« Nous avons choisi la litière malaxée pour le confort »

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Ces éleveurs ont conçu un bâtiment avec une structure très aérée pour accueillir un couchage à ­aire libre ­curé trois fois par an. Les premières impressions sont très positives.

Le 4 janvier dernier, le Gaec de l’Enclos inaugurait un nouveau bâtiment pour loger ses 190 vaches laitières, traites et taries. Les trois associés sortaient d’un bâtiment à logettes paillées (de type anciennes niches), peu fonctionnel et assez inconfortable pour les animaux avec, à la clé, de nombreuses boiteries. Pour leur nouvel investissement, ils avaient deux objectifs prioritaires : le confort des animaux et l’optimisation du temps de travail. Ils ont opté pour un système de couchage à aire libre avec litière malaxée. Il existe une dizaine d’installations de ce type en France, mais une visite les a convaincus : un sol souple, la liberté des animaux, peu de béton et un entretien de la litière peu chronophage.

25 cm de miscanthus broyé après chaque curage

Début janvier, plusieurs camions chargés de paille de miscanthus broyé sont arrivés pour installer 20 à 25 cm de litière sur une aire de couchage de 106 m de long et 11 m de large, soit environ 8 m2 par vache. Le miscanthus est un matériau absorbant pouvant être malaxé facilement. Il est disponible dans la région au prix de 110 €/t non livrée. La sciure de peuplier, disponible et moins chère (90 €/t livrée), est testée pour le couchage des taries mais n’a pas donné satisfaction sur la propreté des vaches en production. « L’objectif ici est de curer trois fois par an : début septembre, mi-décembre et début mars. L’apport complémentaire de miscanthus entre deux curages n’est pas prévu, sauf si la litière apparaît trop humide. Mais ce bâtiment a été conçu pour évacuer l’humidité le mieux possible », explique Guillaume Cailler, conseiller en bâtiment à la chambre d’agriculture.

L’orientation d’abord : la table d’alimentation est ouverte au sud-est car le vent d’est est plus sec et assure une bonne ventilation transversale. Cette orientation maximise aussi la luminosité matinale et favorise l’ombrage estival. La structure même du bâtiment est conçue pour un résultat aéré et lumineux. La toiture est en écaille, avec un décalage assez important pour évacuer l’air sans permettre les entrées d’eau. Côté ouest, toute l’aire de couchage est délimitée par une simple longrine en béton de 50 cm et un filet brise-vent amovible de 3 m de haut. L’entrée d’air est assurée même quand le filet est fermé. Un passement de toit protège de la pluie et du soleil selon les saisons. Aucun translucide n’a été posé sur la toiture pour éviter les effets de serre. L’été, pendant les fortes chaleurs, le bâtiment fait fonction de parasol.

Comme l’impose ce type de couchage, la litière est malaxée deux fois par jour à l’aide d’un cultivateur. Cela prend dix minutes maximum pendant que les vaches sont évacuées de l’aire de couchage par une barrière mobile pour la traite. L’accès leur est ainsi interdit pendant les deux traites journa­lières. Une troisième utilisation de la barrière poussante à 12 h 30 incite les vaches à se lever et à venir bouser dans l’aire d’exercice. Autre élément important dans ce type de bâtiment : la profondeur limitée de l’aire de couchage (11 m). Il faut que les vaches qui souhaitent s’alimenter arrivent assez vite dans l’aire d’exercice et gênent le moins possible celles qui restent couchées. Ce dimensionnement adapté de l’aire de couchage participe aussi à une bonne ventilation latérale et offre davantage de luminosité. L’aire d’exercice couverte, au sol en béton, est nettoyée par hydrocurage. Un choix des éleveurs pour obtenir une bonne qualité de nettoyage, même en été, avec un sol peu glissant. Trois chasses d’eau sont programmées dans la journée : 7 h, 12 h et 17 h. L’aire d’attente de la salle de traite qui peut accueillir les 160 vaches (12 m x 36 m) est elle aussi hydrocurée.

