
Depuis trois ans, c’est le vétérinaire qui insémine et qui suit la reproduction chez Sébastien Roudaut, éleveur dans le Finistère. Les performances se sont nettement améliorées. La surveillance 45 à 50 jours après le vêlage profite à la fécondité.
Il est 8 h 30, le jeudi 21 juillet. Sébastien Roudaut, éleveur à Plouvorn, dans le Finistère, a bloqué ses vaches aux cornadis. Son vétérinaire Frédéric Arzur prépare son matériel. Auparavant, il a imprimé la liste des vaches qu’il souhaite voir. Sébastien se tient devant l’auge afin de repérer les animaux. Et c’est parti ! Fouille, échographie, Frédéric les examine une par une. Sur la liste, il a pris soin de noter les informations essentielles : date du vêlage, motif de l’examen (diagnostic de gestation, post-partum, anoestrus), pathologies enregistrées depuis le vêlage, production laitière. « Via le logiciel VetElevage, j’ai accès à une base de données, BDI-Vet, qui contient toutes les informations nécessaires aux inventaires : dates de naissance, de réforme, etc. C’est très précis », explique le vétérinaire.
Depuis trois ans, il se rend une fois par mois sur l’élevage pour renouveler cette surveillance dans le cadre du suivi de fécondité auquel l’éleveur a souscrit. « L’observation concerne les vaches dans les 20 à 50 jours après le vêlage. Elles sont échographiées à partir de 31 jours après l’IA et examinées si aucune chaleur n’a été observée 45 jours après le vêlage, » précise Frédéric Arzur.
« Savoir tôt que les vaches et les génisses sont pleines me rend plus serein »
« Ce suivi prend environ une heure et demie à chaque fois mais au moins, je suis tranquille. Je sais quelles vaches sont pleines. Je comprends mieux pourquoi certaines ne sont pas vues en chaleurs », explique Sébastien Roudaut. Ce gain de sérénité tient aussi au fait que pour chaque vache vide, une action est préconisée par le vétérinaire. « J’ai gagné deux mois sur l’intervalle entre vêlages depuis que je fais ce suivi, c’est très important. »
Auparavant, l’élevage s’appuyait sur les services d’Évolution (devenu Innoval) pour l’achat des doses, les inséminations, les échographies et les plans d’accouplements. « Les visites étaient trop espacées, Ils manquaient de réactivité pour inséminer, les performances de reproduction n’étaient pas bonnes, et ils n’ont pas fait d’effort quand j’ai signalé mon mécontentement », raconte l’éleveur. Il s’est renseigné sur le suivi global proposé par le cabinet vétérinaire Kerzouvet avec lequel il travaillait déjà, et l’a adopté. Dans la foulée, il a également confié les inséminations à son praticien.
La visite mensuelle permet de repérer les vaches vides et celles qui ne sont pas inséminées à 45 jours. En fonction du diagnostic (kyste, anoestrus, suboestrus), des mesures ciblées sont mises en œuvre. Il peut s’agir d’une cure d’oligo-éléments, de vitamines ou d’un traitement. Les follicules observés ont 40 jours et reflètent ce qui s’est passé sur l’élevage dans les trois derniers mois. « Je conseille d’inséminer à partir de 50 jours après le vêlage. Le follicule présent à ce moment-là n’a pas subi les conséquences d’un éventuel déficit énergétique », explique Frédéric Arzur. Lorsqu’une vache est pleine, il vérifie que la taille de l’embryon est cohérente avec la date d’insémination. Ceci permet de fixer la date du tarissement. L’échographie montre l’aspect du liquide amniotique et les battements du cœur dès 30-35 jours, ce qui confirme la viabilité de l’embryon. Elle peut aussi révéler la présence de jumeaux, une information importante à connaître à l’approche du vêlage.
Pour les vaches non vues en chaleurs, il s’agit de déterminer s’il s’agit d’un anoestrus ou d’une faible expression des chaleurs. « Les anoestrus vrais sont rares. Si on observe un corps jaune et un follicule de plus de 10 mm de diamètre, on peut écarter cette hypothèse. » Chez Sébastien Roudaut, il arrive régulièrement que des vaches cyclées ne soient pas vues en chaleurs. Pourtant, il a pris l’option de la mesure d’activité sur son robot de traite. Il est clair que certaines expriment peu. Sur l’une d’entre elles, le vétérinaire observe des glaires. Elle est en chaleurs.
Vérifier que les fraîches vêlées sont propres et cyclées
Sur les vaches fraîches vêlées, la fouille vise à vérifier l’absence de métrite, l’avancée de l’involution utérine, l’état et le volume des ovaires. Elle permet aussi de détecter la présence de kystes, une information à garder en tête pour la suite, même si dans la plupart des cas, ils se résorbent spontanément.
