L'Assemblée nationale a voté mercredi des dispositions encadrant la dénomination de « fromage fermier », en permettant aux fromages affinés en dehors des exploitations de bénéficier de celle-ci.
Les députés ont validé en ce sens l'amendement de leur collègue LREM Jean-Baptiste Moreau, avant d'adopter à l'unanimité une proposition de loi technique de la majorité sur « l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire ».
La rapporteure Barbara Bessot Ballot (LREM) a fait état de la crainte des producteurs fermiers que l'on autorise de fait un affinage industriel de produits fermiers, dans « des conditions éloignées du fromage fermier ».
Le ministre de l'agriculture Didier Guillaume a lui fortement défendu la mesure : « On peut être éleveur, faire du fromage fermier, et ne pas pouvoir affiner sur son exploitation ». Il rejoignait les positions de plusieurs députés, dont le communiste André Chassaigne, qui a donné l'exemple du Saint-Nectaire, dont 80 % de la production est affinée en dehors de l'exploitation, conformément au cahier des charges du produit. Jean Lassalle (non-inscrit), lui-même ancien berger béarnais, s'est aussi fait l'écho de « bergers sans terres » qui mettent leurs produits dans des « saloirs collectifs ».
Le député corse Jean-Félix Acquaviva (Libertés et Territoires) a lui regretté l'adoption de la mesure, qui va créer « une distorsion » dans son territoire : « chez nous, les producteurs sont des affineurs ».
« Il y a autant de fromages que d'arguments », a résumé Richard Ramos (MoDem).
Charcuterie, œufs, semences, etc.
Sur un autre sujet - les sels nitrités dans la charcuterie -, cet élu du Loiret, qui souhaitait un avertissement sur les emballages, n'a pas obtenu gain de cause. Mais LREM lui a proposé une « mission flash » sur ce sujet de santé publique.
A l'issue d'un autre vif débat, l'Assemblée a rejeté un amendement de quelques marcheurs visant à expérimenter une indication obligatoire du mode d'élevage pour tous les produits à base d'œufs. L'ONG CIWF France, qui milite pour le bien-être des animaux d'élevage, a déploré auprès de l'AFP l'absence de « volonté politique de faire évoluer la filière », alors que 71 % des œufs utilisés comme ingrédients sont issus d'élevage en cage en France.
Le ministre a indiqué ne pas vouloir « stigmatiser la filière », alors que les agriculteurs sont fragiles, dans l'attente d'annonces prochaines du gouvernement sur le bien-être animal.
L'ensemble de la proposition de loi, approuvée en première lecture, a pour objet de reprendre des mesures déjà votées en octobre 2018 dans la loi alimentation (Égalim) mais censurées par le Conseil Constitutionnel comme des « cavaliers » législatifs.
Ainsi doivent être rétablies les possibilités de cession à titre onéreux des variétés de semences relevant du domaine public et destinées aux jardiniers amateurs, une mesure attendue. Dans les derniers ajouts validés, un amendement UDI-Agir prévoit un meilleur étiquetage de l'origine de la bière.
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