Le propylène glycol, seulement pour les vaches qui en ont besoin

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Au Dac ou au robot, les traitements systématiques au propylène ne doivent par durer plus de 20 jours. (©Terre-net Média)
Au Dac ou au robot, les traitements systématiques au propylène ne doivent par durer plus de 20 jours. (©Terre-net Média)

Le propylène glycol, ou monopropylène glycol, est un précurseur du glucose qui permet de combler le déficit énergétique en début de lactation lorsque le risque d’acétonémie (ou cétose) est le plus élevé. Mais le traitement systématique peut coûter jusqu'à 3 €/1 000 l. Mieux vaut donc tester l’acétonémie, travailler l’alimentation des taries et ne donner du propylène qu’aux vaches qui en ont besoin.

Le monopropylène glycol est un précurseur du glucose, très riche en énergie et hautement digestible. Il permet de combler un déficit énergétique important en début de lactation et donc limite l’acétonémie et l’intoxication par les corps cétoniques dans le sang, due à une mobilisation trop rapide des réserves corporelles. Le propylène se distribue après vêlage en cas d’acétonémie, sur des animaux à risque. En l’absence de signes d’acétonémie ou d’animaux à risque, son utilisation systématique est coûteuse : de l’ordre de 5 à 6 € par vache et par semaine. En effet, le prix du monopropylène glycol dépasse généralement les 3 000 €/t.

L’acétonémie, une maladie de début de lactation

L’acétonémie est due à un déficit en énergie entre les besoins de la vache et les apports alimentaires fournis par la ration. Elle se déclare au vêlage, voire quelques jours avant et peut durer jusqu’à un mois après vêlage.

Par manque d’énergie dans l’alimentation, la vache puise sur ses réserves graisseuses et musculaires qui vont être transformées dans le foie en énergie (glucides) utilisable par l’organisme. Le foie risque alors de s’engorger de déchets : les corps cétoniques qui intoxiquent la vache. Une vache en acétonémie maigrit, connait des chutes de production et des difficultés de reproduction. Une acétonémie grave peut aussi causer la mort.

Il existe trois formes d’acétonémie :

L’acétonémie de type 1 : survient dans les six premières semaines de lactation, lorsque l’apport énergétique de la ration est insuffisant pour combler les besoins de production. La vache puise dans ses réserves, ce qui est normal jusqu’à un certain niveau. Si la mobilisation des graisses est trop importante, le foie est surchargé, et la machine à transformer la graisse en énergie dysfonctionne. Il est normal dans un troupeau à fort niveau de production qu’un certain nombre de vaches présentent cette pathologie. Ce qui l’est moins c’est quand le pourcentage de vaches en acétonémie est très élevé, signe d’un rationnement mal adapté autour du vêlage et en début de lactation. C’est dans cette situation que la distribution de propylène glycol est une aide.

L’acétonémie de type 2 ou syndrome de la vache grasse : survient surtout dans les 15 premiers jours après vêlage et chez des vaches grasses. Dans ce cas, c’est le fonctionnement du foie, engorgé de gras qui est altéré. Les animaux dans cette situation répondent moins bien à l’apport de propylène glycol, et leur état peut rapidement devenir très grave. Un traitement plus adapté, injection de glucose en intraveineuse, est souvent nécessaire. Il faut dans ce cas revoir l’alimentation en fin de lactation et au tarissement.

L’acétonémie de type 3 : due à la consommation d’ensilages mal conservés et trop riches en acide butyrique. Cet excès d’acide butyrique est transformé en corps cétoniques qui peuvent causer de l’acétonémie. Dans ce cas, la solution la plus efficace est de retirer cet ensilage.

Attention donc à bien traiter les causes différentes de l’acétonémie : la distribution de propylène glycol ne réglera pas toutes les situations.

Les vaches les plus sensibles à l’acétonémie sont :

  • les vaches grasses avant vêlage ;
  • les fortes productrices et les vaches à trois lactations et plus ;
  • les vaches ayant déjà eu un problème d’acétonémie au vêlage précédent ;
  • les vaches qui ont subi un déplacement de caillette ;
  • les Prim'holsteins sont plus atteintes que les Montbéliardes : 25 % contre 12 %.

Le risque est d’autant plus grand que la ration en début de lactation manque d’énergie.

