SUÈDE : « C'EST AUSSI UN ROBOT QUI AFFOURAGE TOUT MON TROUPEAU »

Photos © WIELFRIED WESSELINK
Photos © WIELFRIED WESSELINK (©)

THOMAS KULMIN A CHOISI D'AUTOMATISER TOUT, OU PRESQUE, DU SILO AU TANK À LAIT, POUR SE PASSER D'UN SALARIÉ SANS NUIRE À SA QUALITÉ DE VIE. UN CAS DE PLUS EN PLUS FRÉQUENT EN SUÈDE.

IL Y A TROIS ANS, UNE JOURNÉE DE TRAVAIL DURAIT, EN MOYENNE, DIX À ONZE HEURES, chez Thomas Kumlin, producteur laitier dans les environs d'Uppsala (Suède). « À présent, cela ne prend plus que huit heures. » C'est ainsi depuis que des robots alimentent et traient les cent dix laitières. « Mon objectif est atteint : produire beaucoup de lait avec peu de travail et de main-d'oeuvre. »

Tout a changé en 2006, après un incendie qui a ravagé l'étable. Thomas saisit l'opportunité d'augmenter son troupeau de 70 à 110 rouges suédoises. Une nouvelle stabulation à logettes voit le jour, avec deux robots de traite, un robot pour l'affouragement et des louves automatiques pour les veaux.

Pour Bo Irblad, de la société DeLaval qui a fourni ces équipements, Thomas Kumlin fait partie de la future génération des producteurs laitiers, « ceux qui ne veulent pas passer leur vie dans l'étable mais, comme leurs voisins, prendre du temps en famille et avec des amis, avoir un hobby… ».

UNE MAIN-D'OeUVRE RARE ET TROP CHÈRE

« Ici, on trouve très difficilement de bons ouvriers. En outre, ils sont chers. Un ouvrier qualifié coûte entre 18 et 20 de l'heure », explique Thomas pour justifier son choix d'automatiser le maximum de tâches. Pour l'affouragement de toutes les vaches et élèves, le dispositif retenu a coûté 65 000 €. Cette somme comprend une mélangeuse à poste fixe et une distributrice suspendue à un rail qui se faufile dans les étables. Il a dû aussi investir dans un second silo tour, acheté d'occasion pour 75 000 €, la moitié de son prix neuf. Coût total des investissements pour l'étable de 110 vaches et celle attenante du jeune bétail : 900 000 €.

Ces deux étables, disposées de façon perpendiculaire, sont reliées par un local dédié à la préparation des rations. On y trouve la mélangeuse à poste fixe, un stock de paille, des prémélanges ensachés et les concentrés. L'ensilage d'herbe est directement aspiré des deux silos-tours Harvestore, et chassé vers la mélangeuse via une série de tuyaux. La paille, les minéraux et la protéine sont ajoutés manuellement. Une bande transporteuse apporte le mélange à la distributrice. Grâce à l'automatisation de l'affouragement et de la traite, Thomas Kumlin estime économiser quasiment une UTH. Il n'emploie plus désormais qu'un seul ouvrier à temps plein. À deux, ils s'occupent des cent dix vaches et du jeune bétail, les IA étant réalisées par un tiers. Tous les veaux sont conservés et les mâles quittent l'exploitation vers un an. Précis quand il s'agit d'évaluer le temps, Thomas estime travailler 10 à 20 % de plus que son ouvrier.

« DES HORAIRES DE TRAVAIL PLUS SOUPLES »

La diminution des coûts de main-d'oeuvre n'est pas le seul avantage de l'automatisation. « Ma qualité de vie s'est améliorée. Les journées de travail se sont raccourcies et je ne suis plus tenu à un horaire rigide. » Auparavant, Thomas se levait entre 5 h et 6 h du matin et travaillait jusqu'à 19 h ou 20 h. À présent, il commence par un tour de surveillance dans les étables, à 7 h. Vers 16 h, il sort de l'étable et rentre chez lui. Retour à l'étable vers 20 h, pour jeter un oeil aux vaches à vêler, surveiller d'éventuelles chaleurs, voir si la traite se déroule normalement ou si les veaux ont bu. « Le travail manuel a nettement diminué au profit de la surveillance. » Avant, Thomas et ses deux ouvriers devaient traire et affourager. « Ces soins incontournables aux animaux déterminaient la durée consacrée aux travaux dans les champs, même si le climat menaçait lors des récoltes. La souplesse apportée au travail fait que désormais, les cultures ne pâtissent plus de l'atelier lait. »

Tous les animaux sont alimentés de façon automatique, même les veaux. D'abord logés individuellement durant quatre ou cinq jours, ils se retrouvent ensuite dans l'un des deux lots équipé d'un DAL.

« L'un des avantages de l'alimentation automatique est de pouvoir nourrir les animaux plusieurs fois par jour. Cela stimule le niveau de production laitière, remarque Thomas Kumlin.

De surcroît, les vaches bougent davantage, c'est un plus pour leur santé. » Tous les bétons des aires d'exercice sont recouverts de tapis de caoutchouc, sauf près des deux robots de traite, où il y a des caillebotis. Le fumier est raclé vers une fosse d'où il est pompé vers des cuves extérieures ouvertes.

DES VACHES LAITIÈRES NOURRIES DIX FOIS PAR JOUR

Au total, Thomas prépare trois rations, une pour les vaches, une pour le jeune bétail et une pour les taurillons. Les plus jeunes reçoivent le même menu que les vaches, mais en quantité moindre. Ces dernières sont nourries dix fois par jour, c'est-à-dire à peu près toutes les 2 h 30. L'ingestion et les restes sont contrôlés tous les jours.

Et, si nécessaire, la ration est adaptée en conséquence. Seule opération manuelle : la gestion des refus (mais pas tous les jours). Thomas, ou son salarié, passe aussi une fois par jour pour repousser la ration qui est un peu trop loin dans l'auge pour les animaux.

La ration hivernale des laitières se constitue de 10 à 11 kg de MS d'ensilage d'herbe (préfané 2 jours, soufflé dans les silostours, sans conservateur) ; 7 kg de céréales ; 3 kg de concentré protéique (principalement du soja…), 1 kg de paille et 0,2 kg de minéraux. De quoi couvrir une production de 28 kg de lait/jour. Au-delà, c'est au robot qu'est distribué le concentré, jusqu'à 6 kg pour les plus fortes productrices. Thomas aimerait bien avoir du maïs à son menu.

« Mais à Uppsala, on en cultive assez peu. Il n'y a pas encore d'entreprises spécialisées. Pas question non plus d'investir seul dans cette culture. » En période de pâturage (obligatoire au moins trois mois en Suède et contrôlé), de f n avril à début septembre, les vaches accèdent librement aux prairies. Malgré ce parcours en prairies, la fréquence se situe à deux traites et demie par jour.

Inévitablement interrogé sur les coûts liés à l'automatisation ou les surcoûts en électricité, Thomas Kumlin répond indirectement : « En 2008, notre lait a été payé à une moyenne de 330 /1 000 l. Au mois de janvier 2009, ce prix est tombé à 280 , niveau auquel il n'est pas rentable d'investir dans le lait. Pour moi, cent dix vaches, c'est assez, surtout si nous ne devons ni traire ni affourager. »

WILFRIED WESSELINK

Alimentation automatique aussi pour les jeunes veaux. D'abord logés individuellement durant quatre ou cinq jours, les veaux se retrouvent ensuite dans l'un des deux box équipés d'un DAL.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

« L’IA ne remplace pas notre métier, elle le facilite »

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