
Plutôt qu’agrandir la fosse, Mathilde Dewever et Maxime Merlet ont installé un séparateur de phases. Les fractions solides et liquides sont analysées et épandues suivant les conseils d’un agronome.
« La structure de notre exploitation a évolué en 2017, quand nous sommes passés de cinq à seulement deux associés, se souvient Maxime Merlet, éleveur aux Herbiers en Vendée. Avec Mathilde, ma compagne et associée dans le Gaec, nous voulions réorganiser notre manière de travailler pour optimiser le temps et valoriser le potentiel de l’exploitation. Une évolution importante fut l’installation de trois rangées de logettes pour les 145 vaches laitières à la place de l’aire paillée. Dans le même temps, nous avons arrêté le pâturage. Mais en gardant les animaux à l’intérieur, la quantité de déjections augmentait et notre fosse à lisier de 2300 m3 devenait trop petite. C’est pour cette raison que nous avons opté pour la séparation de phases. »
L’idée leur a été exposée par Mathieu Limouzin, de la société Vertal. Cette entreprise fabrique et commercialise des biostimulants naturels destinés aux effluents, sols, végétaux et animaux. Elle conseille les exploitants en élevage et en agronomie.
Construction d’une préfosse
Le site se prêtait bien à l’installation du séparateur car la fosse d’origine était placée à une dizaine de mètres du bout de la stabulation. L’espace libre entre les deux a servi à créer une préfosse de 3 m de largeur par 16 m de longueur et 3,20 de profondeur. Les deux racleurs y déposent le lisier au rythme de trois passages par jour. Un malaxeur est placé au fond de la préfosse, avec une pompe qui envoie le lisier vers le séparateur de phases installé juste à côté. « C’est un modèle à vis de marque Renson, précise Maxime. Le vendeur nous a conseillé un mécanisme en Inox, car nous utilisons de la farine de paille dans les logettes et ce produit est apparemment assez agressif pour le matériel. Tout est automatique. L’ensemble se met en fonctionnement quand la préfosse est pleine, soit à peu près tous les trois jours, et le cycle dure trois heures. La phase solide tombe sur une plateforme de 80 m² sous le séparateur et le liquide est renvoyé dans la grande fosse. Nous avons placé le séparateur à 4 m de hauteur. Il faut une semaine environ pour que le tas en dessous arrive jusqu’à la passerelle où se situe l’installation. Je conseille de le monter le plus haut possible pour avoir une bonne capacité de stockage. L’idéal serait même d’avoir assez de place pour reculer une remorque en dessous et aller la vider en bout de champ dès qu’elle est pleine ».
Entre l’achat du matériel et la maçonnerie, l’installation a coûté près de 50 000 €. Un investissement important qui a évité au Gaec d’agrandir la fosse existante. Mais la séparation de phases offre aussi la possibilité de mieux valoriser les effluents.
« Je travaille à 10 t/ha, ma dose d’objectif »
Les fractions liquides et solides sont analysées par un laboratoire deux fois par an. Les chiffres montrent que la répartition des éléments fertilisants est à peu près équivalente entre le solide et le liquide.
À partir de ces résultats, l’exploitant établit sa stratégie de fertilisation avec l’aide de son conseiller agronomique de chez Vertal.
« J’épands la partie solide à plusieurs périodes de l’année : au printemps avant d’implanter le maïs, sur chaumes après la moisson, sur prairies etluzerne à l’automne, précise Maxime Merlet. Notre Cuma possède un épandeur équipé à l’arrière d’une table d’épandage. Cela permet de travailler à 10 tonnes par hectare, ma dose d’objectif, tout en étant précis. Je préfère épandre une petite quantité tous les ans plutôt qu’un gros apport seulement tous les deux ou trois ans. L’effet est plus régulier. De plus, la table d’épandage répartit le produit sur une largeur de 18 mètres. Donc, je ne perds pas de temps par rapport à du fumier étalé avec les hérissons qui ne projettent que sur une dizaine de mètres. L’épandeur est équipé d’une pesée et d’un système de débit proportionnel à l’avancement (DPA). Cela me garantit une répartition optimale », se réjouit Maxime.
La phase liquide est plus riche en azote minéral directement valorisable par la plante. L’exploitant en épand à l’automne avant d’implanter du ray-grass, ainsi que sur prairies ou luzerne. Il l’utilise aussi pour fertiliser des prairies au printemps entre deux fauches. Tous les épandages se font avec la tonne à lisier de 12 600 litres de l’exploitation, équipée d’une rampe à pendillards de 12 mètres de largeur.
« Grâce à la séparation de phases, les épandages sont bien plus simples qu’avant, estime Maxime Merlet. Contrairement à du fumier, la partie solide ne dégage pas d’odeurs. Ce produit est plus sec et beaucoup moins salissant. Vis-à-vis du voisinage, c’est un avantage. La phase liquide est également plus simple à travailler que du lisier. Je n’ai plus besoin de brasser la fosse. Le liquide passe bien dans la rampe à pendillards sans jamais créer de bouchons. Avec cette technique, nous avons des engrais de fermes bien typés et les analyses donnent leur composition. En travaillant ainsi, nous espérons satisfaire les besoins des sols en employant au mieux les ressources en effluents de l’exploitation. L’objectif est aussi d’acheter moins d’engrais minéraux à l’extérieur. »
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