À Contamine-sur-Arve, un alpage école pour former au pastoralisme

À1 600 m d’altitude au-dessus de Thônes (Haute-Savoie), dans le massif des Aravis, le nouvel alpage du lycée agricole de Contamine-sur- Arve dispose d’une soixantaine d’hectares dont 35 en herbe, le reste en landes et forêt. Il est valorisé de juin à septembre par une quarantaine de vaches de race abondance. Le reste de l’année, les laitières sont dans la vallée, sur l’exploitation du lycée.

Autrefois situé près de Morzine-Avoriaz, l’alpage école du lycée a dû être déménagé sur la commune de Serraval. Pour les responsables du lycée, conserver un site pédagogique d’altitude était une évidence dans cette région montagneuse où il faut faire face au manque de surfaces dans les vallées et où l’alpage est essentiel à l’équilibre fourrager et économique des exploitations. La rénovation des équipements a été permise grâce aux soutiens financiers de la communauté de communes des Vallées de Thônes, propriétaire de l’alpage, du conseil départemental et du conseil régional (1,2 million € d’aides). Il est dirigé par un consortium qui associe les compétences de plusieurs établissements publics et privés : la fromagerie est ainsi gérée en partenariat avec l’Enilv (École nationale des industries du lait et des viandes) de la Roche-sur-Foron.

À Sulens, le chalet permet d’accueillir les animaux (36 places et six griffes de traite), et la fabrication du fromage. La totalité du lait produit en altitude est en effet transformée sur place en abondance AOP et tomme fermière. Doté d’un petit dortoir pour les apprenants (une douzaine), le chalet dispose d’une salle de réunion et d’une cuisine collective. Il abrite aussi le logement des encadrants : un berger, un fromager et une ingénieure chargée du développement de projets scientifiques. Outre des élèves du lycée de Contamine-sur-Arve issus des sections PA (production animale) et transformation (bac pro 1^re et 2^e année la semaine, BTS le week-end), l’alpage accueille des jeunes des MFR ⁽¹⁾ (forêt et tourisme), de l’Iseta ⁽²⁾, du centre d’élevage de Poisy et de la Motte-Servolex (formation de bergers).

Un centre d’innovation face au changement climatique

Cette année, « l’emmontagnée » s’est faite le 4 juin. Le quotidien est bien rythmé avec la traite très tôt le matin, la transformation du lait après le petit-déjeuner, la confection et l’entretien des parcs, les soins aux animaux, la seconde traite l’après-midi. Les séjours dans l’alpage contribuent à l’éducation citoyenne des jeunes. Les règles de vie qui s’imposent en matière de consommation d’eau, de gestion des déchets, les sensibilisent à l’enjeu des ressources naturelles. L’alpage fait aussi naître des vocations en donnant une idée beaucoup plus positive du travail de berger que les a priori couramment véhiculés : un métier solitaire, dur et mal payé… Le site est ouvert au public pour des visites et la vente à la ferme. Situé sur un espace naturel sensible et développé dans le cadre d’un projet multipartenarial, l’alpage a vocation à être un lieu d’innovation agroécologique, forestière et environnementale, ainsi qu’un site de référence pour tester des solutions techniques et agronomiques dans le contexte du changement climatique en montagne. Ce printemps 2022, des travaux de récupération, de stockage et de traitement de l’eau ont été réalisés. La source qui approvisionne le chalet n’avait pas une capacité et une qualité suffisantes pour les 36 vaches pendant quatre-vingt-dix jours. En bas, dans la vallée de l’Arve, une réflexion a été lancée autour de la construction d’un nouveau bâtiment de vaches laitières sur le site même du lycée à Contamine.

(1) Maisons familiales rurales.

(2) Institut des sciences de l’environnement et des territoires d’Annecy.