« Le point de départ d’une lactation réussie »

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Denis Olivier rappelle les points clés de la technique d’acidification : un hachage fin de la paille et un dosage précis de l’acidifiant contrôlé par les mesures de pH urinaire.

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Après l’installation de deux robots de traite en juillet 2019, Denis Olivier, en Gaec avec son frère Bruno, a adopté la pratique d’acidification de la ration des vaches en préparation au vêlage sur les conseils de son nutritionniste (Jean-Louis Hérin). « Avant l’installation des robots, sans aucune préparation au vêlage, le troupeau stagnait à 28-29 litres de lait. Difficile dans ces conditions de viser la performance, explique l’éleveur. La réorganisation de la stabulation autour des robots a permis de créer quatre box en aire paillée spécifiquement dédiés aux vaches taries. Notre objectif : maximiser le lait produit pour diluer le montant des charges. Un an après la mise en place de cette technique, nous avons clairement passé un cap en matière de santé, mais aussi de performances en début de lactation. »

« J’ajuste le dosage en fonction des mesures de pH urinaire »

Initialement, Denis évoque un troupeau très touché par des problèmes de rétentions placentaires, affectant jusqu’à 30 à 40 % des vaches, avec les complications qui suivent de type métrites. De plus, la mise en route des robots a laissé place à l’apparition de quelques fièvres de lait qui n’existaient pas auparavant. Dans un premier temps, accompagné par son nutritionniste et son vétérinaire, Denis va donc mettre en place une phase de préparation au vêlage de trois semaines, au cours de laquelle il intègre à la ration du chlorure de calcium (100 g) et du chlorure de magnésium (100 g) afin de réduire très fortement la Baca. « À des doses élevées, ces solutions inappétentes n’ont pas apporté les résultats attendus. Mais cela est peut-être aussi à mettre en lien avec l’eau d’abreuvement de l’exploitation, riche en fer et manganèse, ce qui bloque l’assimilation des minéraux. » Il teste alors l’Animate (Phibro), une semoulette acidifiante formulée avec de la mélasse et du gluten de maïs pour renforcer son appétence.

Après une phase d’ajustement nécessaire, le dosage quotidien est désormais calé entre 450 et 500 g/vache/jour, soit un coût évalué à 1€/vache/jour (2300 €/t). « J’ajuste le dosage en fonction des résultats de pH urinaire, situés idéalement entre 5,5 et 6. Cela dépend de la valeur Baca des fourrages, c’est pourquoi il ne faut pas hésiter à renforcer les contrôles dès que l’on change de silo ou d’ingrédient. » Ici, la composition de la ration n’a pas changé depuis deux ans et les mesures de pH urinaire sont faites tous les quinze jours. Grâce à une complémentation adaptée en calcium, Denis ne s’alarme pas des pH qui descendent parfois jusqu’à 5 avec 500 g d’Animate. Pendant les trois semaines qui précèdent le vêlage, la ration comprend 3 kg de paille de blé, 16 kg d’ensilage de maïs (42 % MS), 3,8 kg de tourteau de colza, 450 g d’Animate, 100 g de minéral vaches laitières (6/18/10) et un complément de 180 g de carbonate de calcium, soit 13,5 kg de MS à disposition à 0,81 UFL, 14,5 % de MAT, une Baca théorique de -112 meq/kg de MS et un apport de 130 g de calcium.

« La consommation de la ration doit être la plus homogène et régulière possible »

En cas de doute, les analyses de calcium sanguin réalisées avec le vétérinaire (lire encadré) quatre jours après vêlage valident la pertinence de ces dosages. « La consommation de la ration par les vaches doit être la plus homogène et régulière possible, sinon ce travail ne sert à rien. C’est pourquoi le hachage de la paille est un point clé de la réussite. Il permet de limiter le tri à l’auge, mais aussi d’augmenter l’ingestion, contribuant ainsi au bon développement du rumen en vue de la lactation à venir. » Dans la pratique, la paille est hachée une fois par semaine en brins de 3 à 4 cm à la mélangeuse pendant trente minutes, puis stockée à plat. Associée à l’Animate et aux minéraux, elle constitue un prémix renouvelé quotidiennement et mélangé manuellement à une ration de base distribuée tous les deux jours. « Au début, un hachage insuffisant et irrégulier se traduisait par des pH trop hétérogènes. Aujourd’hui, les cas de non-délivrances concernent moins de 10 % des vêlages et il n’y a pas eu une seule fièvre de lait depuis plus de un an et demi. Le changement le plus marquant est le tonus des vaches qui vêlent plus facilement et se relèvent sans attendre pour aller manger et boire. Cette vitalité est transmise aux veaux qui boivent au seau sans difficulté et semblent plus résistants : depuis que l’acidification est en place, je n’en ai plus piqué un seul pour des problèmes de toux. »

« L’IVV est passé de 420 à 385 jours »

Sur le volet métabolique, l’efficacité de la préparation au vêlage sur le niveau d’ingestion en début de lactation est confirmée par les mesures de corps cétoniques effectuées avec le vétérinaire systématiquement dans les quinze jours suivant la mise-bas. Le propylène n’est utilisé qu’au cas par cas et de façon curative. « Investir dans la préparation au vêlage représente un coût, mais les résultats sont là : un démarrage en lait et une reprise d’état corporel plus rapide. L’IVV est ainsi passé de 420 jours à 385 jours. Avec des vêlages étalés, cela permet de maintenir toute l’année un mois moyen de lactation compris entre 5 et 5,5 mois de nature à bien valoriser la ration de base. » Le troupeau affiche cet hiver une moyenne de 31,5 litres par jour, avec un coût alimentaire de 112 €/1000 l en ration non OGM. L’éleveur se fixe un objectif de 35 litres, à travers des pistes de progrès identifiées : ventilation dynamique du lot des vaches taries, traitement de l’eau et réglages des logettes des vaches laitières. « La traite robotisée a changé ma vision du métier. Elle a permis de libérer du temps et de gagner en technicité pour approfondir le suivi du troupeau. »

Jérôme Pezon

© C.F. - pAstuce. Pour faire uriner la vache rapidement, une astuce consiste à la masser sous la vulve (vidéo sur le site de L’Éleveur laitier). « Cela ne fonctionne pas à tous les coups, mais les mesures réalisées sur un lot de 8 à 20 animaux sont le baromètre du bon dosage de la solution acidifiante. »C.F.

© Cedric FAIMALI/GFA - qPapier pH. L’objectif est un pH idéalement situé entre 5,5 et 6.Cedric FAIMALI/GFA

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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