Après la baisse des ventes évaluée à 20 % fin mars, à la suite du chamboulement des circuits de distribution lié à la crise du Covid-19 (écroulement des débouchés RHF et export, fermeture des rayons à la coupe en GMS, moindre fréquentation des crémeries), et alors que se profile avec la mise à l’herbe un boum du lait et des fabrications, la filière comté ne pouvait pas rester dans sa bulle. Et cela d’autant qu’après un hiver où la production de fromages a été très soutenue, les caves sont déjà bien pleines.
Ce sont les affineurs, en première ligne pour mesurer l’urgence de la situation, qui ont tiré la sonnette d’alarme. Leur objectif : tenter dans les prochains mois de tenir leurs marchés sans nuire aux prix de vente. Après d’intenses discussions entre les familles siégeant au CIGC, l’interprofession (producteurs de lait, fruitières coopératives et affineurs) a décidé, mercredi 1er avril, de réduire la production de lait et de comté sur avril mai et juin de 8 % par rapport à 2019.
Niveau de surcotisation rédhibitoire à 6 €/kg de comté
Le CIGC a pour cela une arme légale, les droits à produire qu’il délivre aux ateliers de fabrications (sous forme de plaques vertes apposées sur chaque comté produit). Pour s’assurer que ces ateliers se conforment à sa décision, le CIGC a acté sur la période une hausse de la surcotisation en cas de dépassement du droit à produire à 6 €/kg de fromage. Le niveau est rédhibitoire par rapport aux 9 €/kg de prix moyen de vente des comtés aux réseaux de distribution.
De leur côté, les affineurs se sont aussi engagés à ne pas acheter les fromages à plaques rouges que pourraient fabriquer les ateliers pour digérer le lait non transformé en comté. Traduisez : des fromages à pâte pressée cuite ne disposant pas de la plaque verte leur permettant de se vendre comme comté.
Le marché du morbier s’étant écroulé de l’ordre de 50 %, les fromageries coopératives ou privées de la zone AOP du massif jurassien ne devraient ainsi pas avoir d’autres choix que d’inciter leurs producteurs à réduire leur production laitière. Mais à -8 % par rapport au deuxième trimestre 2019, alors que les troupeaux sortent d’un hiver où la production a été bien plus soutenue que l’an dernier, cette réduction des livraisons risque de faire grincer les dents de plus d’un dans les campagnes.
JEAN-MICHEL VOCORET
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