Menu

Broyage des poussins mâlesInterdiction envisagée dans l'UE

Les ministres européens de l'agriculture se sont dits lundi prêts à envisager une interdiction dans l'UE du broyage routinier des poussins mâles dans la filière des poules pondeuses, sous réserve des résultats d'une étude d'impact de Bruxelles.

Paris et Berlin, qui bannissent déjà la pratique, plaident pour l'interdire à l'échelle de l'UE à l'occasion de la révision l'an prochain, par la Commission européenne, de la législation sur le bien-être animal. La mise à mort systématique des poussins mâles est prohibée depuis début 2022 en Allemagne, où ont été mises au point les machines permettant de déterminer le sexe des embryons dans l'œuf (ovosexage), et donc d'éliminer les mâles avant éclosion.

En France, premier producteur d'œufs en Europe, les couvoirs doivent s'équiper avant une interdiction effective du broyage des poussins mâles début 2023.« Nous sommes convaincus de l'intérêt d'intégrer cette interdiction dans les propositions législatives européennes attendues pour 2023, pour harmoniser les pratiques et répondre à la demande des consommateurs », a souligné le ministre français de l'agriculture Marc Fesneau devant ses homologues réunis au Luxembourg.

Une proposition saluée par une vingtaine de ministres ou représentants d'États membres, dont plusieurs se sont cependant interrogés sur le coût financier pour les éleveurs et disent attendre l'étude d'impact réclamée à la Commission.

Éviter des distorsions de concurrence 

« C'est un défi pour les entreprises qui subissent la pression des consommateurs (...) Mais l'interdiction doit se faire en se laissant guidés par l'étude d'impact », a souligné le ministre italien Stefano Patuanelli. « Il faut adopter le bon cadre, garantir des financements là où ils seront nécessaires, prendre en compte les besoins des entreprises », a renchéri son homologue grec Georgios Stylios.

La Hongrie réclame « un financement approprié, au niveau national comme européen » pour couvrir les frais des éleveurs, tandis que les Pays-Bas s'alarment de « potentiels effets négatifs », notamment le risque de voir la production migrer vers des pays hors UE.

Marc Fesneau, pour sa part, n'a pas écarté une augmentation du prix des œufs. « Ce coût (de l'engagement des éleveurs) doit être compensé d'abord au sein de la chaîne de valeur puisqu'il résulte souvent d'une demande des consommateurs », a-t-il observé. On estime qu'environ 300 millions de « frères » de poules sont tués chaque année dans l'UE, dont 50 millions sur le seul territoire français, car incapables de pondre des œufs.

En France, l'interprofession de l'œuf (CNPO) s'est dite début octobre « prête » pour la date-butoir du 1er janvier, au prix d'investissements massifs en machines et pour un coût évalué à 50 millions d'euros par an pour la filière. Elle réclame une interdiction européenne « pour éviter les distorsions de concurrence ».

Réagir à cet article