« Les métrites représentent la première cause d’infertilité, rappelle Frédéric. D’où l’intérêt de les repérer et de les soigner au plus vite. C’est en surveillant les vaches à 45-50 jours après le vêlage qu’on se donne le plus de chance d’améliorer la fécondité. » Le vétérinaire vérifie aussi les gestations des génisses. L’éleveur peut ensuite les conduire dans des pâtures plus lointaines.
Mais cette visite va plus loin que le repérage des vaches vides. Le cabinet vétérinaire Kerzouvet compte quatre vétérinaires intervenant dans les élevages et chacun suit ses propres clients. « Au bout de trois à quatre mois de suivi, on commence à bien connaître l’élevage, constate Frédéric Arzur. On y vient régulièrement, pour les inséminations ou les autres soins éventuels. » Cette connaissance permet d’observer les évolutions.
Quand toutes les vaches se trouvent alignées au cornadis, il peut par exemple repérer si elles ont maigri. En un coup d’œil, il note l’état des bouses, les postures des vaches et donc les qualités des aplombs. La propreté des queues renseigne sur les risques en termes de qualité du lait. Tout en réalisant l’examen de chacune, le vétérinaire observe le niveau de remplissage du rumen. Ces informations peuvent déboucher sur la préconisation d’une séance de parage, ou d’une réévaluation de la ration.
Il discute également avec l’éleveur et apprend ainsi les évolutions concernant l’élevage : changement de silo, surcharge de travail induisant une baisse de la surveillance, etc. Sur sa feuille, l’éleveur note toutes les observations réalisées par Frédéric Arzur. Et il profite de la visite pour signaler d’autres problèmes éventuels, une vache en petite forme, par exemple, qui guérira plus vite si elle est soignée rapidement. « Je le fais aussi quand il vient inséminer, c’est-à-dire au moins une fois par semaine. Ça évite de laisser traîner des incidents bénins qui pourraient s’aggraver. »
Des pistes d’action ciblées
L’observation des vaches terminée, l’éleveur les libère rapidement pour que la fréquentation du robot ne soit pas pénalisée. Les deux hommes se retrouvent au bureau pour faire le point. Sébastien enregistre tout dans l’ordinateur et sur son planning mural. « C’est un outil précieux, il me permet de voir en un coup d’œil la situation de chaque vache. »
Aujourd’hui, sur les onze laitières échographiées, deux sont vides. « L’examen a montré qu’elles sont correctement cyclées, explique Frédéric Arzur. La fouille peut contribuer à stimuler la venue en chaleurs. Je prescris des oligo-éléments afin de favoriser leur expression. » L’éleveur va les surveiller de près, et elles devraient être inséminées dans les prochains jours.
La vache qui présente des glaires va recevoir un produit stimulant l’ovulation le soir même. L’insémination est programmée pour le lendemain matin. « Même sur les chaleurs douteuses, je préfère inséminer, éventuellement avec une dose limousine qui a plus de chance d’accrocher, justifie le vétérinaire. Sinon, on perd un mois. »
Sébastien Roudaut ne regrette pas d’avoir opté pour le service global avec son vétérinaire. Il a fait ses comptes : il paie un forfait de 395 €/mois pour 65 vaches, ce qui inclut les visites, les déplacements, les soins, la chirurgie, le bilan sanitaire annuel, le plan parasitisme, le suivi fécondité, les inséminations et un appui technique. Restent à régler les médicaments, les paillettes et les éventuels suppléments pendant les heures de garde. Il bénéficie d’une remise de 10 % sur les produits, hors antibiotiques. « Ça ne me coûte pas plus cher qu’avant, et j’ai gagné 70 jours sur l’IVV. Et j’apprécie beaucoup le regard fréquent du vétérinaire sur l’ensemble du troupeau. » Il est généralement admis qu’au-delà de 400 jours, un jour d’IVV supplémentaire coûte au minimum 2 €/VL/j.
« J’ai beaucoup moins de vaches à problèmes »
L’amélioration des performances devrait donc se répercuter sur les résultats économiques. Pour l’éleveur, le quotidien a changé. « C’est le jour et la nuit. J’ai nettement moins de vaches qui ont des problèmes. Je peux me concentrer sur elles. Je ne vois pas les autres. »
Depuis qu’il a adopté le service pour les inséminations, toutes ont été réalisées rapidement. Il envoie un texto et le vétérinaire se déplace, y compris les dimanches et jours fériés. Il apprécie aussi le plan d’accouplement réalisé par Bovec, « au cul des vaches ». Innoval ne se déplaçait pas pour le faire.
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