Concentrés énergétiques. Ils sont dégradés vite ou lentement dans le rumen. Il faut choisir l’un ou l’autre profil en fonction de la digestibilité de l’amidon du maïs-ensilage, quitte à en changer en cours de route. Le niveau d’énergie compte, sa qualité aussi.
Aliment OGM, dépendance des éleveurs au soja outre-Atlantique, qualité des fourrages : aujourd’hui, l’attention se focalise sur l’autonomie protéique des élevages. Selon Yann Martinot, de l’organisme de conseil Elvup (Orne), on ne s’occupe pas assez de l’autonomie énergétique et de sa bonne utilisation. « Cela passe bien sûr par des fourrages riches en énergie, c’est-à-dire des ensilages d’herbe à plus de 0,9 UFL et des maïs-ensilages à l’énergie disponible à traversdes grains éclatés. L’énergie complémentaire est apportée sous forme de blé ou de maïs grains, achetés ou produits. »
À une condition : maîtriser le profil différent de ces deux aliments. L’amidon du blé et, plus généralement des céréales à paille, est connu pour être digéré à 95 % dans le rumen. Sa dégradation y est rapide : 39 % par heure. La dégradation de l’amidon du maïs grains, elle, est lente : 5,5 % par heure. Il est digéré à 50 % dans le rumen et à 50 % dans l’intestin grêle en by-pass. « En fonction du fourrage, on optera pour le premier ou le second. À UF égales, l’énergie achetée ou produite est efficace si elle est utilisée à bon escient. »
Plus facile avec des matières premières
Pour Yann Martinot, les concentrés du commerce sans indication sur leur profil énergétique n’ont pas d’intérêt. Ils n’offrent pas la garantie de coller au besoin du moment. « Ils sont plus chers qu’une complémentation par des matières premières. » Plus largement, sur une ration assise sur des fourrages de qualité et distribuée à volonté (5 % de refus), il est partisan d’une distribution dissociée des aliments protéiques et énergétiques : d’abord l’azote pour bien valoriser l’énergie de la ration de base équilibrée, puis à partir de 35 l/VL, apporter l’énergie la mieux adaptée.
Bien sûr, le choix d’un amidon ruminal ou d’un by-pass ne doit pas s’affranchir des grandes règles de l’alimentation laitière. Exprimée en matière sèche, la ration ne dépasse pas les 25 à 30 % d’amidon total dont 20 % d’amidon ruminal et un maximum de 5 à 10 % d’amidon by-pass. « Il ne faut surtout pas dépasser cette part de by-pass, insiste Yann Martinot. On risque de mettre les animaux en souffrance par une inflammation majeure du gros intestin (lire l’encadré). L’excès de by-pass est aujourd’hui plus à craindre que l’acidose. L’utilisation des céréales à paille a diminué en dix ans. Elles sont remplacées par le maïs grains, que ce soit en épi, humide ou concassé. »
Le blé garde son intérêt à l’ouverture du silo
Or, à l’ouverture du silo, l’amidon de l’ensilage n’est pas encore très fermentescible, surtout si le grain n’est pas assez éclaté, comme c’est le cas cette année pour les maïs secs. Ajouter du maïs grains dès le départ renforce son effet by-pass, ce qui n’est pas recommandé. « 0,5 à 1,5 kg de blé durant les deux premiers mois de la distribution du nouvel ensilage conserve son intérêt. Le maïs grains prend ensuite le relais. »
Si le maïs grains est acheté concassé, il faut le moudre pour atteindre une granulométrie de maximum 1,5 mm. En grains grossiers, il ne sera pas correctement absorbé au niveau de l’intestin grêle et passera dans le gros intestin, avec un risque d’inflammation majeur. « Il n’y aura pas d’acidose car même s’il est distribué en farine, la dégradation de son amidon reste lente dans le rumen », rassure Yann Martinot.
En fait, il conseille plutôt le maïs grains récolté en épis ou sous forme humide. « Idéalement, mieux vaut les laisser reposer deux mois après la récolte. Les bactéries ont le temps d’attaquer leur enveloppe et libérer l’amidon pour une valeur énergétique supplémentaire de 10 %. » À ce stade, ces deux formules sont, certes, plus digestibles, mais restent tout de même beaucoup plus lentes à dégrader dans le rumen que le blé.
Mesurer la dégradabilité de l’amidon
Même si l’amidon est moins fermentescible à l’ouverture du silo et plus ensuite, face à la diversité des ensilages, Elvup préfère mesurer le niveau de dégradabilité. Depuis deux ans, avec son outil AgriNir, l’organisme ornais calcule la dégradabilité théorique de l’amidon. La moyenne des 38 analyses réalisées entre septembre et mi-décembre est de 67,4 %. Elle traduit une faible digestibilité. Les céréales ont toute leur place les deux premiers mois de consommation du maïs 2018.
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