Le bouchardage des bétons, une vraie bonne solution

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Bouchardage en losange. L’impression se fait à l’aide d’un rouleau, par des mouvements de va-et-vient, sur un béton taloché ni trop frais ni trop sec pour des rainures bien marquées.
Bouchardage en losange. L’impression se fait à l’aide d’un rouleau, par des mouvements de va-et-vient, sur un béton taloché ni trop frais ni trop sec pour des rainures bien marquées. (©Sica des Coëvrons)

Le sol plein béton est la solution la plus courante. Des empreintes sur béton frais, réalisées par des professionnels au moment de la confection de la dalle, permettent de retarder de dix ans les actions correctives, comme le rainurage mécanique.

La Sica maçonnerie des Coëvrons possède plus de vingt ans d’expérience dans les sols en béton pour les bâtiments d’élevage, et notamment dans le bouchardage. Un savoir-faire qui assure une longévité aux sols et retarde leur rainurage mécanique, mais qui suppose des exigences dans leur confection. Dominique Guerault, gérant de la Sica, nous livre quelques éléments importants à respecter.

Le support de la dalle

La première précaution est d’assurer un support correct à la dalle, c’est-à-dire un empierrement bien tassé. Dans le cas contraire, le béton risque de se fissurer. « Le tassement au cylindre est effectué par les terrassiers, mais quand les maçons arrivent, ils fignolent les niveaux d’empierrement et repassent un rouleau compresseur pour s’assurer d’une stabilité parfaite du soubassement. » Après avoir placé les piquets de niveau, les cales à treillis sont indispensables pour que le treillis soit parfaitement enrobé dans le béton. « En été, je conseille de poser un film en polyane sur la pierre de façon à prévenir un dessèchement trop rapide du béton qui entraînerait des microfissures », ajoute Dominique Guerault.

Le choix du béton

Avant de commencer le chantier, le choix du béton est primordial. Il existe des normes correspondant aux propriétés spécifiques du béton en fonction des besoins de l’ouvrage. D’abord, la résistance à la compression, donc au poids des machines : en bâtiment agricole, Dominique conseille les normes C 30/37 ou C 35/45. Pour garantir la résistance aux attaques chimiques, les dalles d’un bâtiment d’élevage doivent répondre à la norme XA1 (environnement à faible agressivité) ou XA2 (agressivité modérée). Un sol de silo qui reçoit des fourrages acides se construit en XA3. Enfin, la consistance du béton à la livraison aura son importance pour le bouchardage. Le conseil de Dominique est de commander une classe de consistance S3 (plastique).

Réussir les pentes

D’après les enquêtes de l’Institut de l’élevage, plusieurs sols de stabulation pèchent par leur manque de pente (moins de 1 %) ou présentent des contrepentes préjudiciables à l’écoulement des liquides. L’idéal est aussi de réaliser deux pentes transversales de 2,5 % de façon à capter les jus dans une canalisation située au centre du couloir. Cette conception de l’aire d’exercice est-elle facilement réalisable pour le maçon ? « Réussir cette double pente transversale et longitudinale est certes plus compliqué, mais ce n’est pas impossible. D’après mon expérience, il faut impérativement poser un canal d’évacuation (type CRD) qui, par son diamètre suffisant, permettra de capter et d’évacuer les liquides. Une simple rainure réalisée avec un « carré » de 45 mm ne sera pas suffisante et le démoulage s’avère très délicat. Avec ce canal central se pose ensuite le problème du bouchardage au rouleau. Il faudrait imaginer une cale plus large au-dessus du tuyau de façon à ne pas créer une empreinte qui gêne l’écoulement », explique Dominique Guerault.

Le talochage manuel impératif

Quand le béton arrive sur le chantier, les maçons procèdent à la vibration des bordures, aux repères des niveaux, au tirage à la main, à la vibration à la règle, à la pose des joints de dilatation puis au talochage. « Avant un bouchardage, il faut procéder à un talochage à la main sur un béton qui n’est pas encore trop sec. Donc l’hélicoptère, qui impose de marcher sur le béton, est un outil qui ne peut pas être utilisé. Ce talochage a pour rôle de faire remonter en surface la laitance du béton, matière noble et résistante qui assurera la dureté du sol. Mais ce talochage manuel est assez pénible et oblige le maçon à se placer sur un bastaing au-dessus de la dalle. »

La technique du bouchardage

Arrive l’opération du bouchardage. Elle doit se faire sur un béton ni trop frais (le travail ne sera pas propre) ni trop sec (les rainures ne seront pas assez profondes). C’est là qu’intervient aussi le savoir-faire du maçon. Le bouchardage peut se réaliser en rainures parallèles avec une fourche droite. Mais le plus efficace, pour offrir à la vache de bons appuis, est de faire un bouchardage en losange qui présente des rainures en diagonale. La Sica des Coëvrons a mis au point un rouleau de 50 cm qui imprime un double losange de 25 cm (voir photos). Pour une meilleure finition, un très léger passage de taloche permet de raboter les petites imperfections laissées par le rouleau. « Les principales erreurs que je constate dans les sols en béton dans les élevages sont une épaisseur insuffisante de la dalle (pas moins de 13 cm pour une aire d’exercice), des niveaux mal faits qui conduisent à de mauvais écoulements et une finition aléatoire qui compromet la longévité du sol. Un béton correctement bouchardé doit tenir au moins dix ans avant qu’une réfection soit envisagée. Il évite aussi un rainurage trop précoce avant que le béton ait atteint sa résistance maximale, soit environ un an », précise Dominique Guerault.

Le bouchardage presque deux fois moins cher
Tâche réalisée Temps en min/m2 Coût € HT/m2 (1)
Rainurage sur béton frais Talochage manuel 2,90 (2) 1,45
Rainurage à la plaque ou au rouleau 1,45 0,72
Total 2,17
Rainuragemécanique Talochage mécanique 1,50 (3) 0,75
Rainurage à la rainureuse (4) - 3,40
Total - 4,15
(1) 30 €/h et toute la main-d’œuvre est valorisée, y compris celle de l’agriculteur. (2) Deux maçons pendant 1 h 20, soit 2 h 40 pour 55 m 2. (3) Deux passages de taloches et temps passé à talocher manuellement le long des murs. (4) Source : grille des coûts Pays de la Loire,

édition octobre 2013.

Source : Sica des Coëvrons

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,14 €/kg net +0,04
Vaches, charolaises, R= France 6,99 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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