Steven et Fien Van Parys se sont installés en 2018 sur la ferme familiale située à Machelen, au sud-ouest de Gand dans les Flandres (Belgique). Ensemble, ils ont amplifié sa spécialisation dans l'élevage laitier en doublant le cheptel.
Après une première construction en 2018, ils viennent de mettre en service, la nouvelle et deuxième stabulation qui amène à 240 le nombre de vaches traites. La centaine de vaches supplémentaires est issue d'un troupeau complet tout droit venu d'Allemagne.
Une exploitation agricole typique des Flandres
La Belgique n'est pourtant pas un grand pays, mais son agriculture est bien différente entre la Flandre et la Wallonie. Les fermes flamandes sont plutôt intensives, sur de plus petites surfaces mais très productives :
Flandres | Wallonie | |
Taille moyenne des fermes | 26,9 ha | 58,2 ha |
Pour une ferme de 100 ha dans chaque région : | ||
Nombre de vaches laitières | 54,4 | 25,2 |
Nombre de vaches allaitantes | 23,3 | 30,9 |
Depuis 2012, la production laitière flamande ne cesse d'augmenter (+ 30 % en 10 ans) tandis que celle de la Wallonie (à un niveau bien plus bas) est plutôt dans une tendance stagnante. Aujourd'hui, la ferme Van Parys touche 550 €/1000 l de lait.
L'exploitation de Steven et Fien fait partie des grosses fermes mais elle s'insère complétement dans le paysage typique avec une surface de 100 ha seulement pour 240 laitières et la suite. Mais comme l'explique Steven : impossible de voir plus gros en termes d'hectares car le prix des terres est démentiel (100 000 €/ha). Heureusement, dans la région il y a beaucoup de « collaborations entre agriculteurs » comme il le cite, notamment par des échanges effluents/fourrage (ce qui permet aussi d'alléger la pression nitrate déjà importante à cause de la densité des troupeaux).
Se concentrer sur les vaches et se libérer du temps
Comme dans beaucoup d'exploitations du secteur, Fien et Steven misent sur la main d'œuvre familiale. Hormis la période chargée en plaine où ils embauchent des saisonniers, ils ne sont qu'à deux pour gérer le cheptel au quotidien.
« Pour être capable de tout faire, on a choisi d'automatiser au maximum les tâches répétitives et chronophages. Notre objectif est de gérer efficacement notre temps pour le passer dans ce qui compte le plus : les vaches. » Ils misent beaucoup sur les données collectées par les différents automates pour gérer le troupeau.
En plus de la nouvelle stabulation, les éleveurs ont aussi refait leur nurserie pour améliorer l'élevage des veaux. L'atelier génisses est délégué : elles partent à 5 mois dans une ferme spécialisée et reviennent à 22-23 mois pour un vêlage à 25 mois.
Des robots pour les tâches répétitives
Les deux stabulations sont équipées de deux robots de traite GEA. Les bâtiments ont été conçus avec un circuit de circulation forcé via des barrières anti-retour. « De cette façon, les vaches passent en moyenne 1h debout après la traite, explique Steven. D'une part, ça assure un certain calme dans le bâtiment, mais ça permet aussi d'avoir moins de mammites et d'inflammations en général. »
Avec les robots, nous ne sommes pas bloqués à heures fixes pour la traite ou encore l'alimentation.Ici dans les Flandres, les caillebotis sont interdits : la majeure partie des sols des stabulations doit être pleine pour réduire les émissions d'ammoniac. Les deux étables sont donc raclées plusieurs fois par jour de façon automatique. Le lisier est ensuite intégré à l'unité de micro méthanisation du site.
Les éleveurs ont opté pour le paillage automatique des logettes. Ils sont actuellement en train d'installer un séparateur de phase pour le digestat et la partie solide servira de paillage.
Un tapis convoyeur pour la ration
La plus grosse automatisation de l'élevage concerne l'alimentation : c'est le poste sur lequel les éleveurs estiment gagner le plus de temps (et qui a permis de faire grimper la production). La particularité c'est qu'ils n'ont pas opté pour un robot d'alimentation "traditionnel" comme on peut en voir ailleurs. En effet, la ration est distribuée par un tapis qui se déplace au-dessus de l'auge.
Concrètement, comment ça marche ?
- L'éleveur alimente 5 containers "stockeurs" (maïs, herbe, pulpe, drèche, maïs épi). Les concentrés sont stockés dans des cellules indépendantes (à noter, l'élevage consomme 1 920 kg de concentrés/VL/an),
- Ces aliments convergent vers le bol mélangeur en poste fixe,
- Une fois le programme terminé, le bol s'ouvre et la ration mélangée monte sur les tapis pour être emmenée vers les tables d'alimentation des deux bâtiments.
C'est Steven, très intéressé par la technologie et l'ingénierie, qui a imaginé ce système : « Le mélange des ingrédients se fait comme avec n'importe quel robot, c'est la distribution qui est différente. Le tapis, placé en hauteur, converge tout vers la table d'alimentation qui a pu être totalement réduite puisqu'il n'y a pas de couloir de distribution. L'aménagement nous a couté environ 80 000 € mais ce surcoût est largement compensé car nous avons réduit la taille des bâtiments lors de la construction. » Autre avantage : les éleveurs n'ont pas à repousser la ration puisque l'auge est centrale et que les vaches y accèdent des deux côtés.
Le système distribue huit fois par jour et permet aux éleveurs de gérer les animaux par lot : la ration n'est pas la même d'un bâtiment à l'autre. Le coût alimentaire est de 270 €/1000 l.
Trois millions d'euros d'investissement
Depuis 2018, le couple a investi 3 millions d'euros pour le cheptel laitier, « un peu plus même avec l'aménagement pour les veaux », confient-ils. Dedans, il y a notamment les constructions de bâtiment, les robots, les aménagement, l'achat des vaches, etc.
Ils espèrent rentabiliser cela sur 10 ans. « On est partis sur 15 ans à la banque, mais on espère faire tout tourner à 100 % très rapidement et produire un maximum de lait. » Il leur reste encore quelques aménagements à faire comme la construction de nouveaux silos pour l'ensilage de maïs et l'herbe, mais chaque chose en son temps...