Mammites : un programme ambitieux tourné vers des solutions naturelles

C’est un projet de recherche d’une grande ampleur qui a été présenté en octobre dernier au Gaec de la Baratte, en Mayenne. Il associe Biodevas Laboratoires – une PME sarthoise spécialisée dans les solutions d’extraits de plante –, l’Inrae et Sodiaal, première coopérative laitière française. Baptisé Néolac, le projet vise à développer des solutions innovantes, naturelles et préventives afin de lutter contre les infections mammaires. Principaux objectifs : réduire l’usage d’intrants chimiques et surtout d’antibiotiques, et offrir aux éleveurs des solutions économiques pour lutter contre ces pathologies, qui coûtent à un élevage plus de 7 000 € par an en moyenne. Mais avant de les mettre­ sur le marché, Néolac doit surtout apporter une validité scientifique à ces alternatives dites « naturelles », ce qui manque cruellement aujourd’hui. D’où la portée du programme, qui s’étendra sur quatre ans et voit ces trois partenaires mobiliser un budget de 2,5 millions d’euros.

Quatre axes de recherche ont été définis : la santé de la mamelle au tarissement (mammites cliniques), les infections de la période péripartum (métrites et mam­mites) ; la santé de la mamelle en lactation (mammites cliniques et subcliniques) ; enfin, la qualité du lait et des produits transformés (composition, nutrition-santé, organoleptie), où Sodiaal jouera tout son rôle. La caution scientifique viendra évidemment de l’Inrae, qui mobilise trois unités mixtes de recherche (UMR) ainsi que sa ferme expérimentale comptant 45 vaches, près de Rennes­. Il s’agira, entre autres, de comprendre en quoi des solutions nutritionnelles à base de plantes peuvent influencer la réponse immunitaire de l’animal. Quel est, par exemple, le rôle des antioxydants, contenus dans les extraits de plantes, dans l’intégrité du tissu mammaire face à certains pathogènes ?

Plus de 7 000 vaches, pour une importante puissance statistique

L’ambition du projet se traduit aussi par la mobilisation de 100 exploitations laitières du Grand Ouest (adhérents Sodiaal), qui participent à un essai terrain de grande ampleur. Il permettra de valider l’efficacité de ces solutions en situation réelle, en s’appuyant sur une importante puissance statistique (plus de 7 000 vaches). L’année 1 du protocole, qui a débuté en 2021, s’intéresse d’abord à la mamelle en lactation. Objectif : gérer son inflammation face aux pathogènes et évaluer la stimulation du système immunitaire. Cela permettra de juger de l’efficacité de la solution phytogénique sur la réduction des mammites, du taux cellulaire, et l’éventuel gain économique. Les éleveurs impliqués dans cette première phase expérimentale n’ont qu’à ajouter dans la ration de base les 10 g de solution/vache/jour, sans changer autrement leurs pratiques.