
Boiteries. Dans cet élevage bio, les contraintes exercées sur les pieds en stabulation favorisent l’apparition d’abcès.
Dans cette ferme conduite en agriculture biologique, une cinquantaine de vaches parcourent jusqu’à deux kilomètres par jour pour accéder à la pâture la plus éloignée. La santé des pieds est donc un enjeu primordial.
L’éleveur réalise lui-même une dizaine de parages par an avec une cage mobile fixée directement au cornadis. En intervenant dès qu’une vache montre les premiers signes de boiteries, les soins sont plus faciles et la guérison souvent rapide. Aussi, lorsqu’il m’appelle pour une boiterie du membre postérieur dont l’état empire après son parage, je me doute que la situation ne va pas être simple.
Définir l’origine du problème
Tous les signes d’une arthrite de la troisième phalange sont présents (photo 1) : gonflement localisé tout autour du doigt externe et juste au-dessus de l’onglon. Malgré la pose d’une talonnette, aucune amélioration n’est constatée. À part l’amputation de l’onglon, il n’y a plus vraiment de solution. Pour l’éleveur, la situation devient préoccupante : « C’est la troisième vache que je perds ainsi en un an et demi. Il faut que ça cesse. Est-ce que je dois faire parer tout le troupeau ? Dois-je utiliser des antibiotiques ? Le sable des chemins est-il trop agressif pour les pieds des animaux ? » Autant de questions auxquelles je ne sais pas répondre. Je propose alors de demander aux vaches ce qu’elles en pensent. Étant donné la forte saisonnalité dans cet élevage, nous décidons de soulever les pieds de quelques animaux à deux périodes clé de l’année pour mieux comprendre l’origine du problème : en novembre, alors que les vaches auront passé huit mois dehors, et début mars, après quatre mois dans les bâtiments. À chaque fois, dix vaches sont observées : cinq choisies par l’éleveur pour qu’il me montre les problèmes et cinq que je choisis parmi des animaux en première ou deuxième lactation, sans soucis apparents, afin de voir comment les pieds réagissent à l’environnement, avant que la boiterie n’apparaisse.
Des taches rouges sous la corne de la sole
Après la saison de pâturage, les pieds sont en très bon état : une symétrie parfaite et un creux axial présent (voir photos au pâturage). Cependant, ils sont courts et plats, ce qui est la marque d’une forte usure. Les chemins en sable seraient-ils responsables de cette abrasion de la corne ? Une chose est sûre, il n’y a pas besoin de parage à ce moment-là.
Après un nettoyage du sabot avec la reinette, on observe des taches rouges à violettes à plusieurs endroits, notamment en périphérie, à la jonction de la corne de la sole et de la muraille, ce qui donne des hachures noires à proximité du talon. « C’est souvent là que je pare et il y a fréquemment du pus qui sort », m’informe l’éleveur.
Après l’hiver en stabulation, le béton a fait son œuvre et la symétrie a disparu : davantage sollicité, l’onglon externe est épaissi, le creux axial a disparu. Les onglons restent courts et plats, ce qui montre que l’usure est aussi présente en hiver, alors que les vaches n’empruntent plus les chemins. Après parage de l’onglon externe, on retrouve les mêmes lésions que précédemment, encore plus marquées.
Les vaches ont parlé, à nous de les écouter
Été comme hiver, les pieds présentent donc une usure importante et des lésions de congestion fragilisant la corne déjà mince. Cette fragilité est surtout marquée à la jonction entre la sole (corne qui correspond à la semelle du pied) et la muraille (le bord du pied), dans la zone appelée « ligne blanche », bien qu’ici elle soit plutôt rouge ! C’est le cocktail parfait pour les abcès du pied : les bactéries présentes dans les déjections peuvent remonter à travers la déchirure de la corne et créer une infection.
L’alimentation à base d’herbe est hors de cause
La congestion est parfois appelée fourbure et associée à l’acidose. Or, de plus en plus d’experts montrent que l’inconfort du logement et les stations prolongées debout sur sols durs sont des facteurs bien plus importants de congestion du pied. Dans cet élevage, le peu de concentré utilisé et la ration à base de foin séché et/ou d’herbe pâturée semblent confirmer cette idée. D’autant plus qu’en investiguant l’emploi du temps des vaches, je me rends compte qu’elles sont bloquées au cornadis plusieurs heures pour faciliter le travail du matin. Une habitude à changer. Tant pis si une ou deux logettes occupées ne sont pas paillées le matin.
L’option du tapis dans les zones de contrainte
Concernant les efforts sur le pied fragilisant la ligne blanche, nous avons cherché les endroits où le pied, bien ancré sur un sol grippant, doit faire une rotation imprimée par le mouvement de la vache. Ici, la sortie de salle de traite à 180° et son sol antiglissant apparaît comme une zone critique pour l’intégrité des pieds. L’autre endroit de forte contrainte est le parc d’attente : serrées les unes contre les autres, les vaches se chamaillent et ce sont les pieds qui trinquent sur un sol très grippant, ressemblant à du papier de verre. « Lorsqu’il y en a une qui dérape, je vois souvent une trace blanche de corne au sol », m’indique l’éleveur. Le tapis en caoutchouc installé à ces deux endroits clé apparaît comme la solution la mieux adaptée. Par sa souplesse, il pourra absorber la force de rotation imprimée par la vache, tout en évitant les glissades.
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