ne détecte aucun signal de positionnement. Un phénomène qui se produit uniquement le matin par temps de brouillard. Dans ce cas, il faut soit attendre un peu, soit commencer le chantier en manuel jusqu’au retour du signal GPS. Hormis ce léger souci, les adhérents s’estiment satisfaits de la technologie. Le semoir est monté en combiné sur une herse rotative. L’installation comprend aussi une cuve à l’avant pour l’engrais. Le matériel intervient sur cinq exploitations. Il y a dans chacune au moins un ou deux agriculteurs capables de le conduire.

Les modulations de semis sont en test

« Cet ensemble ne se confie pas à un chauffeur débutant, mais reste accessible, ajoute Frédéric Daniel. Nous sommes pour la plupart bien rodés à la technologie car nous utilisons du guidage sur beaucoup de chantiers en travail du sol ou d’épandage. Dans la Cuma, les huit tracteurs en copropriété ont tous l’Isobus et une console SF3 de John Deere. Le premier jour, il faut prendre un peu de temps pour se familiariser avec toutes les commandes, mais ensuite, pas de souci. L’entraînement électrique des différentes distributions permet aussi de modifier les doses de semences ou d’engrais. Cela nous a motivés à tester l’effet de la modulation de densité de semis sur le rendement à partir de cartes de sol. Nous avons encore peu de recul, mais là où le potentiel est limité, il peut être intéressant de réduire la dépense en intrants. »

Hormis l’économie de semences, la suppression des zones de double densité évite aussi de voir le maïs verser là où les rangs se croisent. La récolte est facilitée et la qualité du fourrage améliorée.

Les éleveurs qui binent leurs parcelles apprécient aussi de ne plus arracher de pieds dans les tours de fourrières. Pour plus d’efficacité, les constructeurs de bineuses proposent désormais des modèles avec relevage individuel de chaque élément. Une option intéressante pour passer partout dans les parcelles non rectangulaires. Ce principe s’inspire directement de la coupure de rangs sur le semoir, puisqu’il existe des versions à relevage manuel et des modèles pilotés par GPS où chaque élément remonte automatiquement avant de toucher le rang de la bordure.

Denis Lehé

© D. L. - Cuma.Frédéric Daniel, Kévin Belliot et Mikael Guihot (de g. à dr.) du Gaec des Coteaux du Don, estiment qu’en Cuma, il est préférable de conserver toujours le même tracteur avec un nombre limité de chauffeurs habitués au matériel.D. L.

© D. L. - Conduite. « Ce système apporte confort et facilité à la conduite­ », souligne Aurélien Gaugain, chauffeur en ETA.D. L.

© D. L. - Distribution. Les microgranulateurs et les fertiliseurs disposent aussi d’une distribution à entraînement électrique que le chauffeur ajuste depuis la cabine.D. L.

- Économie. Grâce à la coupure automatique des rangs au niveau des fourrières, l’éleveur économise entre 4 et 8 % de semences.

© D. L. - Rangs. Sur le pourtour de la parcelle, les rangs ne se croisent pas, comme le montre Julien Lebert.D. L.

© D. L. - Moteur. Certaines marques ont renoncé à l’entraînement mécanique et ne proposent plus que des semoirs équipés de moteurs électriques à vitesse variable pour piloter la distribution.D. L.

- Binage.Sans recroisement, le binage est facilité. Certaines bineuses possèdent aussi désormais un relevage individuel sur chaque élément.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,46 €/kg net =
Vaches, charolaises, R= France 7,23 €/kg net =
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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