Claquette-chaussette…pantoufle

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À la maison, au chaud (mais pas trop), connecté, mais sans se soucier des autres, voilà la tendance de l’hiver 2022-2023. Pas certain d’être à la mode, les éleveurs…

La claquette-chaussette style vacancier, hier si ringarde­, est, à force de dérision, devenue tendance chez les jeunes. Une autre tenue fait son apparition : la chaussette-pantoufle. Pour des raisons écologiques, économiques, « covidiques », grèves « pompistiques », le mot d’ordre actuel est : « Restez à la maison et ne vous déplacez plus. » La tendance est donc cocooning, pull à col roulé (Le Maire, 19 °C), jogging, chaussettes, pantoufles. Exit, pour cause de pollution, les voyages au bout du monde, on explore notre planète via des vidéos. Mais on apprend avec horreur que les data centers pollueraient plus que les voyages en avion. Que faire ?

P. Bruckner, essayiste, écrit dans son livre Le Sacre de la pantoufle :« Nous vivons une grande rétractation. La peur de la Covid a entraîné […] le triomphe de la peur et la jouissance paradoxale de la liberté entravée. Les forces du rabougrissement ont acquis un pouvoir stratégique. La montée des périls divers nous pousse au repli, à la désertion des espaces publiques et des agoras (1) et instille un mode de vie casanier. Regarder les catastrophes depuis notre salon met une barrière protectrice et nous incite à la passivité. »

J.-C. Kaufmann, sociologue, a écrit dans Petite philosophie de la chaussette :« Même à la maison nous sommes paradoxalement exposés à l’espionnage par nos différents objets connectés. Il existerait des chaussettes qui détectent l’endormissement du porteur, lové dans son canapé, et mettent l’écran en veille. »

Faire le plein de sens à la maison, à défaut de faire le plein d’essence : une philosophie pacifique, puisque l’homme passe trop facilement de l’état de nature à l’état de voiture. Il devient alors un conducteur stressé, vociférant et au majeur tendu vers le ciel. Quand tout va bien, on est ensemble, mais au moindre grain de sable, on redevient individualiste. Le droit au travail devient un droit où chacun décide quand, comment et à quel prix il participe à l’économie laborieuse de la nation. « La démocratie permet la liberté mais elle dépérit du mauvais usage de la liberté qu’elle permet, expose R. Enthoven. Plus on profite du droit de jouir sans effort, plus ce droit est menacé de disparaître. »

Et l’agriculture dans tout cela, me diras-tu ? Alors que c’est l’un des secteurs les plus connectés, d’après les spécialistes, la notion de télétravail est très aléatoire, nous vivons souvent sur notre lieu de travail. La notion de pantoufles, elle, nous est « abs-traite » (et pas que des vaches). On perçoit pourtant une lassitude de ne pas voir arriver une juste rémunération. Les jeunes aspirent à des installations où l’on conjuguerait sens du métier, rémunération, vie de famille et développement personnel. La disparition rapide des éleveurs doit nous alerter sur la nécessité de nous unir afin de peser dans les négociations avec les transformateurs et les GMS.

M. Frisch écrit : « Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles. » Si cet hiver est aussi froid que l’été fut chaud, tu as intérêt à acheter des bonnes chaussettes à fourrer dans tes bottes.

Pascal Pommereul

(1) Grande place publique.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,23 €/kg net +0,09
Vaches, charolaises, R= France 7,06 €/kg net +0,07
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo

Le marché Spot est en plein doute

Lait Spot

La dégradation de la conjoncture menace le prix du lait

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