« Un investissement compétitif moins onéreux qu’une aire paillée »

Les éleveurs ont voulu optimiser le temps de travail en organisant le circuit des animaux. Deux portes de tri automatiques permettent d’isoler les vaches à partir des deux couloirs de retour de la salle de traite. L’une des deux cases de tri est en liaison avec le box de vêlage. Ce dernier communique avec l’espace des vaches taries qui, elles aussi, profitent d’une aire de couchage malaxée, mais fermée par un bardage en bois fixe. La surface offerte à ces taries (au maximum 13 m2 par animal) est suffisante pour leur assurer un confort optimum. Du côté des ­effluents, une préfosse de 500 m3 récupère la vague de lisier, puis une pompe l’envoie vers un séparateur de phase (de type tamis vibrant), puis vers une fumière et la fosse de 2 000 m3. Une autre pompe assure le remplissage du réservoir de l’hydrocurage (100 m3) situé à l’extrémité opposée du bâtiment. « Le budget canalisation a été important. Le coût total du projet pour un bâtiment d’une capacité de 190 vaches est de 4 191 €/place (800 000 €) en réutilisant la fosse et la fumière existantes. Sinon, il serait passé à 4 670 €. L’hydrocurage a eu un impact sur le coût, mais en tenant compte de l’annuité d’investissement et du coût de fonctionnement, on obtient un bâtiment assez compétitif, moins onéreux qu’une aire paillée raclée. Son point fort réside aussi dans le temps de travail et la pénibilité, surtout en comparaison d’un bâtiment à logettes », explique Guillaume Cailler. Les éleveurs du Gaec le confirment : au lieu de quatre heures par jour, ils ne comptent aujourd’hui qu’une heure et demie d’astreinte (hors traite).

Mais l’aspect sanitaire reste la grande question quand on aborde pour la première fois ces litières malaxées. Après six mois d’expérience, les éleveurs nous donnent leurs premiers retours : « Pour la propreté des mamelles­, c’est le jour et la nuit par rapport aux anciennes logettes. Cela permet d’aller deux fois plus vite en salle de traite. Les pieds aussi sont plus propres et nous constatons déjà une nette amélioration sur les boiteries. Mais le pareur passe régulièrement. Sur la qualité du lait, nous n’avons pas vu d’évolution sur le comptage cellulaire : l’élevage se situe en moyenne à 150 000 cellules et tous les voyants sont au vert pour les butyriques et les leucocytes. »

Dominique Grémy

© D. G. - Un bâtiment long. Plus de 100 m d’aire de couchage, mais une faible profondeur. Cela participe à la bonne ventilation et à la luminosité. À gauche, le réservoir de l’hydrocurage. D. G.

© d. g. - Hydrocurage. Trois vagues par jour sont déclenchées en hiver. Une pente de 1,5 % a été réalisée avec un volume important de la vague sur environ 120 m de long.d. g.

© d. g. - Décalage de toiture. La façade latérale sud-ouest, avec l’aire d’alimentation couverte à droite et, au premier plan, la préfosse qui reçoit la vague de l’hydrocurage.d. g.

© D. G. - Confort. C’est la grande qualité de ce bâtiment. Mais la litière malaxée doit rester sèche. Elle est curée et rechargée trois fois par an. Les éleveurs assurent le faire en une demi-journée. Au premier plan, la barrière mobile qui sert à pousser les vaches hors de l’aire de couchage.

© D. G. - Ventilation et confort maximum. À gauche, le filet brise-vent qui reste ouvert le plus souvent possible. À droite, le bâtiment est ouvert sur l’aire d’alimentation. L’ensemble est très aéré et lumineux. D. G.

© D. G. - Miscanthus broyé. Le matériau de litière doit être sec et absorbant, peu ou pas fermentescible, non agressif pour les animaux, assurer une bonne portance, facile à épandre et surtout à malaxer. Le miscanthus répond à ces critères. Plutôt que de l’acheter, les éleveurs envisagent de le cultiver sur 8 ha, même si le coût d’implantation est élevé (3 000 €/ha). D. G.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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