
Avis d’expert. Avec les matériels toujours plus lourds et la récolte du maïs qui arrive, quelles sont les recommandations pour limiter la compaction des sols ? Et pour les autres travaux, tout au long de l’année, quelles sont les précautions à prendre ?
Ensilage : faire passer toutes les remorques au même endroit
Les matériels utilisés sont de plus en plus imposants et surtout de plus en plus lourds, ce qui augmente les risques de tassements des sols. Les éleveurs sont particulièrement touchés par ce phénomène car leur activité requiert de nombreuses interventions avec de grands ensembles : ensileuse, groupe de fauche, grosse auto-chargeuse, tonne à lisier… Un sol compacté en profondeur perd de son potentiel : la réserve utile en eau diminue, la vie du sol est perturbée et les racines des cultures ne peuvent pas se développer correctement. De plus en plus d’agriculteurs prennent conscience de ce problème et adoptent des mesures parfois assez simples. Pour l’ensilage de maïs par exemple, je préconise de faire un détourage de la parcelle, puis de travailler par bandes en commençant à l’opposé de l’entrée du champ.
Ainsi, les remorques emprunteront toujours le même chemin en passant dans la fourrière. Cela évite les grandes traversées en diagonale dans la parcelle. Ensuite, l’exploitant pourra au besoin décompacter uniquement la zone de fourrière. C’est une consigne facile à expliquer aux chauffeurs et à mettre en œuvre. Augmenter la largeur de coupe est également une option intéressante, quitte à rouler un peu moins vite, car cela diminue le nombre de passages. En cas d’humidité importante, mieux vaut s’adresser à sa Cuma ou à son ETA pour demander un report du chantier, même si dans les faits, ce n’est pas toujours évident.
Attention à la charge par roue
Les agriculteurs sont sensibles au tassement de surface car il laisse des ornières visibles. Le risque de tassement en profondeur est plus sournois : il est lié à la charge exercée par le véhicule sur le sol. Sur ce point, il est recommandé de ne pas dépasser 6,5 tonnes par roue dans le cas d’un tracteur de forte puissance ou d’un automoteur de récolte, soit la charge maximale par essieu autorisée sur la route. Pour les remorques, la limite conseillée est de 5 tonnes. Les éleveurs investissent de plus en plus dans de grandes bennes affichant jusqu’à 20 t de charge utile pour seulement deux essieux. Malheureusement, ils s’exposent, avec ce matériel, à des risques de tassement important, car ce type de remorque atteint souvent 29 t de poids total. Si l’on retranche 3 t environ de report sur le tracteur, cela signifie que chaque roue supporte entre 6 et 7 t. C’est beaucoup trop. Il existe une application disponible sur internet qui permet d’évaluer gratuitement le risque de compaction des sols. Elle est disponible à l’adresse ch.terranimo.world. En paramétrant le poids, la pression des pneus, ainsi que la texture et l’humidité du sol, on obtient des graphiques assez clairs sur le risque de tassement.
Choisir le bon pneu et adapter sa pression
Bien dimensionner la monte des pneumatiques et jouer sur la pression est un bon levier d’action. Les manufacturiers ont développé différentes gammes larges conçues pour travailler avec des pressions réduites. Évidemment, ces pneus coûtent plus cher que les versions standards.
Tout est donc question de compromis entre le montant de l’investissement, le bénéfice agronomique et l’usage réel. Une pression faible est idéale au champ pour moins tasser et améliorer l’adhérence. Mais sur la route, cela peut entraîner une usure prématurée et une surconsommation de GNR. L’installation d’un télégonflage est intéressante, mais cet équipement coûte généralement trop cher pour un exploitant qui ne l’utilisera que quelques heures par an. Les éleveurs manquent souvent d’informations sur les caractéristiques des pneus et les possibilités de gonflage : c’est dommage, car la pression est souvent réglée dans la plage « haute » et peu modifiée pour s’adapter aux conditions de chantiers. C’est donc tout un raisonnement global à mener sur les pratiques de l’exploitation et le matériel employé.
Privilégier la prévention aux solutions curatives
Il existe des solutions curatives pour restructurer une prairie en surface, par scarification ou aération, ou encore en profondeur avec un fissurateur. Mais, selon des essais d’Arvalis, ce type d’intervention peut aussi favoriser l’installation d’adventices au niveau des lignes où les dents ont travaillé. À terme, cette modification de la flore pénalise le rendement. C’est pourquoi il est préférable de privilégier les interventions raisonnées en limitant le travail de fissuration uniquement aux zones compactées. L’idéal étant de ne pas avoir recours à ces solutions curatives et de favoriser les mesures préventives décrites précédemment.
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