Les apports d’énergie et de protéines alimentaires aux vaches laitières constituent un des principaux leviers de modulation de la production et de la composition du lait à court terme.
![]() « Quel que soit le rang de vêlage de la vache, les rations pauvres en protéines par rapport à l’énergie ont donné les plus faibles niveaux de concentrations en urée ; et les plus riches ont donné les niveaux d’urée les plus élevés. » (© Terre-net Média) |
L’Inra, en partenariat avec l’Institut de l’élevage et Agrocampus Ouest a donc mené un essai. Objectifs : construire une loi de réponse de la production et de la composition du lait à des variations conjointes d’énergie et de protéines ; déterminer si cette réponse dépend de la parité et du potentiel de production des vaches « et mesurer les conséquences de ces réponses sur le rendement d’utilisation de l’azote ».
Neuf traitements alimentaires
Pour cela, 9 traitements alimentaires, définis par leurs apports en énergie et en protéines, ont été appliqués à 48 vaches réparties en 4 lots les plus homogènes possibles (primi ou multipares × hautes ou moyennes productrices).
Un traitement alimentaire de référence a été calculé pour couvrir les besoins prévus de chaque groupe et appliqué à chaque vache. Les huit autres traitements correspondaient à des apports fixes d’énergie et de protéines en plus ou en moins par rapport au traitement de référence. Ces écarts allaient de -2,49 à +2,49 Ufl et de -271 à +271 g de Pdie.
Les formulations ont été réalisées à partir d’ensilage de maïs, de luzerne déshydratée, de concentré énergétique (pois et triticale), de tourteau de colza et de colza tanné et de minéraux.
Les mesures quotidiennes ont porté sur les quantités d’aliments et de refus, la valeur nutritive des aliments, la production laitière, les taux (TP, TB), le poids des vaches.
Le TB n’est pas affecté
Les résultats indiquent une influence des traitements alimentaires sur la production laitière, les matières grasses et le TP. « Seul le TB n’a pas été affecté », poursuivait Laure Brun-Lafleur.
De plus, les observations montrent que le traitement a interagi avec la parité et le niveau de production : l’amplitude de réponse de la production laitière aux variations d’apports alimentaires a été plus forte pour les fortes productrices ; de même, l’amplitude de réponse du TP a été plus forte pour les primipares par rapport aux multipares.
« Les effets des variations d’apports d’énergie et de protéines sur la production laitières, les matières protéiques et le TP n’ont pas été additifs : pour un même niveau d’apport énergétique, l’augmentation de l’apport protéique a entrainé une augmentation des matières grasses et protéiques, du TP et de la production laitière », détaillait la spécialiste de l’Inra.
Ainsi, plus le niveau d’apport énergétique était élevé, plus le niveau de matières protéiques, du TP et de la production laitière l’était également. Des niveaux d’apports faibles n’ont par contre pas entraîné d’augmentation de production.
À l’inverse, les variations d’apports d’énergie et de protéines n’ont pas influé sur le TB.
Elaboration de lois de réponse
Ces cinétiques d’évolution ont permis d’établir des « lois de réponse » :
- Le bilan énergétique augmente avec les apports énergétiques ;
- Le bilan énergétique baisse quand les apports protéiques augmentent ;
- Le bilan protéique augmente avec les apports protéique ;
- Le bilan protéique baisse quand les apports énergétiques augmentent, si les niveaux d’apports protéiques sont élevés.
La relation entre la production laitière et le rendement d’utilisation de l’azote a également été précisée. Ainsi, l’essai montre que pour les six rations avec des rapports protéine/énergie faibles ou moyens, le rendement d’utilisation de l’azote alimentaire pour la synthèse des protéines du lait a été à peu près constant.
À l’inverse, pour des rations riches en protéines par rapport à l’énergie, ce rendement moyen d’utilisation a diminué.
Quel que soit le rang de vêlage de la vache, les rations pauvres en protéines par rapport à l’énergie ont donné les plus faibles niveaux de concentrations en urée ; et les plus riches ont donné les niveaux d’urée les plus élevés.
Pour aller plus loin : www.inst-elevage.asso.fr.

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