Les premiers symptômes de l’acétonémie sont :

  • une baisse de l’appétit et particulièrement de la consommation des concentrés ;
  • suivi d’une baisse de la production ;
  • une augmentation du rapport TB/TP >1.5 avec un TB anormalement élevé (> 40 g/kg) et un TP faible (vers 28 g/kg) ;
  • Si la maladie persiste, l’amaigrissement est important, les bouses sont sèches et on peut parfois sentir une odeur d’acétone ;
  • Un test d’acétone sur le lait permet de confirmer l’acétonémie.

Comment administrer du propylène glycol ?

Le monopropylène se distribue dès l’apparition des premiers symptômes pour les animaux à risque avant un amaigrissement trop important : baisse d’appétit (notamment pour les concentrés), du TP, amaigrissement important, bouses à tendance sèche, et jusqu’au rétablissement de l’animal.

Liquide ou granulés

Le propylène existe généralement sous forme liquide en bidon, en fût ou en cuve de 1 000 litres. C’est un produit très peu appétent. La solution d’administration la plus sure est alors au pistolet drogueur : 0.25 à 0.3 l matin et soir pendant cinq à six jours. Il peut également être administré en drenchage : 500 ml pour 20 à 30 litres d’eau. Il est souvent distribué avec une pompe à propylène sur un Dac ou un robot de traite. Attention dans ce cas à ne pas systématiser le traitement à tous les animaux et sur des périodes de plus de 20 jours par animal, ce qui entraîne un coût élevé. L’idéal est de prévoir une distribution dégressive sur 20 jours : de 500 g à 0.

Sous forme de granulés mélangés à la ration ou au Dac, le concentré est cependant moins concentré que le propylène liquide. Attention à bien respecter les doses indiquées par vache et par jour pour une bonne efficacité.

Entre une utilisation raisonnée, et systématique, le coût du traitement peut varier de 130 à 1 600 € par an pour un troupeau de 60 vaches, soit 0.25 à 3 €/1 000 litres.

Quand peut-on arrêter la distribution de propylène glycol ?

  • Animaux guéris : reprise d’appétit.
  • Absence d’animaux à risque d’acétonémie.
  • Ration suffisamment riche en énergie et bien valorisée par les animaux.

Adapter la conduite alimentaire

L’utilisation de propylène glycol ne dispense pas d’une conduite alimentaire adaptée. En cas de problèmes récurrents, la première attitude est de revoir la conduite et l’alimentation un mois avant vêlage et un mois après vêlage. Avec pour objectifs :

  • Une alimentation en fin de lactation et au tarissement qui limite les vaches grasses au vêlage (note d’état corporel inférieure à 4).
  • Vaches taries à un état homogène d’engraissement ni trop grasses, ni trop maigres.
  • Vaches triées trois semaines avant le vêlage. Elles sont nourries avec du foin et une partie de la ration des laitières. Cette transition permet aux vaches de s’adapter à la ration de base et d’être en forme pour le vêlage.
    Une durée de tarissement raccourcie pour les animaux à risque.
  • Un respect des transitions alimentaires deux à trois semaines avant vêlage.
  • Après vêlage : une ration à volonté correctement équilibrée en énergie et azote, riche en amidon.
  • Des fourrages de qualité (hachage, teneur en MS), apportés à volonté pour favoriser les ingestions.
  • Du foin dans les 15 premiers jours.
  • Une place suffisante à l’auge.

Les tests d'acétonémie

Le rapport TB/TP peut déjà mettre la puce à l’oreille sur les animaux souffrant de déficit énergétique. Il existe des tests à la ferme qui confirment rapidement et de façon fiable l’état d’une vache, et permet de ne traiter que les vaches concernées.

Cetonose HD de vétotest : 56 € pour 25 tests

  • Introduire 2 jets de lait dans un tube cetotest ;
  • Attendre une minute ;
  • La coloration devient violette : test positif il y a des corps cétoniques dans le lait ;
  • Le tube reste incolore ou verdatre : le test est négatif.

Bandelettes ketotest : sur le lait, 41 € les 20 bandelettes.

Test sur échantillons du contrôle laitier :

Permet une mesure plus régulière et à grande échelle de l’état d’acétonémie subclinique du troupeau.

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,46 €/kg net =
Vaches, charolaises, R= France 7,23 €/kg net =
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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