«Mon fournisseur d’électricité m’a envoyé mon contrat valable en 2023 : le tarif en heures pleines pour la période hivernale passe de 8 à 39 centimes du kWh, constate médusé un éleveur de la Manche. Soit une hausse de pratiquement 400 %. Les heures creuses et le tarif estival augmentent aussi, mais dans une moindre mesure. Je n’ai aucun moyen d’y échapper à cette hausse importante. » Ce cas n’est malheureusement pas isolé : tous les éleveurs arrivant en fin de contrat sont soumis à un emballement des tarifs. « Nos références sur le coût de l’électricité étaient jusqu’à présent de l’ordre de 9 à 10 € pour 1 000 l de lait en salle de traite, et d’environ le double avec un robot, explique Pierre Fily, de la chambre d’agriculture de Bretagne. Selon l’organisation de la ferme et les performances du matériel, la facture annuelle pourrait être multipliée par 1,5 à 3 dans les mois à venir. Dans ce contexte défavorable, j’invite les éleveurs souscrivant à une puissance supérieure à 36 kVA, et donc non protégés par le bouclier tarifaire, à opter pour des contrats courts ou renégociables d’ici un an. Attention aussi aux offres surdimensionnées par rapport aux besoins réels de l’exploitation. Il existe parfois des options moins onéreuses. L’idéal serait aussi que la filière s’organise pour obtenir des tarifs groupés comme cela existe chez les éleveurs de porcs. »
Peu de marges de manœuvre
Quelques initiatives d’achats groupés voient en effet le jour via le syndicalisme agricole, ou via des organismes comme Eilyps. En attendant une embellie, les éleveurs ont peu de marges de manœuvre. Décaler les horaires de traite pour profiter des heures creuses ? C’est au détriment des conditions de travail déjà difficiles. Investir dans un pré refroidisseur, un récupérateur de chaleur, une pompe à vide à débit variable ou des panneaux solaires thermiques pour la production d’eau chaude est intéressant, mais beaucoup d’éleveurs en sont déjà équipés. L’installation de panneaux photovoltaïques est aussi une solution à étudier, surtout en robot de traite où il est plus facile de faire concorder la production avec les besoins journaliers. Mais ce type de projet nécessite souvent un à deux ans de délai avant de voir le jour et fonctionner.
Tester le groupe électrogène
Autre sujet d’inquiétude : les coupures de courant en cas de pénuries sur le réseau. Rien n’indique que les éleveurs seront protégés si l’hiver est rigoureux. Une majorité d’exploitations dispose heureusement d’un groupe électrogène de secours. Encore faut-il qu’il fonctionne ! « Le nôtre n’a pas servi depuis au moins dix ans, car les coupures dues aux intempéries sont de plus en plus rares, ajoute notre éleveur de la Manche. Nous allons le ressortir du hangar pour le réviser et le tester afin d’être prêt au cas où. » Une précaution indispensable en effet, notamment si l’installation de traite a évolué ces dernières années.
Denis Lehé
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