Concentrés. Blé, orge, triticale, seigle ou maïs grain humide, le stockage en poches souples de céréales concassées est une solution simple et peu onéreuse, à condition de bien s’organiser pour la reprise du grain.
«Depuis 2010, nous stockons chaque année à la moisson environ 100 tonnes de maïs grain humide et 50 tonnes de blé pour nourrir nos animaux tout au long de la saison, explique Vincent Auvray, éleveur à Saint-Paul-la-Roche (Dordogne). Dès la récolte, le grain est aplati puis conditionné en boudins. Il s’agit de grandes poches plastiques souples dans lesquelles il se conserve très bien. »
Le stockage en silos boudins se développe depuis une quinzaine d’années en France. La technique est particulièrement intéressante pour le maïs grain, puisqu’il n’est pas nécessaire de passer la récolte au séchoir avant de la stocker. « Nous préconisons une humidité comprise entre 32 et 37 % », souligne Alexis Férard d’Arvalis.
Le grain peut ensuite passer directement dans l’aplatisseur pour être conditionné. Il s’agit d’une conservation par voie humide similaire à de l’ensilage, nécessitant donc un bon tassement pour évacuer le maximum d’air. Le réglage du broyeur est important, car il ne faut pas laisser de grains entiers, sans pour autant faire de la farine trop fine.
Chez Vincent Auvray, c’est un entrepreneur local qui effectue la prestation d’aplatissage et de mise en boudins. La machine combine un aplatisseur à céréales placé en partie haute, et une vis de compression qui envoie le grain dans une longue gaine en plastique pouvant mesurer jusqu’à 60 m. La boudineuse est entraînée par un tracteur qui avance au fur et à mesure que la poche se remplit.
Vérifier la pression
« Le fabricant du film imprime une toise sur le plastique qui nous permet de vérifier que la pression dans le silo est correcte. Plus l’opérateur tasse et plus le film s’étire et la toise s’allonge. Il suffit de vérifier qu’elle ne dépasse pas une certaine longueur au-delà de laquelle le film pourrait se déchirer. Pour le blé, le tassement n’a pas trop d’importance puisque le grain est sec, mais pour le maïs, cela joue beaucoup sur la vitesse de stabilisation », explique Vincent Auvray.
Pour garantir de bonnes conditions de stockage, il faut privilégier un sol bétonné ou stabilisé afin que les rongeurs ne viennent pas perforer le film par en dessous. « Certains agriculteurs placent leurs boudins de céréales en plein champ, ajoute un constructeur. Dans ce cas, je recommande de déposer au préalable un lit de sable, à raison de 1 tonne pour 10 m de longueur. Cela empêche les mulots de venir s’installer en dessous, car ils ne peuvent pas creuser leur galerie. Le terrain doit tout de même être bien sain pour permettre la reprise tous les jours en hiver. J’ai vu parfois des éleveurs qui plaçaient de vieilles bâches sous le silo pour protéger le film. C’est une mauvaise idée, car cela peut au contraire attirer de la vermine. Dans tous les cas, la pose d’appâts antirongeurs le long des boudins est une protection efficace. »
Un filet de protection est nécessaire
Mais le danger vient aussi souvent des airs : corbeaux, pigeons, mouettes, etc. peuvent s’attaquer au silo. Si le risque est avéré, un filet de protection est indispensable. S’installer le long d’une haie ou bien dans un endroit trop isolé est également risqué. Certains éleveurs ont eu des expériences malheureuses avec des sangliers ou des renards qui se sont ainsi attaqués à leurs silos isolés. « Avec le blé et le maïs, je fais quatre ou cinq boudins tous les ans, que je place le long des bâtiments, ajoute Vincent Auvray. Je les protège avec de vieux pneus de tracteurs posés tout le long et aux extrémités. Cela oblige les véhicules à passer un peu plus au large et limite les risques d’accrochages. Il est recommandé de ne pas toucher au maïs pendant un mois environ afin qu’il se stabilise. Ensuite, quand il est ouvert, c’est comme le tas d’ensilage, il faut avancer assez vite pour éviter que le front d’attaque ne s’échauffe. »
Avec le blé, il n’y a pas de problème de conservation puisque le grain est sec quand il est mis en boudins. Pour faciliter la reprise, Vincent Auvray a investi depuis deux ans dans un Dessilogaine. Il intègre du maïs et/ou du blé à la ration de ses vaches en fonction des analyses de fourrages qu’il réalise chaque année. « Je suis souvent entre 2 et 2,5 kg/vache/jour. Je donne aussi du blé aux génisses. Cette technique cumule plusieurs avantages : la récolte se passe souvent dans la première quinzaine d’octobre. C’est environ un mois après l’ensilage et surtout trois à quatre semaines avant les parcelles destinées à la vente. Cela libère donc les parcelles plus tôt pour implanter du blé. La préparation se fait en une seule fois à la moisson, et nous valorisons notre production en nourrissant notre troupeau avec un aliment de qualité. »
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