FCO-8 : un éleveur témoigne des impacts sur son troupeau

Vache limousine au pré.
La première vache touchée est morte de la FCO-8. Dès lors, l'éleveur a prit le parti de redoubler de vigilance pour détecter les symptômes le plus rapidement possible. (©Terre-net Média)

Éleveur bovin à Bellevue-la-Montagne, en Haute-Loire, Bruno Ramousse a été victime de la FCO-8. Plusieurs de ses vaches allaitantes ont déclaré des symptômes, une en est morte et plusieurs veaux montrent encore des signes de faiblesse.

Il y a trois mois, alors qu’un épisode de chaleur frappe la Haute-Loire, Bruno Ramousse voit certaines de ses Limousines s’affaiblir. Perte de l’appétit, amaigrissement, déplacements difficiles. « J’ai mis ça sur le dos de la chaleur… J’avais déjà constaté ça les années précédentes, avec les hausses de températures. Surtout, pour les bêtes en fin de gestation qui sont un peu fatiguées », raconte l’éleveur.

À plus de 900 mètres d’altitude, en système herbagé, Bruno a l’habitude de laisser son troupeau d’une centaine de bêtes (dont quarante mères) pâturer sur ses 65 ha de prés. « Les premiers animaux malades n’étaient pas dans les mêmes enclos, ça n’était pas spécifique à un endroit », détaille-t-il. Visuellement, aucun indice ne lui permet de détecter l’épizootie : « Au départ, ça ne se voyait pas vraiment, mais j’ai remarqué qu’elles ne s’alimentaient pas correctement, qu’elles buvaient moins et leurs pattes semblaient douloureuses. » La première vache touchée meurt finalement une quinzaine de jours plus tard. Après un test post-mortem, le couperet tombe : son exploitation est un nouveau foyer du sérotype 8 de la fièvre catarrhale ovine (FCO-8).

Des symptômes « complètement différents d’une bête à l’autre »

Progressivement, les signes cliniques deviennent plus importants avec des bovins présentant des marques sur le nez et des yeux larmoyants. « Certaines bavaient aussi. Mais c’était complètement différent d’une bête à l’autre », témoigne encore l’éleveur. Seul sur son exploitation, Bruno Ramousse tente alors de repérer au plus tôt les bêtes malades pour limiter les symptômes pouvant entraîner la mort. Au total, il suit une quinzaine de Limousines avec des anti-inflammatoires pour les fièvres trop importantes et des antibiotiques pour éviter les surinfections. « Deux de mes vaches ont fait plusieurs reflux, témoigne l’éleveur. Elles allaient mieux, le traitement était terminé et 8 à 10 jours après ça recommençait. »

Les veaux touchés ont pris de retard sur leur croissance.

Malgré cette épizootie, la plupart des naissances ont débuté à la fin de l’été, comme prévu. « Il y a tout de même eu un avortement attribué à la FCO-8, car cette bête était malade », assure-t-il. Autre difficulté : moins d’un mois après leur naissance, certains veaux ont contracté la maladie, impactant durablement leur croissance. « Maintenant, visuellement on dirait que ça va mieux, mais ce ne sont pas les veaux qui se développent le mieux », remarque l’éleveur.

Depuis la baisse des températures, début octobre, Bruno Ramousse n’a pas relevé de nouveaux cas : « Actuellement, je ne vois plus d’animaux malades. Je pense qu’avec le froid, le moustique [culicoïde, NDLR] est un peu moins présent. » Certaines bêtes restent toutefois faibles, comme en atteste l’état d’amaigrissement de plusieurs vaches. « Mon inquiétude, c’est surtout pour les quelques vaches qui doivent vêler au printemps. Normalement, elles étaient toutes pleines, mais avec la maladie, je ne sais pas quel est leur état de gestation aujourd’hui. Je pense qu’il y a des animaux qui ont avorté précocement, avance-t-il. On attend d’être sûr que ça aille mieux pour faire les échographies. »

Les campagnes de vaccination interrogent

En plus de 20 ans de métier, c’est la première fois que cet éleveur altiligérien est confronté à une telle épizootie. La maladie n’est toutefois pas inconnue dans le secteur, puisque plusieurs foyers avaient été détectés en Haute-Loire l’été précédent, quelques semaines seulement après la découverte de cette nouvelle souche de la maladie en Aveyron.

Durant l’hiver, Bruno Ramousse avait même décidé de vacciner les plus jeunes bovins : une trentaine, âgés de 10 à 15 mois. « Aucun de ceux qui ont été vaccinés n’ont présenté de symptômes », se réjouit-il. Un argument en faveur de la vaccination pour l’ensemble de son cheptel, à condition toutefois de trouver le moment adéquat. « Ça va dépendre du rétablissement des animaux, explique Bruno Ramousse. Et ensuite, on va arriver en période de reproduction donc je ne sais pas si ça sera le moment de le faire… »

Autre inquiétude, deux autres épizooties s’approchent de la Haute-Loire, la MHE venue du sud-ouest et la FCO-3 venue du nord. « On est passée en zone réglementée pour la MHE, ça implique de faire des prises de sang pour chercher les maladies quand on veut exporter les broutards », détaille l’éleveur. L’autre solution serait de vacciner ses bêtes, de même que pour la FCO-3 (deux maladies pour lesquelles les doses sont remboursées par l’État). La difficulté reste toutefois de trouver le moment pour le faire puisqu’il s’agit de trois vaccins différents (dont certains en deux injections), à réaliser avec un délai entre chacun. « Et puis est-ce que les animaux vont répondre à tous ces vaccins ? On se pose beaucoup de questions », reconnaît Bruno. Pour l’éleveur, la vaccination doit aussi s’accompagner d’une bonne préparation de l’immunité des animaux « en les complémentant en vitamine » et « en les déparasitant ».

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Voile sur les yeux d'un veau atteint de FCO

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